Politique intérieure
La communauté copte de nouveau frappée par un attentat
Trente personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées dans un attentat revendiqué par l’organisation État Islamique, le vendredi 26 mai dans le gouvernorat de Minya. Selon le ministère de l’Intérieur, des assaillants non identifiés conduisant trois 4×4, ont ouvert le feu sur le bus qui transportait des coptes. Les victimes se rendaient en pèlerinage au monastère Saint-Samuel le Confesseur. L’attaque, à la veille du ramadan, a entraîné l’annulation des premières festivités liées au mois saint musulman.
C’est la 4ème attaque contre la communauté copte en quelques mois. Les deux dernières remontent au 9 avril, lors du dimanche des rameaux. Les églises Saint-George à Tanta et Saint Marc à Alexandrie avaient été visées (Revue de presse – Politique, avril 2017).
Le gouvernement bloque l’accès à 21 sites internet
Accusés de soutien au terrorisme et à l’extrémisme, 21 sites web ont été bloqués par le gouvernement le jeudi 25 mai. D’après une source interne, le « gouvernement cherche à mettre fin à la diffusion de mensonges ». Parmi les sites ciblés, mais non nommés, on trouve le média qatari Al-Jazeera, ainsi que le média égyptien indépendant MadaMasr ou encore Dailynews Egypt. Cette mesure arrive un jour après que l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis aient bloqué Al-Jazeera dans leurs pays respectifs.
L’accès au site de MadaMasr est revenu à la normale le 28 mai. Ce n’est pas encore le cas des autres médias pour lesquels l’accès est conditionné par la possession d’un Virtual Private Network (VPN).
Le parti des Egyptiens libres : un parti bicéphale
Le parti des Egyptiens libres connaît une crise profonde. Créé par l’homme d’affaires Naguib Sawirès en 2011, il est scindé en deux fronts rivaux qui ont chacun élu un président de parti. Le 24 mars dernier, le front de Essam Khalil a hissé ce dernier à la tête du parti. Le front adverse, celui de Sawirès, a quant à lui élu Mahmoud Al-Alaïli à la tête du parti, la première semaine de mai. La commission des affaires des partis n’a pas tranché la question de la tenue de deux élections distinctes au sein du même parti, laissant les deux fronts défendre leur légitimité respective. Cette crise fait suite à l’imbroglio judiciaire qui se trame au sommet du parti depuis le 31 décembre 2016, date à laquelle le fondateur du parti s’est retrouvé exclu au terme d’une assemblée générale convoquée à la demande de Essam Khalil. Sawirès a contesté cette décision devant la justice mais celle-ci n’a pas encore rendu de verdict. Depuis les élections de 2015, le parti des Egyptiens libres est devenu le premier parti politique représenté au Parlement, avec 65 sièges sur 596. Le conflit interne qui le ronge, ainsi que les défections, ont dangereusement ébranlé sa crédibilité auprès de l’opinion publique.
Conférence internationale sur la paix
La « Conférence internationale sur la paix » s’est tenue au Caire, les 27 et 28 avril, à l’occasion de la visite du pape François et grâce à l’initiative d’Ahmad Al-Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar. L’institution sunnite a abrité la conférence et accueilli quelque 300 personnalités religieuses chrétiennes et musulmanes venues du monde entier. Ce rassemblement mondial favorable au « vivre ensemble » a fait dialoguer les différentes personnalités présentes autour de quatre thèmes différents : « la fausse interprétation des textes religieux et son impact sur la paix dans le monde », « les obstacles à la paix dans le monde contemporain, entre risques et défis », « l’exploitation de la pauvreté », et « la culture de la paix entre les religions : le réel et l’envisagé ». Ces thèmes se rapportent aux principaux facteurs favorisant le terrorisme et aux moyens de les combattre. Cette conférence a fourni une nouvelle opportunité pour tous les représentants religieux de montrer leur désapprobation envers les mouvements terroristes qui revendiquent d’agir au nom d’une religion. Tous les intervenants ont fait passer des messages de tolérance et d’espoir pour un monde plus sûr.
Le président Al-Sissi ratifie la loi sur les ONG
Une nouvelle loi régulant le travail des organisations de la société civile a été ratifiée par le Président égyptien, lundi 29 mai. Discuté en novembre dernier au Parlement (Revue de presse – Politique, novembre 2016), cette loi remplace la loi 84 de 2002. Ses statuts devraient être publiés d’ici deux mois, conformément à son article 6.
Les ONG auront un an pour prendre les dispositions nécessaires exigées par la nouvelle loi, sous peine d’être dissoutes. D’après l’article 70 de la loi, un nouvel organe — l’Appareil national de réglementation des ONG étrangères — sera chargé de superviser les activités des ONG en Égypte, et notamment les coopérations et les financements. Cette loi répond en effet à une crainte du gouvernement de voir des puissances étrangères s’immiscer dans les affaires intérieures égyptiennes à travers des ONG.
Troisième Forum des jeunes
Le troisième Forum mensuel des jeunes s’est tenu à Ismaïlia, du 25 au 27 avril. Le Président s’est rendu au Forum, accompagné de plusieurs responsables du gouvernement. La rencontre avec 1 200 jeunes égyptiens venant des villes proches du Canal de Suez a été l’occasion d’aborder de nombreux thèmes, dont le terrorisme dans le Sinaï, la rétrocession des îles de Tiran et Sanafir à l’Arabie Saoudite en vertu de l’accord sur la délimitation des frontières maritimes, ou encore la position du régime face à l’opposition politique. L’accent a été mis sur l’économie lors de cette session, avec des interrogations à propos de la crise économique et de la flambée des prix.
Le Président a aussi annoncé l’organisation, en octobre 2017 à Charm Al-Cheikh, d’une conférence mondiale de la jeunesse. Cette conférence sera l’occasion pour l’Egypte de faire passer un message de paix et de développement auprès de la communauté internationale.
Politique étrangère
Tournée dans les pays du Golfe
Le président Al-Sissi s’est rendu aux Emirats arabes unis, au Koweït ainsi qu’au Bahreïn dans le cadre d’une tournée dans les pays de la péninsule arabique, les 8 et 9 mai. Le renforcement des relations bilatérales, tant au niveau économique qu’au niveau de la coopération sécuritaire a été le mot d’ordre de ce voyage. Al-Sissi a également pu aborder les dossiers des crises régionales en Libye, en Syrie et au Yémen, avec ses homologues. En effet, il souhaite former un front uni avec les pays du Golfe pour éviter une domination de l’Iran sur l’Irak et sur la Syrie après la « chute programmée » de Daech. Alors même que cette organisation n’est pas encore entièrement démantelée, la question de « l’après Daech » laisse entrevoir de nouvelles tensions.
Stabiliser et sécurisé la Libye
Au cours de cette tournée, le Président égyptien a rencontré le maréchal Haftar, commandant général des forces armées libyennes, ainsi que Fayez Al-Sarraj, président du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale de l’État de Libye, lors de sa visite aux Emirats arabes unis. Le maréchal Haftar s’est rendu au Caire la semaine suivante, le 13 mai, afin de s’accorder avec le président Abdel-Fattah Al-Sissi sur un ensemble de moyens visant à résoudre la crise libyenne.
Ainsi, à la demande de nombreux acteurs régionaux, le Conseil présidentiel libyen devrait créer une structure de pouvoir qui intègrera de nouvelles personnalités, dont le maréchal Haftar en tant que Premier ministre. Cet accord fait suite à la réunion au Caire des différentes parties libyennes en février dernier, qui avait abouti à la « Déclaration du Caire ». L’implication importante de l’Egypte dans les négociations libyennes s’explique par la volonté des autorités de sécuriser la frontière à l’Ouest et d’éviter l’infiltration d’éléments terroristes sur le territoire. Difficile de dire si l’accord parviendra à réunifier le territoire libyen, qui reste toujours plongé dans le chaos.
En marche pour l’Unesco
La candidate du gouvernement égyptien pour le poste de directeur général de l’Unesco, Mouchira Khattab, s’est rendue en Tunisie pour recevoir le prix Fatima Fehria, le 17 mai. Celui-ci, remis par le réseau MED 21 à Kairouan, distingue les femmes méditerranéennes actives dans le cadre de la formation et de l’accès à l’égalité professionnelle. Avec ce prix, la candidate égyptienne dispose d’un argument de poids pour accéder à la place tant convoitée et jamais occupée par une personnalité issue du monde arabe. Elle est, par ailleurs, soutenue par l’Union africaine.
P.S.