Diminution des nouveaux cas de Covid-19
Depuis début juillet, les autorités ont informé d’une baisse du nombre d’infections quotidiennes du Covid-19. Cependant, les autorités appellent les égyptiens à maintenir les mesures de précaution sanitaire afin d’éviter une seconde vague.
Suite à ce déclin, plusieurs hôpitaux ont repris leurs activités normales, rouvrant aux patients, notamment certains qui avaient été désignés comme « hôpitaux d’isolation ».
Par ailleurs, depuis la fin juillet les cafés et restaurants ferment à minuit au lieu de 22h et sont désormais autorisés à accueillir jusqu’à 50% de leurs capacités. Les jardins publics devraient rouvrir après les fêtes de l’aïd al-Adha, début août.
Les élections sénatoriales
Un nouveau Sénat
Ces élections sont inédites puisqu’elles concernent le nouveau Sénat – la Chambre haute du Parlement – créé en vertu des amendements constitutionnels de 2019.
En effet, la Chambre haute du Parlement, précédemment appelée « Conseil de la Choura », avait été dissoute en 2012 après la chute de Moubarak. D’abord maintenue dans la Constitution de 2013, elle avait finalement disparu dans la Constitution de 2014. Le Parlement alors unicaméral était composé uniquement de la Chambre des représentants.
Le nouveau Sénat sera formé de 300 représentants pour un mandat de 5 ans, dont un tiers sera élu par un système à liste fermées composées de candidats des partis et de candidats indépendants, un second tiers sera élu par un système de scrutin uninominal par district, et un dernier tiers sera nommé directement par le Président de la République. Au moins 10 % des sièges seront attribués à des femmes. Le Sénat est amené à intervenir dans le processus législatif en examinant et en évaluant les lois en collaboration avec la Chambre des représentants. D’après Bahaaeddin Abu Shoqa, le Chef de la commission des affaires législatives et constitutionnelles du Parlement, le Sénat devra notamment donner son avis sur les propositions d’amendements à la Constitution, le plan quinquennal de développement socio-économique du pays, les traités de paix et les alliances, les accords de sécurité nationale et les projets de loi soumis par le Président ou la Chambre des représentants.
Organisation des élections
L’inscription des candidats s’est déroulée entre les 11 et 18 juillet. Les élections débuteront les 9 et 10 août pour les égyptiens de l’étranger, et se dérouleront les 11 et 12 août en Égypte. L’annonce des résultats du premier tour est prévue pour le 19 août, tandis qu’un second tour sera organisé les 8 et 9 septembre, dont les résultats finaux seront annoncés le 16 septembre. 787 candidatures ont été acceptées par l’Autorité Électorale Nationale.
Le Parti de l’avenir de la nation (Hezb Mostaqbal Watan), qui détient la majorité à la Chambre des représentants, a présenté le plus grand nombre de candidats pour les élections à scrutin uninominal : 95 de ses membres se disputeront les 100 sièges individuels. Mostaqbal Watan est donc le premier parti politique à présenter des candidats pour les sièges individuels, suivi par le parti Wafd, avec seulement 20 candidats. Vingt-quatre partis politiques présentent des candidats à titre individuel.
Concernant le système à liste fermée, il n’existe qu’une seule liste pour ces élections, après que deux autres listes de coalition (Ittihad et Longue vie à l’Égypte) aient été rejetées par l’Autorité Électorale Nationale au motif que les documents requis n’avaient pas été soumis.
Établie après de difficiles négociations par le Parti Mostaqbal Watan, qui y présente 59 candidats, la liste « Pour l’Égypte » comprend les candidats de onze partis, à l’exclusion notamment du Parti Ghad et du Parti des Égyptiens libres de Naguib Sawiris. La compétition pour les 100 sièges des listes de partis se déroulera dans quatre circonscriptions : le Caire et le Delta central (35 sièges), le Delta de l’Est (15 sièges), Alexandrie et le Delta de l’Ouest (15 sièges), et le Nord, le Centre et le Sud de la Haute Égypte (35 sièges).
Il est donc attendu que les candidats du Parti Mostaqbal Watan dominent largement les sièges du Sénat.
Les élections de la Chambre des représentants auront lieu quant à elles en novembre. Le processus électoral de cette chambre a également été modifié par un amendement voté par les députés en juin dernier, qui prévoit que l’élection des députés se déroule de deux manières : 284 membres seront désigné via le scrutin uninominale par district, tandis que les 284 autres membres seront élus via le système de listes fermées. Le nombre de députés élus à la Chambre sera donc de 568, au lieu de 540, conformément à l’article 102 de la constitution égyptienne amendée en 2019.
Le système à liste fermée – qui s’applique donc aux élection des deux chambres – a été critiqué par un certain nombre de députés qui auraient préféré un système proportionnel afin d’éviter le risque d’une domination d’un parti sur les autres.
Officiers et élections
Des amendements concernant le Conseil de sécurité nationale, le rôle des forces armées dans la vie publique et dans l’éducation, et l’imposition de conseillers militaires dans chaque gouvernorat ont été votés par la Chambre des représentants début juillet.
Parmi ces derniers, un amendement empêche désormais les officiers actifs ou retraités de se présenter aux élections – présidentielles, parlementaires ou municipales – sans l’accord préalable du Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA). La loi originelle qui régit les conditions de service et de promotion des officiers de l’armée (loi 232/1959), interdisait uniquement aux officiers de l’armée d’exercer toute activité politique telles qu’adhérer à des partis, organisations ou rassemblements politiques ou de déclarer publiquement leurs opinions politiques. L’amendement stipule que les officiers peuvent faire appel de la décision du CSFA devant un comité judiciaire militaire dans un délai de 30 jours, dont le verdict sera final.
Dans les médias
Remaniement parmi les responsables des institutions médiatiques nationales
Un remaniement a été effectué parmi les dirigeants des différentes institutions en charge des médias, à la suite d’un décret présidentiel paru fin juin. Les nouveaux responsables ont prêté serment devant le Parlement début juillet. Ainsi, Karam Gabr, auparavant à la tête de l’Autorité Nationale de la Presse (ANP), s’est vu attribuer la présidence du puissant Conseil Suprême de régulation des médias (CSRM) à la suite de Makram Mohamed Ahmed. Abdel-Sadek El-Shorbagy succède à Karam Gabr à la présidence de l’ANP, tandis que Hussein Zein est maintenu à son poste de Président de l’Autorité Nationale des Médias. Ces trois mandats ont un terme de quatre ans.
Nouvelle procédure de demande de licence pour les médias
Le CSRM a demandé aux médias de déposer leur demande de licence avant la mi-août, conformément à la loi n° 180 sur la régulation de la presse et des médias votée en 2018. En effet, en mai dernier le SMRC avait décidé que toutes les institutions médiatiques, les sites d’information, les journaux ainsi que certaines pages sur les réseaux sociaux devrait redéposer une demande en vue de l’obtention d’une licence – déjà effectuée en 2018 – après que le règlement exécutif de la loi de 2018 ait été publié en février 2020. Karam Gabr a par ailleurs précisé qu’une réponse unanime de tous les membres du Conseil du SMRC serait désormais nécessaire pour délivrer une licence à un média. Ces changements du cadre légal régulant les médias peuvent mener à des abus comme l’a montré l’arrestation de l’éditrice en chef du site d’information Al-Manassa Nora Yonis en juin dernier.
Par ailleurs, le SMRC a annoncé l’organisation d’un stage de formation sur la couverture des élections sénatoriales, auquel participera 90 journalistes.
Tiktok, agressions sexuelles et « valeurs familiales »
Un « me too » égyptien ?
Plusieurs révélations et témoignages d’agressions sexuelles sur les réseaux sociaux ont secoué l’Égypte durant le mois de juillet. Ahmed Bassem Zaki, un jeune homme de 22 ans accusé par plus de 80 femmes d’agressions sexuelles ou de harcèlement sur la page Instagram « AssaultPolice » a été arrêté par les autorités.
D’autres accusations ou témoignages d’agressions ou de harcèlement – notamment sur les lieux de travail – ont été publiées sur la toile les semaines suivantes.
Des controverses ont émergé sur l’habillement des femmes comme facteur favorisant le harcèlement ou les agressions sexuelles. Les acteurs religieux ont été amenés à se positionner sur la question. Dar el Iftaa a affirmé que lier le crime de harcèlement lié au type de vêtements était une justification pour les esprits malades. Al Azhar a également publié dans son magazine officiel que l’institution soutenait les femmes victimes d’agressions sexuelles et les encourageait à porter plainte.
Un projet de loi proposé par le ministère de la justice a été approuvé par le gouvernement concernant la protection de l’identité des victimes d’agressions sexuelles, notamment afin de les protéger d’un risque de stigmatisation.
«If the Egyptian family allows it»
Alors que le Conseil national des femmes a appelé les femmes à porter plainte contre leurs agresseurs, les autorités ont mené une campagne d’arrestation contre une dizaine d’influenceuses après qu’elles aient posté des vidéos sur le réseau social « Tiktok ». L’une d’entre elle, Menna Abdel Aziz, qui avait témoigné dans une vidéo publiée en mai dernier avoir été violée, a été mise en détention par les autorités avant de se voir ordonner de suivre un programme de réhabilitation, accusée « d’utilisation abusive des médias sociaux, d’incitation à la débauche et de violation des valeurs familiales égyptiennes ». Cette expression, ouverte à des interprétations variées, apparait dans la loi contre la cybercriminalité ratifiée par le Président al-Sissi en août 2018. Deux autres jeunes femmes, Haneen Hossam et Mowada al-Adham, ont été condamnées à deux ans de prisons après avoir été accusées d’avoir violé les dites « valeurs familiales » . Une troisième femme, Manar Samy, a été condamnée à trois ans de prison pour « incitation à la débauche ».
Le hashtag « si la famille égyptienne l’autorise» est apparu sur les réseaux sociaux dans une campagne appelant à la libération des jeunes femmes, et dénonçant cette accusation de plus en plus répandue dans les cas visant une utilisation jugée immorale des réseaux sociaux. En effet, ces arrestations font partie d’une vague plus large visant les personnalités influentes sur les réseaux sociaux, mis en accusations pour immoralité.