Énergie
Nouveau champ gazier pour avancer vers l’indépendance énergétique
Le ministre du pétrole et des ressources minières, Tarek al-Mulla a annoncé que l’Égypte augmenterait sa production de gaz de 50% en 2018. Cette décision fait suite à la découverte en 2015 du plus grand champ de gaz offshore de la Méditerranée, Zohr (2 700 km2), au nord d’Alexandrie. La compagnie italienne Eni doit commencer l’extraction fin 2017.
La consommation égyptienne s’élève à 150 mille mètres cube de gaz par jour (dont 65% sont transformés en électricité). Cela dépasse la production actuelle et contraint l’Égypte à importer du gaz pour une valeur de 3,6 milliards de dollars par an. Grâce à l’exploitation de trois champs gaziers (dont Zohr), le ministère prévoit d‘épargner 1,8 milliard de dollars sur la période 2017/2018 et vise à l’indépendance énergétique en 2020. Le projet est financé par Eni (60%), Rosneft (30%) et BP (10%)
Le ministre du pétrole et des ressources minières affirme que l’État terminera de rembourser sa dette envers des compagnies pétrolières étrangères dans deux ans grâce au champ Zohr ainsi qu’une extraction record suite à la découverte de deux nouveaux champs pétroliers. Parallèlement, le groupe koweïtien al-Mulla a annoncé entreprendre des recherches dans la mer Rouge afin de trouver d’autres gisements suite à un accord avec l’Arabie saoudite et le financement de l’entreprise pétrolière néerlandaise Shell.
Les prix de l’électricité, du pétrole et de l’eau augmentent progressivement
Depuis le mois de juillet, le gouvernement a commencé à augmenter les prix de l’électricité, du gasoil et de l’eau tout en prolongeant la période des subventions pour l’électricité jusqu’en 2022. Les plus gros consommateurs verront leur facture augmenter, permettant ainsi de couvrir partiellement les subventions versées aux petits consommateurs. Le montant des subventions est en cours de négociation, notamment pour le domaine du tourisme, dont la consommation représente 22% de la consommation globale en Égypte.
Planification d’une centrale nucléaire financée par la Russie
En septembre, le premier ministre égyptien, Sherif Ismael a affirmé qu’un accord de développement d’énergie nucléaire entre l’Égypte et la Russie avait été finalisé et approuvé par le cabinet. Les deux pays planifient depuis 2015 la construction d’une centrale nucléaire constituée de quatre réacteurs à Daba, à 130 km au nord-ouest du Caire. Si l’accord est signé définitivement dans les mois à venir, la compagnie gouvernementale russe Rosatom prêtera 25 milliards de dollars à l’État égyptien, couvrant ainsi 85% des coûts de construction en plus de coordonner sa réalisation et le traitement des déchets. La centrale devrait être mise en marche en 2022, ce qui permettrait à l’Égypte de diversifier ses sources d’énergie et couvrir les besoins d’une population croissante. Le ministre s’est également réjoui d’un probable rapprochement politique et économique avec la Russie qui négocie des projets analogues en Jordanie, Arabie saoudite et aux Émirats Arabes Unis.
Projet de construction de champ d’énergie solaire
En octobre, le gouvernement a annoncé l’approbation d’un prêt de 87 milliards de dollars de la part de la Banque Européenne pour la Construction et le Développement et de six autres institutions pour la construction de deux champs d’énergie solaire. L’objectif est de construire l’un des plus vastes champs d’énergie solaire au monde, dans un village en Haute-Égypte.
Ce projet s’inscrit dans la démarche de couvrir 22% des besoins énergétiques nationaux à l’énergie verte avant 2020. Ainsi le responsable des énergies renouvelables, Mohamed Mousa, a déclaré que l’Égypte souhaite également produire des panneaux solaires afin de renforcer son indépendance et son économie, en plus de créer des emplois.
Eau
Négociations concernant le Barrage Renaissance éthiopien
Mi-octobre, les délégations éthiopienne, soudanaise et égyptienne se sont réunies dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba, afin de discuter les risques économiques et environnementaux ainsi que les conditions de la mise en œuvre du Barrage Renaissance éthiopien. Sa construction en cours depuis 2011, majoritairement financé par l‘entrepreneur saoudien Mohammed al-Amoudi (né en Éthiopie), est quasiment terminée. Le projet du plus grand barrage d’Afrique est beaucoup critiqué par les deux pays voisins qui craignent une diminution du débit du Nil jusqu’à 25% pendant les cinq à quinze prochaines années, durée nécessaire pour remplir le barrage. En effet, l’Égypte affirme que les études analysant les conséquences du barrage sur le fleuve ont été insuffisantes. Selon des sources égyptiennes, les agriculteurs, rencontrant déjà des difficultés liées au changement climatique, pourraient pâtir des effets néfastes du barrage sur leur production.
Agriculture
Difficultés d’exportation agricole vers les pays arabes
Les exportations agricoles égyptiennes ont rencontré des difficultés durant l’été. En effet, au printemps plusieurs pays arabes dont l’Arabie saoudite, le Koweït, la Jordanie et les Émirats Arabes Unis ont appliqué différents embargos sur plusieurs produits agricoles égyptiens à cause de la présence excessive de résidus de pesticides.
Après plusieurs visites dans les pays importateurs par le ministre de l’agriculture Moneim al-Banna et le Conseil des Agriculteurs Exportateurs Égyptiens (représentant 1200 exportateurs), la plupart des embargos ont été levés. Une liste d’exportateurs garantissant des produits de bonne qualité a été établie. L’agriculture représente plus de 10% des exportations égyptiennes.
Réduire l’importation de blé
Le ministère de l’agriculture a décidé de supprimer les subventions pour le blé importé à partir du mois d’août 2017. Les subventions avaient initialement été instaurées pour contrer une crise du pain suite à la dévalorisation de la livre égyptienne l’année passée. Premier importateur mondial de blé, l’Égypte désire réduire l’importation de 10% afin de limiter son déficit global et de fortifier l’économie intérieure.
Cette mesure devrait également permettre aux importateurs de vérifier davantage la qualité du blé importé. En effet, en septembre deux charges provenant respectivement de France et de Roumanie ont été analysées après la découverte de graines de pavot. Bien que les résultats des analyses aient confirmé la qualité suffisante du produit, un responsable d‘inspection a appelé à une sélection plus sévère afin de ne pas « être la poubelle du monde », contraint à importer du blé bon marché.
Environnement
Effets néfastes du changement climatique sur l’agriculture dans le delta du Nil
Les agriculteurs du delta du Nil, l’espace le plus fertile du pays, font face à plusieurs problèmes dus au changement climatique et à la pollution. L’Égypte fait partie des pays les plus touchés par le réchauffement de la planète selon des études récentes.
L’augmentation progressive du niveau de la mer cause des tempêtes violentes en hiver qui inondent des villages, entraînent une salinisation excessive de l’eau, empêchant la culture de plusieurs plantes traditionnelles, comme la canne à sucre. En outre, la mer proche du littoral est davantage polluée et chaude. Les poissons sont de plus en plus petits et de moins en moins nombreux, alors que les grands poissons se réfugient dans les eaux plus profondes. Enfin, l’effet de serre entraîne une diminution de la pluie qui pourrait causer 15-20% de pertes agricoles. L’insuffisance en eau pourrait être accentuée lors du remplissage du grand barrage d’Éthiopie.
Afin de contrer ces problèmes dans un pays qui peine déjà, à l’heure actuelle, à nourrir sa population croissante, le gouvernement souhaite réduire la culture de riz, consommant beaucoup d’eau. En août, le président a-Sissi a mis en vigueur un système de sanction pour les producteurs de riz n’ayant pas d’autorisation officielle. Cette mesure est ouvertement critiquée par l’ancien dirigeant du syndicat agricole, M. Bargash, affirmant que le gouvernement ne propose pas d’alternatives pour ces paysans. En effet, la salinisation croissante de l’eau des champs dans le delta empêche pratiquement toute culture, à part le riz. Le développement de systèmes d’irrigation moins consommateurs d’eau ou le recours à la génétique pourraient aider à compenser le manque d’eau.
Martina Merlo