RDV du CEDEJ #2 : ” Les États arabes au miroir de leur formation ” par Eberhard Kienle
Lundi 17 février, à 18h00
Résumé :
Contrairement à une idée largement répandue, il n’existe pas d’ « État arabe », du moins pas au singulier, qui pourrait incarner les nombreuses entités politiques du présent et du passé. Comme l’a démontré une riche littérature universitaire, les États des pays arabophones ne sont pas identiques, et leurs formes et caractéristiques se retrouvent ailleurs dans le monde. Les différences reflètent largement l’histoire des États en question, plus précisément leur formation historique – l’Égypte et la Tunisie sont des entités politiques anciennes qui remontent au XIXe voire au XVIIIe siècle, tandis que la Syrie et l’Irak sont nés plus récemment, à la fin de la Grande Guerre. Leurs modes de fonctionnement diffèrent, ainsi que la légitimité qu’ils ont pu acquérir aux yeux de leurs ressortissants. Leurs capacités à formuler et à mettre en œuvre des politiques publiques sont également différentes. Les premiers existent plus aisément en-dehors de leur régime politique, tandis que les seconds se disloquent plus facilement lorsque celui-ci est remis en cause. Pourtant, même les seconds font parfois preuve d’une résilience inattendue qui questionne les lieux communs proférés à propos des “États défaillants”.
Biographie :
Eberhard Kienle est directeur de recherche au CNRS et enseigne à SciencesPo Paris. Avant de rejoindre le CERI il était directeur de l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM) à Aix-en-Provence, Programme Officer au bureau de la Fondation Ford pour le Moyen-Orient au Caire et directeur de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) à Beyrouth. Ses travaux portent sur la sociologie politique, l’économie politique et les relations internationales des pays du Moyen-Orient, notamment de l’Egypte et du Croissant Fertile. Il s’intéresse aux politiques économiques et sociales, les effets politiques des réformes économiques, et les transformations des Etats, y compris leur dislocation souvent qualifiée de ‘défaillance de l’Etat’. Il est l’auteur de Ba’th versus Ba’th: The conflict between Syria and Iraq, 1968-1989 (London, I.B. Tauris, 1990) et A Grand Delusion: Democracy and Economic Reform in Egypt (London, I.B. Tauris, 2001); avec Nadine Sika il a dirigé l’ouvrage collectif The Arab Uprisings: Transforming and Challenging State Power (London, I.B.Tauris, 2015).