Ralentissement de l’inflation et hausse continue des réserves de change
Le gouvernement a annoncé une croissance du PIB de 5,2% au cours du premier trimestre de l’année fiscale 2017-2018 (contre 3,4% lors du premier trimestre de l’exercice précédent). Il prévoit une hausse de 5 à 5,25% sur l’ensemble de l’année fiscale 2017-2018.
L’inflation a ralenti entre octobre et novembre 2017, l’inflation sous-jacente passant de 30,5 à 25,5 %. L’inflation, que la Banque Centrale Égyptienne (BCE) et le gouvernement ne parviennent pas à juguler depuis un an (l’inflation globale sur une année depuis novembre 2016 est de 25,9 %), est le corollaire de l’octroi du prêt du FMI dans le cadre du « mécanisme élargi de crédit » ouvert en novembre 2016. Conditionné à la libéralisation du taux de change, qui a provoqué une dépréciation importante de la livre égyptienne (LE), ce prêt comprenait l’introduction de la TVA et la réduction de diverses subventions à la consommation, considérées comme des « pratiques non concurrentielles ». Un ralentissement similaire de l’inflation avait été observé en juin 2017, avant que la tendance ne s’inverse. Celui-ci sera-t-il durable ? C’est ce que veut croire la BCE qui juge le rythme suffisant pour atteindre son objectif d’une inflation de 13% d’ici la fin de l’année fiscale en juin 2018, et qui a donc décidé de ne pas changer son taux d’intérêt directeur, fixé à 19,7%.
La liquidité en devises s’est considérablement accrue, cet objectif affiché lors de l’obtention du prêt du FMI a ainsi été atteint.
Les réserves de change continuent leur croissance historique passant à 36 723 milliards de USD en novembre 2017. Et ce, malgré le remboursement de l’ordre de 2 milliards de USD en novembre du prêt octroyé par la African Export Import Bank, ainsi que le remboursement de 200 millions de USD de la tranche finale du prêt alloué par la Turquie en 2012.
La BCE va prolonger d’importants emprunts en devises étrangères, aussi bien avec des États qu’avec un consortium de banques internationales.
Baisse du déficit courant et hausse de l’excédent du compte de capital et financier
Conséquence de la hausse des revenus issus des rentes traditionnelles (tourisme, canal de Suez, transferts de la diaspora) et d’une balance commerciale de moins en moins négative, le déficit courant a été réduit à 1,6 milliard lors du premier semestre de la nouvelle année fiscale (au lieu de 4,8 milliards de USD au premier trimestre de l’année fiscale 2016-2017).
Fruit de l’attractivité en hausse des titres financiers égyptiens, l’excédent du compte de capital et financier s’est accru de 5,1 milliards de USD durant le premier trimestre.
La BCE a abrogé les plafonds de dépôts et retraits en devises étrangères pour les importateurs de biens non essentiels, signe d’un accroissement de liquidités en USD au sein des banques égyptiennes.
Assainissement de la dette et des dépenses publiques
Le gouvernement continue à réduire sa dette envers des compagnies pétrolières étrangères. Elle n’est plus que de 2,3 milliards de USD depuis juin 2017. Il a annoncé le règlement de 750 millions de USD d’arriérés d’ici la fin 2017. Le remboursement intégral de cette dette est prévu pour juin 2019.
Le gouvernement a procédé à une augmentation de la TVA sur les ventes de tabac, de 12,5 à 21,7%, et il projette une nouvelle levée des subventions au carburant à partir de l’été 2018. Outre les économies réalisées en dépenses publiques, l’objectif à moyen terme (5-10 ans) est la levée définitive de ce type de subventions, à l’exception de certaines zones géographiques et des groupes sociaux les plus nécessiteux.
D’après le ministre du Pétrole, l’Égypte devrait cesser d’importer du gaz naturel liquéfié (GNL) d’Algérie, de Russie et de France notamment d’ici 2019, grâce à l’exploitation du champ gazier de Zohr en Méditerranée.
Le ministre des Finances a déclaré viser une réduction du déficit public de l’ordre de 1 à 1,5% à chaque exercice fiscal jusqu’à atteindre un déficit de 4 à 5% en 2022. Celui-ci est passé de 12,5 % en juin 2016 à 10,9 % en juin 2017.
3è versement du prêt du FMI et dernier versement du prêt de la Banque Mondiale
Le gouvernement égyptien a perçu lors de la troisième semaine de décembre les 2 milliards de USD du troisième versement du prêt conclu en 2016 entre le gouvernement égyptien et le FMI (12 milliards de USD sur trois ans).
Le 8 décembre 2017, le gouvernement a signé avec la Banque Mondiale un accord ouvrant le versement de 1,15 milliard de USD de la dernière tranche du prêt de 3,15 milliards de USD.
Aides et coopération internationale
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) financera l’installation de 16 centrales électriques solaires d’une puissance de 750 mégawatts en Haute-Égypte, dans le cadre de son programme dédié au développement des énergies renouvelables en Égypte d’un montant de 500 millions de USD.
L’Union Européenne a conclu fin octobre un accord octroyant un prêt à hauteur de 705 millions de USD pour le financement de divers projets publics, dont le tramway d’Alexandrie.
L’ambassade du Royaume-Uni a lancé le fond « StartEgypt » (47 millions de LE), destiné à soutenir les jeunes entrepreneurs égyptiens.
L’Égypte et l’Arabie Saoudite ont signé des accords pour développer l’entreprenariat et les petites entreprises avec un fond de 100 millions de LE d’une part, et un fond de 100 millions de LE d’autre part pour l’acquisition de voitures par les chauffeurs des entreprises de VTC (Uber, Careem).
Le Koweït s’est engagé à participer à hauteur de 57 millions de USD à des projets de développement dans le Nord Sinaï, notamment de nouveaux équipements d’approvisionnement en eau.
Baisse du déficit commercial suite à la dépréciation de la livre
D’après le ministre du Commerce, M. Tarek Kabil, le déficit commercial a baissé de plus de 11 milliards de USD entre septembre 2016 et septembre 2017 atteignant 23,39 milliards de USD.
Conséquence de la dépréciation de la LE, les importations auraient baissé de plus de 20 % lors de ce même intervalle, passant à 39,8 milliards de USD, ce qui pénalise fortement les consommateurs.
Le taux du droit de douane fixé mensuellement depuis la libéralisation du taux de change a été maintenu en décembre à 16%. L’Organisation Mondiale des Douanes a tenu pour la première fois son comité exécutif en Afrique et au Moyen-Orient, à Louxor. Lors de cette conférence internationale, le vice-ministre des Finances a annoncé une baisse des droits de douane sur les véhicules produits en Union Européenne. L’Égypte maintient une politique protectionniste quant aux importations de barres d’acier, avec des droits de douane spécifiques pour la Chine, la Turquie et l’Ukraine.
Croissance des exportations agricoles et extension de la culture du coton
Les exportations agricoles égyptiennes ont augmenté de 11,6 % au cours des 10 premiers mois de 2017, passant à 4,8 millions de tonnes en octobre 2017. Le commerce extérieur de biens issus de l’agriculture est contraint par les nombreuses interdictions d’importation, notamment pour ceux qui transporteraient d’importants résidus de pesticide. Le Bahreïn, le Koweït et les EAU ont annoncé une prochaine levée des restrictions, et l’Union Européenne devrait lever les restrictions concernant les raisins.
Le plus grand importateur mondial de coton, l’Égypte, devait planter 3,74 millions d’hectares en 2017, contre 3,11 l’année dernière. L’objectif affiché par le gouvernement en juillet 2017 est de doubler la production annuelle.
Transports : amélioration de la sécurité et E-visa
L’Égypte a lancé son système d’E-visa, permettant aux ressortissants de 43 pays d’obtenir leur visa d’entrée sur le territoire par voie numérique.
Le nombre de touristes a augmenté de 55% au troisième trimestre de 2017.
La compagnie Egyptair, en crise depuis 2008 et qui s’apprête à rénover et agrandir significativement sa flotte, devrait terminer l’année 2017 avec un million de passagers transportés de plus que l’année précédente (8 millions).
L’entreprise chargée de la gestion des aéroports égyptiens, la Egyptian Holding Company for Airports and Air Navigation, a conclu un accord de coopération avec le ministère britannique des Transports, qui devrait l’équiper de 12 installations détectrices d’explosifs. Cette opération s’inscrit dans un contexte marqué par des mesures de contrôle accrues et des dispositifs sécuritaires élargis depuis l’explosion en vol d’un avion russe au départ de Sharm El-Sheikh en 2015.
Le ministère du Tourisme va augmenter les subventions de vols charters touristiques, de 2 000 à 3 000 USD par vol.
Le ministère des Transports veut rénover le réseau ferroviaire qui transporte 300 millions de passagers/an. L’image de la sécurité de ce réseau vieillissant est mise à mal par de récurrents accidents depuis deux décennies, telle la collision sur la route d’Alexandrie en août 2017. L’Égypte prévoit l’acquisition d’un millier de rames de train (16 milliards de LE), et a contracté un prêt avec la BERD d’un montant de 340 millions de USD à cet effet.
Développement de l’industrie pharmaceutique et des TIC
L’Égypte a commencé la production du premier smartphone « made in Egypt », dont 58 % des composants sont produits localement. Les usines de Sico Technology, filiale d’El-Siyad Salem Group, où le « Sico » est produit, sont basées dans la « zone technologique » de New Assiut City (Gouvernorat d’Assiout). 8 modèles devraient être développés pour le marché égyptien, mais aussi les marchés arabes et africains.
Une joint-venture égypto-britannique a été lancée pour produire des cathéters dans la ville du 6 Octobre. Outre des transferts de technologies, ce partenariat avec la compagnie britannique Kimal permettra à la Egyptian Arab Medical Equipment Company (AMECO) d’exporter dans 25 pays et d’intégrer les marchés européens.
L’entreprise pharmaceutique chypriote Medochemie projette l’établissement d’une usine (pour 30 millions de USD) dans la zone franche « Suez Canal Economic Zone ».
L’Autorité générale de la zone économique du canal doit développer avec l’opérateur émirati DP World un nouveau port pour le transport d’hydrocarbures à Ain Sokhna.
L’agence publique chargée du développement des PME, la « SME Development Authority » (ancien Social Fund for Development) a signé un accord avec le crédit-bailleur égyptien Global Lease, dont l’investissement dans des PME représente déjà 35 % du portefeuille, pour lancer un fond de 20 millions de LE destiné à financer une vingtaine de PME pour des projets au budget compris entre 50 000 et 1 million de LE.
Le secteur de l’immobilier est celui qui connaît la plus forte croissance : il a capté 18,5% de l’investissement dans l’ensemble de l’économie égyptienne depuis janvier 2017.
Le plus
- L’Égypte n’échappe pas à l’emballement mondial autour du Bitcoin :
- L’ « Observatory of Economic Complexity » publie un instructif panorama de l’économie égyptienne sous forme d’infographies :
https://atlas.media.mit.edu/en/profile/country/egy/
- Publication de la « Lettre économique d’Égypte » n° 78 par le service économique de l’Ambassade de France :
- Un article d’ « Al-monitor » sur la baisse importante des importations en 2017 :