Eau
Reprise du dialogue autour du Grand barrage éthiopien de la Renaissance
Le président égyptien, son homologue soudanais et le Premier ministre éthiopien se sont réunis à l’occasion du 30e sommet de l’Union africaine, tenu à Addis Abeba fin janvier (cf. revue de presse – politique, janvier/février 2018). Cette rencontre marque la reprise du dialogue entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte autour de la construction du Grand barrage éthiopien de la Renaissance. Le projet, qui devrait permettre à l’Éthiopie de doubler sa production énergétique, constitue un point de dispute depuis 2011. Les négociations avaient été interrompues en novembre 2017, suite au refus éthiopien d’associer la Banque mondiale à la concertation et à l’évaluation des risques de pénuries d’eau que le barrage fait peser sur le Soudan et l’Égypte.
Le ministre égyptien de l’Irrigation et des ressources en eau, Mohammed Abdel Ati, a déclaré que les trois pays planifiaient de se réunir de nouveau prochainement afin d’évaluer les études scientifiques concernant les conséquences de la construction du barrage sur le niveau du Nil. L’Égypte avait auparavant refusé de considérer certaines évaluations et projections jugées non authentiques. Un fond commun entre les trois pays pouvant financer des projets d’infrastructure autour de l’eau doit également être mis en place.
On observe par ailleurs un changement radical dans le discours public des responsables politiques égyptiens, qui ne semblent plus craindre les conséquences néfastes du barrage et affichent au contraire leur optimisme concernant le futur de la coopération tripartite.
Énergie
L’Égypte rencontrant des difficultés majeures à produire suffisamment d’énergie pour sa population croissante, plusieurs projets d’énergie verte ont été annoncés par le gouvernement.
D’abord, la construction d‘une centrale hydraulique est planifiée le long de la mer Rouge. Ce projet financé par une compagnie chinoise est le premier du genre au Moyen-Orient.
Parallèlement, la volonté de mettre en place de vastes champs solaires au sud d’Assouan à l’horizon 2020 a été réaffirmée. Le gouvernement égyptien avait annoncé en octobre 2017 la construction des plus importants champs d’énergie solaire en Afrique, afin d’exploiter le potentiel énergétique du pays. Afin de financer ce projet, dont les coûts atteignent environ quatre milliards de dollars, le gouvernement cherche des investisseurs étrangers, faute de moyens nationaux.
Gaz
Le président Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré, mi-janvier, le nouveau champ gazier d’al-Zohr, dans la Méditerranée, un mois après le début de la production. Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises que ce projet, d’une durée de vie attendue d’environ vingt ans, aiderait considérablement à conduire l’Égypte à l’indépendance énergétique en comblant les besoins de sa population croissante.
Le pays importe actuellement du gaz, notamment de la Russie, son principal fournisseur. Les ambitions du gouvernement d’atteindre l’autonomie énergétique d’ici un an, et de commencer l’exportation du gaz d’ici cinq ans ne semblent pas réalistes. Selon le média indépendant Mada Masr, la production a été surestimée et les termes du partenariat avec la compagnie italienne ENI ayant découvert le site n’ont pas encore été explicités.
Parallèlement, l’Égypte a entamé les discussions sur un contrat d’importation de gaz avec Chypre. Depuis l’accord sur les frontières maritimes en 2013, les rapports entre les deux pays (ainsi que la Grèce) se sont développés, rendant possible un rapprochement économique. Le gaz brut importé de l’île devrait être converti en gaz liquéfié dans les deux centrales de Damiette et Idku, sur la côte méditerranéenne.
La Turquie a réagi de façon agressive à ces évolutions en retenant des bateaux de la compagnie ENI en route vers le champ d’al-Zohr, et en menaçant l’Égypte et Chypre de conséquences directes en cas de maintien des accords. Le gouvernement turc conteste en effet les frontières maritimes et la souveraineté des zones où se font l’exploration et bientôt la production de gaz.
Par ailleurs, la compagnie israélienne Derek Drilling a annoncé la signature d’un accord d’exportation de gaz naturel (d’un montant de 15 milliards de dollars) sur dix ans avec la compagnie égyptienne Dolphinus Holding. L’Égypte deviendrait ainsi le second acheteur de gaz israélien après la Jordanie, seul importateur depuis 2016. En raison de l’insécurité prédominante dans la péninsule du Sinaï, le gaz devrait être transporté vers les centrales de conversion égyptiennes, localisés sur la côte méditerranéenne, par des pipelines sous-marins. Ainsi l’Égypte pourra utiliser le gaz pour ses propres besoins ou le réexporter sous forme convertie en cas d’autosuffisance, et devenir ainsi un partenaire stratégique pour l’Europe. Le pays apparaît en effet en passe de devenir un nouveau centre énergétique régional.
Agriculture
Ouverture de la première ferme biologique gouvernementale
Egypt Independent a annoncé, fin janvier, l’inauguration par le président Al-Sissi d’une ferme biologique gouvernementale dans le gouvernorat de la mer Rouge. La ferme de Wadi al-Quaih produit une large variété de fruits et de légumes de qualité et à bas prix, en renonçant à l’utilisation d’engrais chimiques. Le développement d’un élevage de moutons et de chèvres est aussi prévu et doit permettre de réduire durablement le prix de la viande.
Lancement d’un projet agricole égypto-érythréen
Le gouvernement égyptien a annoncé le lancement d’un vaste projet agricole commun avec l’Érythrée. Il s’agit de renforcer les liens entre les deux pays en augmentant la productivité des récoltes érythréennes grâce aux technologies agricoles égyptiennes. Nombre de projets de coopération analogues ont été mis en place par l’Égypte au cours des années passées en Afrique, notamment en Tanzanie, au Mali et au Niger.
Écologie
Le président égyptien Al-Sissi a inauguré en février l’ouverture de 1 300 serres écologiques dans le gouvernorat de Marsa Matrouh. Le projet prévoit la construction de 100 000 serres, qui consomment moins d’eau en la faisant circuler plusieurs fois.
Ces initiatives dites écologiques s’inscrivent dans une volonté affichée du gouvernement égyptien de préserver davantage les ressources du pays. Les gouvernorats du Caire et de Giza ont ainsi mis en place un système d’amendes afin de réduire le gaspillage ainsi que la pollution des rues par les déchets. Le lancement de nouvelles campagnes de sensibilisation aux enjeux de l’écologie est prévu dans des écoles, des mosquées et des centres de jeunesse.