Principaux indicateurs économiques
Inflation
Le taux général d’inflation continue de grimper pour atteindre 32,5 % en mars. Il avait dépassé la barre symbolique des 30% en février. C’est le niveau le plus haut atteint depuis juillet 1986. Il y a un an, l’inflation générale était de 9,2 %. Le ministère des Finances a revu ses prévisions à la baisse (Revue de presse – Économie, mars 2017) et table désormais sur un ralentissement de la hausse des prix en décembre.
Taux de croissance
Avec 3,2 % de croissance du produit intérieur brut (PIB) d’octobre à décembre 2016, l’Égypte est moins performante que l’année précédente où ce taux s’établissait à 4 %. La Banque mondiale envisage un début de reprise en 2017, avec une progression de 3,9% du PIB, tirée par les investissements publics et la hausse des exportations nettes. Une embellie qui devrait se confirmer d’ici 2019 avec une prévision à 5,4 %.
Réserves de devises étrangères
Elles sont au plus haut depuis six ans, avec 28,5 milliards de dollars en mars.
Balance commerciale
Le déficit commercial du pays s’élève à 2,3 milliards de dollars au mois de janvier. Il est en baisse de 37% par rapport à l’année dernière. La hausse des exportations, de 27 % sur la même période, est tirée par les ventes de pétrole brut, de fertilisants et d’oranges. Les importations ont diminué de 19,3 %. La balance des paiements enregistre un surplus important de 7 milliards de dollars sur l’année fiscale 2016-2017. Ces bons résultats sont la conséquence du choix de laisser flotter la livre. D’après la Banque centrale, cela a permis de réduire le déficit commercial et d’attirer les capitaux étrangers dans le pays. Le gouvernement égyptien veut poursuivre sur sa lancée, et le ministre du Commerce et de l’Industrie a annoncé la mise en œuvre d’un plan pour doubler les exportations du pays en 2020. L’objectif est de cibler de nouveaux marchés (ciment, agriculture, textile, matériaux de construction, produits chimiques, ingénierie et l’électronique).
Dette
La dette de l’Égypte augmente au regard des chiffres de décembre 2016 : hausse de 41 % pour la dette extérieure et de 30 % pour la dette intérieure.
Bourse
Le retour des droits de timbre, une forme d’impôt sur le capital, a été confirmé et sera effectif en mai. Ils se diviseront en plusieurs taxes selon la nature des transactions boursières visées. Le gouvernement espère en tirer un revenu de 1,5 milliard LE. Le rendement moyen des bons du trésor égyptiens à 3 et 9 mois a baissé au mois de mars de respectivement 0,5 et 1 point. La « Commercial international bank » (CIB), l’une des plus importantes d’Égypte, a officialisé la vente de 75% des parts de sa branche investissement à un consortium d’investisseurs nationaux et étrangers, pour près de 40 millions de dollars.
Le gouvernement égyptien modernise et accentue sa politique de subvention des denrées alimentaires
La majorité de la population égyptienne est en difficulté économique, confrontée à l’inflation galopante des prix des biens de consommation courante, mais aussi à l’augmentation des prix des transports et de l’électricité. Dans ce contexte, le gouvernement égyptien n’a pas d’autre choix que de maintenir et d’accentuer la politique de subvention des denrées alimentaires. S’il ne le fait pas, le contrecoup social des réformes entreprises pourrait entraver l’amélioration attendue, à moyen terme, de la situation économique du pays (retour des investisseurs et d’un climat propice aux affaires). La facture totale des subventions pour l’année fiscale à venir (2017-2018) va donc augmenter et devrait s’élever à 385 milliards de livres égyptiennes (1% du PIB), contre 285 milliards pour l’année en cours. Elle inclut les subventions alimentaires et les programmes de sécurité sociale Takaful et Karama. Le gouvernement va aussi mettre à jour les informations de 19 millions d’Égyptiens bénéficiant d’une carte de subvention. Ils sont 74,5 millions à profiter de cette aide grâce à 18 millions de cartes sur une population de plus de 90 millions d’habitants.
Investissements
Quels sont les effets des plans de réformes structurelles sur les investissements ?
La ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, Sahar Nasr, a annoncé fin mars, à l’occasion d’une réunion avec la Chambre de commerce américaine, son intention de réformer le cadre légal pour faciliter les investissements étrangers, mais aussi pour les attirer sur des secteurs clés de l’économie du pays, notamment ceux créateurs d’emplois ou voués à l’exportation.
Le journal Mada Masr revient sur les plans de réformes structurelles et de libéralisation de l’économie, au milieu des années 1990 (à l’occasion d’un premier prêt du FMI) et en 2016, avec le nouveau prêt accordé. S’ils permettent effectivement d’attirer de nombreux investissements et capitaux étrangers, l’auteur regrette que ces derniers ne soient pas accompagnés d’une vision économique à long terme, qui encouragerait par exemple le transfert de technologies et les secteurs créateurs d’emplois.
Investissements étrangers
Depuis le flottement de la livre égyptienne, 3,1 milliards de dollars ont été investis depuis l’étranger dans la dette nationale égyptienne, sous la forme de bons du trésor et d’obligations. Le pays espère obtenir de nouveau 3 milliards de dollars de financements étrangers dans la dette pour l’année fiscale à venir (2017-2018).
L’Arabie saoudite a annoncé le versement de 451 millions de livres égyptiennes pour soutenir la croissance et le développement économique de l’Égypte. Cet argent financera la création d’une entreprise égyptienne dédiée à l’investissement dans les jeunes entreprises, leur capital risque et des incubateurs. Les relations économiques entre l’Égypte et le royaume saoudien semblent se réchauffer, depuis les désaccords à l’ONU sur la guerre en Syrie, puisque l’ARAMCO a récemment repris ses livraisons de pétrole qui étaient suspendues depuis plusieurs mois.
L’entreprise norvégienne Scatec Solar va investir 500 millions de dollars pour construire 40 stations à énergie solaire à Benban (gouvernorat d’Assouan). L’entreprise bénéficie pour cette opération du soutien de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Sahar Nasr en a profité pour annoncer l’ambition de son pays d’atteindre la part de 22 % d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie du pays vers 2020.
Prêts internationaux
Le montant des financements étrangers attendus, pour l’année fiscale 2017-2018, se chiffre à 9 milliards de dollars, d’après une source ministérielle. Trois milliards proviendront du rachat de la dette tandis que les six milliards restants devraient être alloués par des institutions financières internationales.
Prêt du Fonds monétaire international
Le parlement égyptien a approuvé le prêt de l’institution financière, plusieurs mois après l’attribution de la première tranche du prêt. Le Fonds continue d’encourager les réformes structurelles menées dans le pays et estime, par l’intermédiaire de sa présidente, que l’Égypte est sur la bonne voie.
Prêts de la Banque mondiale
Le Président égyptien a rencontré le président de la Banque mondiale, dans le cadre de sa tournée aux États-Unis, pour discuter des réformes dans le pays et des programmes de coopération qui sont déjà à l’œuvre. Les négociations sont en cours pour la troisième tranche d’un prêt de 3 milliards de dollars, et portent sur l’amélioration du climat des affaires et du classement de l’Égypte dans le « Doing Business Report ». À noter également le lancement officiel, le 19 mars, d’un plan d’aide au développement de 500 millions de dollars, pour créer des emplois et améliorer les infrastructures en Haute-Égypte.
Prêts de l’Union européenne
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement, l’Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d’investissement et l’Union européenne ont lancé un programme de 140 millions d’euros pour promouvoir l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Un autre prêt de 10 millions d’euros sera accordé par la Commission européenne au National Council for Women. Il doit financer un plan national de lutte contre la pratique de l’excision et pour l’émancipation des femmes dans le pays.
Prêt de la Banque africaine de développement
La deuxième tranche de ce prêt de 1,5 milliard de dollars (Revue de presse – Économie, janvier 2017) a été versée. L’Égypte a récemment renforcé sa position au sein des institutions financières internationales africaines : le pays a été désigné vice-président du Bureau des gouverneurs de la Banque mondiale pour les Africains.
Secteur tertiaire hors tourisme et canal de Suez
Une nouvelle législation encadrant les services de taxis privés
Un projet de loi a été validé pour encadrer et réguler les services taxis privés fonctionnant via des applications sur Smartphone. Tous les chauffeurs doivent être inscrits sur un registre et des licences seront créées, ce qui permettra de lever des taxes sur ce nouveau secteur d’activité.
L’entreprise Uber a été condamnée par l’Agence de protection des consommateurs. Le litige provient d’une affiche publicitaire où l’on voyait une femme, d’une quarantaine d’années, assise à l’arrière d’un taxi Uber, avec le commentaire suivant : « [grâce à Uber] j’ai été épargnée 40 fois de ramener ma belle-mère à la maison ». L’agence a jugé que cette annonce « violait les traditions et les coutumes de la société égyptienne » et a demandé son retrait.
Rappelons que les ventes d’automobiles sont en baisse de 40 % pour le premier semestre de l’année 2017, par rapport à l’année précédente, à cause du flottement de la monnaie et de l’indexions des tarifs douaniers sur le dollar américain.
Télécommunications
L’opérateur national historique Telecom Egypt, propriétaire des lignes terrestres du pays, a annoncé une baisse de 11 % des profits nets pour l’année 2016, qui s’élèvent à presque 2,7 milliards de livres égyptiennes. Ces mauvais résultats n’ont pas été sans répercussion puisque le président directeur général de l’entreprise a été remplacé en mars. De son côté, Orange a annoncé la mise en service prochaine de la 4G pour ses abonnés.
Tourisme
Le nombre de touristes accueillis en ce début d’année 2017 a été supérieur de 15 % aux attentes, d’après le ministère concerné. De bons chiffres ont été relevés pour le mois d’avril dans le Sud Sinaï : les Égyptiens du Caire et du delta se sont rendus nombreux à Ras El-Sadr, tandis que certains hôtels de Charm El-Cheikh ont atteint 55 % de remplissage, grâce à l’afflux de touristes libanais et jordaniens. Ceux-ci ont été attirés par des concerts de Assi el Hellani et Melhem Zein dans la station balnéaire, deux chanteurs connus dans le monde arabe. En l’absence de chiffres plus précis, ces annonces optimistes ne cachent pas la morosité persistante dans ce secteur d’activité, directement affecté par les attentats dans le pays.
Canal de Suez
Après avoir atteint leur niveau le plus bas depuis trois ans en février, les revenus du canal sont remontés en mars et s’élèvent à 423 milliards de dollars, soit 7,4 milliards de plus qu’en mars 2016. Ce sont au total 1 454 bateaux qui ont emprunté la voie de navigation. La Chine continue d’investir dans Zone économique du canal de Suez. Elle a annoncé le déblocage de 71 millions de dollars, pour une étude de faisabilité sur le lancement d’un satellite depuis l’Égypte, et la création d’un centre de formation professionnelle.
Pierre Crésut