Une nouvelle loi d’assurance sociale adoptée par le Parlement
Une nouvelle loi d’assurance sociale a été adoptée par le Parlement le 18 décembre 2017. Celle-ci doit permettre d’améliorer le niveau de santé en Égypte en élargissant la couverture sociale et la prise en charge des soins offerts aux populations.
Le système d’assurance sociale actuel couvre près de 60 % de la population – essentiellement des fonctionnaires, des étudiants et des retraités. Le nouveau système vise à étendre cette couverture à l’ensemble de la population, en rendant obligatoire la souscription à l’assurance maladie. Le gouvernement prendra en charge le paiement de l’adhésion à cette assurance pour les plus défavorisés.
La mise en place du nouveau système d’assurance sociale doit commencer le 30 juin et s’achever en 2032. Il sera d’abord mis en place dans les gouvernorats de Port Saïd, Suez, Ismailia, Sinaï-Nord, Sinaï-Sud et Alexandrie, puis dans un deuxième temps dans les gouvernorats de Fayoum, Beni Suef, Assiout, Miniya, Sohag, Qena, Luxor, Assouan, la Nouvelle Vallée et la Mer rouge. Enfin, la dernière phase s’attaquera aux gouvernorats les plus peuplés (Le Caire, Giza, Kafr Al-Sheikh et Damiette). Le ministère de la Santé et de la Population estime le coût total de l’opération à 600 milliards de LE (27,7 milliards d’euros environ).
D’ores et déjà, la loi prévoit une augmentation des cotisations salariales – qui sera fonction de la structure du foyer familial –, afin de générer les recettes nécessaires au futur système assurantiel. L’article 40 prévoit également le développement de nouvelles recettes (environ 3 milliards de LE), avec l’augmentation de la taxe sur les cigarettes, des frais relatifs aux actes notariaux et des licences automobiles.
Cette réforme soulève de nombreux débats au sein du secteur sanitaire et social : si l’élargissement de la couverture sociale est généralement perçu comme une nécessité, nombre d’acteurs craignent que le nouveau système favorise la privatisation des services de santé et la hausse des coûts pour les usagers. D’autres s’inquiètent que certains pans de la population restent exclus du nouveau système, notamment les travailleurs du secteur dit informel.
Remaniement : deux nouvelles femmes font leur entrée dans le gouvernement
Suite au remaniement ministériel du 14 janvier, deux femmes ont été chargées des portefeuilles de la Culture et du Tourisme. Le gouvernement compte désormais six ministères dirigés par des femmes (sur 39 portefeuilles) : Culture, Tourisme, Solidarités, Investissements et Coopération internationale, Le Plan et l’Immigration.
La nouvelle ministre de la Culture, Inès Abdel-Dayem, est une musicienne internationalement reconnue, recompensée en 2001 par le Prix d’État pour les Arts. Elle avait été écartée de la direction de l’Opéra du Caire suite à l’élection du président Morsi en 2013. Rania al-Mashat, au Tourisme, a quant à elle été conseillère au Fonds Monétaire International (FMI) et vice-Gouverneure de la Banque Centrale d’Égypte.
Ces nominations ont été présentées par le président Al-Sissi comme emblématiques des efforts menés afin de donner une plus grande place aux femmes dans le champ politique égyptien. Pour rappel, le Conseil National pour les Femmes, organisme paraétatique présidé par Maya Morsi, avait présenté, en mai dernier, « the 2030 Egyptian Women Empowerment Strategy » visant notamment à réduire les inégalités de sexe en matière d’éducation, d’accès au marché du travail et aux postes à responsabilités. Actuellement, la Chambre des représentants compte 15 % de femmes et la fonction publique civile environ 5 %.
Le football égyptien à l’honneur
Mohamed Salah, joueur du club anglais FC Liverpool et membre de la sélection nationale égyptienne, a été désigné Ballon d’or africain 2017, lors d’une cérémonie organisée à Accra (Ghana). Véritable star dans le pays, en particulier depuis la qualification de l’Égypte à la phase finale de la Coupe du monde 2018, il est le premier Égyptien à remporter ce titre depuis Mahmoud al-Khatib, en 1983. Si le sacre de l’attaquant et meilleur buteur du FC Liverpool depuis le début de saison a été largement salué sur les réseaux sociaux, les Pharaons (surnom de la sélection nationale égyptienne) ont été désignés quant à eux de « meilleure équipe du continent africain ».
Les Coptes fêtent Noël sous haute tension
Le 7 janvier, une grande messe a été organisée dans la cathédrale de la Nativité dans la « nouvelle capitale » (à environ 40 kilomètres du Caire) en présence du Pape Tawadros II et du président Al-Sissi. Ce dernier a rappelé à cette occasion son attachement à la communauté copte et affirmé que « rien ne [pouvait] diviser les Égyptiens ». Plusieurs religieux de l’université Al-Azhar ont également encouragé les musulmans à partager l’esprit de Noël.
La communauté copte, qui représenterait environ 10% de la population égyptienne, a été la cible de nombreuses attaques meurtrières depuis 2016. Les plus récentes, le 29 décembre, ont visé l’Église Mar Mina à Helwan, dans la banlieue sud du Caire. L’attentat, qui a fait 9 morts, a été revendiqué par le groupe « État Islamique ».
L’incitation à la débauche comme outil juridique
La chanteuse Shyma a été condamnée à deux ans de prison et 10 000 LE (460 euros) pour incitation à la débauche. La peine a été ramenée à un an de prison en appel. Cette condamnation fait suite à la diffusion d’un clip musical jugé trop suggestif (Revue de Presse, Société, Décembre 2017) et pour lequel la chanteuse avait présenté ses excuses.
Dans ce contexte, le feuilleton télévisé « Sabie Gar » (« septième voisin ») se trouve aujourd’hui au cœur d’une polémique, restreinte pour l’instant aux réseaux sociaux. La série, qui connaît un succès important (près de 9 millions de téléspectateurs), se voit reprocher de banaliser les relations sexuelles hors mariage, la consommation d’alcool, voire l’usage du cannabis.
L’incitation à la débauche est répréhensible selon l’article 269 du code pénal.
Découvertes archéologiques importantes près de Louxor
Le ministre des Antiquités, Khaled Al-Anani, a annoncé d’importantes découvertes dans la nécropole de Draa Aboul Naga à Louxor, dont la dépouille d’une momie « enveloppée dans un tissu de lin ». Cette dépouille, qui pourrait être celle d’un « haut responsable », reposait dans l’une des deux tombes (Nouvel Empire) mises à jour dans les années 1990 par l’archéologue allemande Frederc Kampp.
D’autre part, le ministère a annoncé la découverte d’une collection de 27 statues de la déesse Sekhmet près des Colosses de Memnon à Louxor. Depuis le début de la mission de recherche en 1998, 287 statues de la déesse à tête de lionne, qui personnifie la puissance destructrice du soleil, ont été découvertes.
Les plus
- La FIFA (Fédération internationale de Football Association) a annoncé l’éventualité d’une suspension de la Fédération d’Egypte de Football après que celle-ci ait organisé le 21 janvier une conférence en faveur d’Abdel Fatah al-Sissi à l’occasion de la course présidentielle. La FIFA, qui a suspendu le Koweït à deux reprises pour des raisons similaires, a rappelé l’importance du principe d’indépendance politique des fédérations nationales.
- Le président du comité religieux du Parlement, Amr Amroush, a annoncé sa volonté de pénaliser l’athéisme, initiative qui a reçu le soutien de l’université Al-Azhar. Si l’athéisme n’est pas pénalisé en tant que tel aujourd’hui, il est réprimé au titre de blasphème ou de diffamation contre la religion en s’appuyant sur l’article 98 du Code pénal. Le 24 décembre dernier, le Tribunal des affaires familiales du Caire a ainsi retiré la garde de deux enfants à leur mère en raison de son athéisme prétendu.
- Ibrahim Nafie, président du Syndicat des journalistes, s’est éteint à l’âge de 83 ans des suites d’une longue maladie. Diplômé de droit, il avait commencé sa carrière en tant que journaliste avant d’intégrer les équipes du quotidien Al Ahram, puis devenir directeur de la Fondation Al Ahram. Réputé proche du pouvoir sous le régime de Moubarak, il avait décidé de s’installer à Dubaï après l’élection de Mohammed Morsi.
- Le colosse de Ramsès II, découvert en 1820, a été transféré au Grand Musée du Caire. La statue de 32 mètres désormais entreposée dans l’Atrium, accueillera les futurs visiteurs du musée dont l’ouverture est prévue pour la mi-2018. Le déplacement de la statue (32 mètres de haut, 83 tonnes) datant de 3200 ans a mobilisé plusieurs centaines d’ouvriers. Pour rappel, Ramsès II a régné sur l’Égypte entre 1279 et 1213 avant Jésus-Christ et sa momie est l’une des principales pièces du Musée national du Caire.
Pierre-Edouard Grandsire