Regards croisés sur les expériences contestataires alexandrines (1940-2015)
par Youssef El Chazli et Mélanie Henry
Résumé :
Que partagent les « révolutionnaires » depuis les années 1940 ? Comment fait-on de la politique en dehors de la capitale ? Comment se vit la contestation en dehors des formes les plus évidentes d’engagement ? Comment peut-on questionner les objets du passé avec les outils du présent et historiciser les objets du présent ? En quoi la ville d’Alexandrie constitue-t-elle un outil heuristique ?
Mélanie Henry s’est penchée, dans sa recherche doctorale, sur les façons de vivre et de transmettre l’expérience révolutionnaire en Égypte à partir des insurrections de 1946 et de 1977 à Alexandrie. Conduit à partir d’une enquête orale auprès de militants alexandrins, des sources littéraires, judiciaires et de presse, ce travail s’est structuré autour des problèmes de l’anachronisme et du caractère ineffable du moment révolutionnaire pour l’histoire. Il expose un certain nombre de notions, d’institutions et d’expériences collectives au travers desquels se sont forgés, dans la seconde moitié du XXe siècle, l’idée du changement social et les moyens par lesquels des personnes ordinaires peuvent y participer.
Youssef El Chazli a, de son côté, consacré sa thèse au militantisme à Alexandrie au tournant du siècle et jusqu’en 2011. Pour comprendre l’avènement de la crise de 2011, il propose une sociologie historique du surgissement révolutionnaire, autrement dit, de restituer les transformations culturelles, économiques et sociales qui rendent possible cette émergence. L’analyse localisée et décentrée par rapport à la capitale permet ce faisant de mettre en lumière les dynamiques spécifiques de cette ville ainsi que les tendances plus lourdes qui touchent également le reste du pays.
Dans une perspective de travail commun qui proposerait une histoire sociale des expériences contestataires des années 1940 à nos jours, cet atelier visera à discuter ces approches de manière croisée et de restituer les cheminements ayant amené les auteur.e.s à formuler leurs objets de recherche et à élaborer des stratégies de vérification empiriques idoines.
Biographies :
Alexandrin, Youssef El Chazli est titulaire d’un doctorat en science politique des universités Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Lausanne. Chercheur associé au CEDEJ depuis 2016, il a dirigé un numéro de la revue Égypte/Monde arabe consacré à Alexandrie.
Mélanie Henry, docteure en histoire d’Aix-Marseille Université (2018) et spécialisée en histoire contemporaine du monde arabe, travaille sur l’histoire sensible du moment révolutionnaire à partir de l’Égypte et de l’Algérie.
Tous deux sont actuellement chercheur.e.s postdoctorant.e.s au CNRS (CHS Paris 1 Panthéon Sorbonne) dans l’ERC-DREAM (Drafting and Enacting the revolutions in the Arab Mediterranean, 1950-2011).