Principaux indicateurs
Hausse du coût de la vie depuis l’automne 2016
L’inflation dite globale a augmenté : son accroissement, sur un an en septembre 2017, est de 32,9 %. Après un ralentissement en juin, l’inflation est repartie à la hausse en juillet, avant de s’aplanir depuis août.
En septembre 2017, l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) est de 31,6% sur une année, selon la Banque Centrale d’Égypte. Parallèlement, l’indice général des prix à la consommation de biens élémentaires (logement, eau courante, énergie) connaît une hausse de 13,6%, liée à la suppression des subventions à la consommation, contre 24% pour celui des soins de santé et 42,2% pour les produits alimentaires, culturels et de divertissement. Tabacs et transports évoluent dans des proportions similaires.
Emploi
Pour la première fois depuis 2011, le taux de chômage est passé sous la barre des 12% (11,9%). Le marché du travail reste marqué par deux grands enjeux : la difficile insertion de la jeunesse (79,6% de la population au chômage a entre 15 et 29 ans) et la croissance continue de la population active (29,2 millions d’individus). Durant le premier trimestre 2017, la population active a ainsi crû de 33 000 personnes. Conscientes de l’impact de la croissance démographique sur la question de l’emploi, les autorités projettent de prendre le problème à bras le corps.
Déficit commercial en baisse
Le déficit commercial de l’Égypte sur les 8 premiers mois de l’année 2017 est en baisse de 37%, passant de 32 milliards en janvier à 20,1 milliards d’USD en août (soit 13% du PIB). L’importance des exportations hors pétrole s’accroît (+11% sur cette période) tandis que baissent les importations.
Le gouvernement a ouvert un service d’aide, d’accompagnement et de promotion aux exportateurs égyptiens : l’Export Services Complex.
Hausse de la dette extérieure
La dette extérieure s’est accrue entre juillet 2016 et mars 2017 d’après la Banque Centrale d’Égypte, pour atteindre 73,9 milliards de USD. Ceci est dû à l’augmentation des crédits octroyés par des prêteurs étrangers (19 milliards sur la même période) et à la baisse de la valeur de la devise égyptienne face à l’USD. Selon le site d’informations financières Al Borsa, la dette se stabilise à 80 milliards USD en septembre, passant de 16,6% du PIB en 2016 à 33,6 % pour le quatrième trimestre de l’année fiscale 2016/2017.
L’Égypte rejoint le « club » des cinq États les plus vulnérables face à une remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale des États-Unis, d’après l’agence Standard & Poor’s. Le concept des « Fragile Five » formulé par Morgan Stanley en 2013 désigne les cinq pays émergents les plus dépendants envers les investisseurs étrangers.
Hausse des réserves de change
D’un montant de 36 703 milliards de dollars en octobre 2017, les réserves de change augmentent depuis le prêt contracté en novembre 2016 auprès du FMI. Cette croissance exponentielle, jamais vue depuis la période 2005-2009, serait un signe de confiance des investisseurs internationaux.
La BCE a supprimé en juin le plafond des opérations de change, fixé à 100 000 USD par personne depuis le 6 janvier 2014.
La BCE a procédé cet été à une nouvelle remontée du taux d’intérêt directeur pour enrayer la forte inflation depuis la libération du taux de change de la LE. Le ministre des finances annonce que le taux des droits de douane restera inchangé afin de renforcer la stabilité de la livre égyptienne.
Hausse des recettes fiscales
Le premier trimestre de l’année fiscale 2017/2018 enregistre une hausse des recettes (88,6 milliards de LE) par rapport à l’exercice précédent.
La TVA à 13% mise en place durant l’année fiscale 2016/2017 avait rapporté 28,3 milliards de LE après le premier trimestre, contre 50,7 milliards de LE l’année suivante, grâce à un taux réévalué à 14%. Ceci témoigne de l’importante mise à contribution des consommateurs dans le financement de l’État. Cette évolution, en plus d’être la conséquence de l’instauration de nouveaux instruments fiscaux suite à l’accord avec le FMI, est également due à la croissance du PIB (à prix constants 4,2 % attendu en 2017 d’après la Banque Mondiale). Des chiffres encourageants pour le gouvernement égyptien, qui prévoit de ramener le déficit public à 9,1% au terme de l’actuel exercice fiscal.
Amélioration de l’attractivité de la dette publique égyptienne
La demande pour les titres de dette publique égyptienne est en nette hausse depuis la remontée du taux directeur par la BCE (lié à l’accord avec le FMI). Cette demande croissante est stimulée par les investisseurs étrangers.
L’Égypte a émis depuis le début 2017 des euro-obligations de différentes maturités de long terme pour 7 milliards d’USD, marquant son retour sur ce marché depuis les dernières opérations en 2010.
Prêts internationaux
Dans le cadre de l’accord conclu entre le gouvernement égyptien et le FMI en novembre 2016, l’Égypte bénéficie d’un prêt de 12 milliards de USD sur trois ans moyennant l’ajustement de sa politique monétaire et la mise en œuvre de réformes structurelles.
Début juillet, la BCE a perçu le second et dernier versement de 1,25 milliards de USD de la première tranche du prêt (4 milliards de USD).
En attendant le troisième versement, prévu entre décembre 2017 et janvier 2018 (environ 2 milliards de USD), une délégation du Département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI préparait fin octobre la deuxième évaluation du programme.
Le gouvernement égyptien a légiféré ces derniers mois, pour consolider un climat des affaires attractif et rassurant pour les investisseurs étrangers et domestiques : décret d’application de la loi sur l’investissement ; nouvelle législation relative à l’octroi des licences commerciales et industrielles ; ouverture du capital d’entreprises publiques à des investisseurs privés ; fin des contrôles sur les opérations financières en devises étrangères à la Bourse du Caire. La « rationalisation » de l’octroi des subventions à la consommation est aussi attendue par le FMI.
Le gouvernement devrait recevoir en décembre le troisième et dernier versement du prêt d’un montant de 3 milliards de USD contracté en août auprès de la Banque mondiale. L’Égypte avait perçu en juin la première tranche (125 millions USD), du prêt de 500 millions destiné à financer des projets de développement en Haute-Égypte.
Dans le contexte de montée de la dette extérieure, l’Égypte a achevé de rembourser en novembre un prêt d’un milliard d’USD contracté auprès de la Turquie en 2012. Le pays a également remboursé 250 millions d’USD à la Libye : un autre versement (500 millions) est prévu en 2018 pour clore le prêt d’un milliard et demi d’USD souscrit sous la présidence Morsi. En outre, la BCE a prévu le remboursement de prêts à hauteur de 8 milliards d’USD pour le dernier trimestre de l’année fiscale 2016/2017, dont 5,2 milliards à l’African Export-Import Bank.
Croissance des rentes traditionnelles
Transferts de la diaspora
Les revenus issus des transferts de la diaspora ont dépassé ceux du canal de Suez, du tourisme ou ceux des IDE. La libéralisation du régime de change de la livre égyptienne a augmenté les transferts par voie légale, les taux de change du marché noir devenant de moins en moins intéressants. Entre novembre 2016 et août 2017, les Égyptiens à l’étranger (environ 9,4 millions) ont envoyé 16,3 milliards d’USD, soit une hausse de 17% par rapport à l’année précédente.
Le gouvernement projette de développer un service d’accompagnement pour aider les ressortissants égyptiens à investir dans leur pays.
Tourisme
Alors que le pays connaît une grave crise touristique, les revenus des services de ce secteur ont bondi de 211,8% dans les 9 premiers mois de 2017 avec 5,3 milliards d’USD (soit plus que les 3,4 milliards récoltés en 2016) et 5,9 millions de touristes ont voyagé en Égypte durant cette même période, dont 3,2 millions de touristes européens. L’indicateur de bonne santé du tourisme reste l’année 2010 avec 14,7 millions de touristes.
Redevances du Canal de Suez
1 528 navires marchands ont utilisé le canal de janvier à août 2017, contre 1 462 en 2016 durant la même période. Il en résulte une hausse des revenus de 5% (470,6 millions USD pour 8 mois).
Projets de la zone industrielle Suez Canal Economic Zone et de NEOM
Le gouvernement espère l’investissement de 30 milliards de USD dans cette zone de 461 km2 d’ici cinq ans. Une joint-venture entre l’Autorité du Canal de Suez et l’opérateur portuaire émirati DP World est prévue pour le développement de la zone. Six contrats pour des projets industriels ont été signés en août. Le constructeur automobile allemand Daimler devrait acquérir 96 km2 dans cette zone pour y installer une usine.
NEOM est un projet saoudien ( d’un coût prévu de 500 milliards de USD) de création d’une zone industrielle et économique sur 26 500 km2 dans la région tri-frontalière partagée entre la Jordanie, l’Arabie Saoudite et l’Égypte sur le golfe d’Aqaba.. Le gouvernement égyptien ne s’est pas encore exprimé à son sujet.
Hausse des exportations agricoles
Conséquence de la plongée de la livre à partir de fin 2016, les exportations des biens agricoles ont crû de 13,9% sur les 9 premiers mois de 2017 par rapport à 2016, avec 4,1 millions de tonnes exportées. Le secteur pèse pour 10% des exportations totales du pays. Le solde commercial agricole demeure négatif, d’un montant de 42,64 milliards de USD en 2016.
Le gouvernement cible un doublement de la production de coton dès 2018.
L’Égypte tente d’obtenir la levée des interdictions d’entrée de ses produits vers l’Arabie saoudite, les EAU ou le Soudan, au motif des résidus de pesticide retrouvés.
Transports et communication
Situé à l’Ouest du Caire, le nouvel aéroport international Sphinx, devrait ouvrir au printemps 2018 afin de conduire les touristes vers le grand musée égyptien et les pyramides de Giza. Il aurait coûté 300 millions de LE.
Le gouvernement a impulsé une nouvelle stratégie de développement pour Égyptair, qui a perdu 777 millions USD depuis 2011. Il prévoit l’achat de 45 nouveaux avions pour atteindre en 2025 une flotte de 150 appareils. Il s’agit du plus gros investissement de l’histoire de la compagnie. Pour le moment, Égyptair devrait acquérir 33 nouveaux avions, un investissement estimé à 3,4 milliards USD.
Alors que Uber va ouvrir son deuxième plus grand « centre d’excellence » au monde au Caire, son concurrent dans la région basé aux EAU, Careem, vient d’investir dans une jeune startup égyptienne.
Le marché égyptien dispose désormais d’un quatrième opérateur (en plus d’Orange, Vodafone et Etisalat) qui est WE, lancé par Telecom Egypt.
Après la vente par le gouvernement en 2016 de quatre licences 4G, les opérateurs égyptiens proposent depuis septembre 2017 la 4G.
Investissements étrangers
Hausse des IDE et de l’attractivité de l’Égypte
Au terme de l’année fiscale 2016/2017, le 30 juin 2017, les IDE avaient augmenté de 14,5% par rapport à l’exercice 2015/2016, totalisant 7,9 milliards d’USD. Le secteur pétrolier est le principal responsable de cette hausse.
Un rapport de l’ONU classe l’Égypte comme quatrième destination d’Afrique pour les IDE en 2016, avec une hausse sur l’année de 16%. Un rapport de la banque sud-africaine d’investissement Rand Merchant Bank place l’Égypte en première destination des IDE pour 2018, devant l’Afrique du Sud.
L’Égypte accueillera en décembre prochain à Charm El-Sheikh le « Africa 2017 economic forum ».
Début août, le groupe saoudien Talaat Moustafa Group (propriété du prince Al-Waleed Bin Talal) a annoncé un plan d’investissement de 800 millions USD en infrastructures touristiques.
Aide au développement
L’Allemagne apporte un soutien financier d’environ 372 millions USD à l’Égypte, notamment sur le front des réformes sociales. Ce soutien s’ajoute au financement par Berlin de divers projets depuis juin 2017 pour 236 millions USD. Parallèlement, la banque publique allemande KFW, très présente en Égypte, finance en 2017 des projets d’environ 2 milliards USD.
L’ambassade britannique a annoncé l’investissement de 97 millions USD dans le projet du parc solaire de Benban en Haute-Égypte.
Un accord de coopération a été signé entre les États-Unis et le gouvernement égyptien pour le développement de projets sociaux et environnementaux, d’un montant de 121,6 millions USD.
Le plus
- Publication on octobre par la Banque mondiale du bulletin annuel d’information économique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) : http://www.worldbank.org/en/region/mena/publication/mena-economic-monitor-october-2017-refugees-in-mena-meeting-the-development-challenge (téléchargeable depuis ce lien)
- Rapport Egypt’s Economic Outlook, octobre 2017, publié par la Banque mondiale : http://www.worldbank.org/en/country/egypt/publication/egypt-economic-outlook-october-2017
- https://www.tresor.economie.gouv.fr/Ressources/17880_legypte-dans-le-rapport-sur-la-competitivite-mondiale-20172018
Vincent CHAUMET