Politique étrangère
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Renforcement des relations avec les partenaires africains
Jeudi 16 février, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu au palais présidentiel son homologue togolais, Faure Essozimna Gnassingbé. Les deux chefs d’Etat se sont entretenus au sujet des stratégies de redynamisation de la coopération sécuritaire et économique entre leurs deux pays. Trois promesses d’accords de partenariat économique ont été ratifiés lors de cette visite. Le président togolais avait déjà effectué une visite au Caire en avril 2016.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi s’est, de son côté, rendu en visite officielle au Kenya, le samedi 18 février. Il a été reçu avec sa délégation par le président kenyan, Uhuru Kenyatta. Cette rencontre bilatérale avait pour objectif de renforcer les échanges entre les deux pays, sur les plans économique, politique, sécuritaire et hydraulique.
Ces visites démontrent la volonté de l’Egypte de sécuriser ses intérêts et d’exister sur la scène politique africaine.
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Participation active de l’Egypte aux efforts de paix en Libye
À l’initiative de l’Egypte, une réunion a été organisée le 14 février, au Caire, entre les principaux leaders des autorités rivales en Libye. Ainsi, le Président du « gouvernement d’unité nationale » de l’État de Libye, Fayez el-Sarraj, le président du parlement de Tobrouk, Aguila Saleh, et le commandant en chef de l’armée nationale libyenne, le maréchal Khalifa Haftar ont été conviés à la table des discussions. Celles-ci ont abouti à « la Déclaration du Caire » qui détermine les étapes à suivre pour parvenir à une solution politique en Libye.
Peu après, le 19 février, s’est tenue une réunion tripartite à Tunis entre les ministres des Affaires étrangères tunisien et égyptien ainsi que le ministre algérien des Affaires Maghrébines, de l’Union Africaine et de la Ligue Arabe, afin de trouver des solutions pour résoudre la crise libyenne. Cette rencontre a abouti à la publication d’un document intitulé « Déclaration ministérielle de Tunis ». Il devrait être utilisé comme le socle de discussions entre les différentes composantes politiques libyennes. Il est attendu de cette réunion qu’elle relance les négociations de paix entamées suite aux accords de Skhirat, signés en décembre 2015, sous le contrôle de l’ONU.
Les pays limitrophes de la Libye sont inquiets pour leur propre sécurité. La participation active de l’Egypte aux négociations s’explique d’une part par la volonté du pays d’endiguer la résurgence des activités terroristes à la frontière libyenne et d’éviter toute nouvelle intervention étrangère dans le pays, à même de le déstabiliser encore plus. Cette réunion marque le souhait d’un rétablissement de la stabilité dans la région.
Le travail de l’Egypte dans l’aide à la résolution des problèmes régionaux a été reconnu par le nouveau Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, lors de sa visite en Égypte le 15 février.
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Rapprochement entre Le Caire et le Hamas
Une délégation du Hamas était au Caire lors de la dernière semaine de février, annonçant un réchauffement des relations entre l’Egypte et le Hamas. Cette idée est renforcée par l’annonce de la réouverture du point de passage de Rafah après un mois de fermeture. Pendant les trois jours de visite, les membres du Hamas ont pu aborder divers sujets avec les renseignements égyptiens comme les relations avec le Fatah, l’occupation par Israël de la bande de Gaza ainsi que des préoccupations à propos de la frontière entre celle-ci et l’Egypte. C’est cette question sécuritaire qui a poussé l’Egypte à discuter avec le Hamas. En effet, le pays doit faire face à de nombreuses attaques terroristes dans la région du Sinaï, limitrophe de la bande de Gaza. Il est important pour les autorités égyptiennes de s’assurer de la non-ingérence du Hamas dans ses affaires intérieures et de sa coopération sécuritaire dans la lutte anti-terroriste.
Politique intérieure
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Les cafés au cœur du débat
Le soir de la finale de la Coupe d’Afrique, un jeune homme de 27 ans a été assassiné par un employé du café dans lequel il se trouvait. Cet événement a replacé les cafés au coeur du débat, avec des questionnements sur les défaillances en matière de sécurité, l’encadrement du personnel, ou encore le respect de la loi par les propriétaires. Le drame survenu le soir de la finale a forcé les autorités à lancer une nouvelle campagne de contrôle des cafés illégaux. Il y aurait en Egypte entre 1,5 et 2 millions de cafés aujourd’hui. On en compterait plus de 100 000 au Caire alors que seuls 20 000 disposent d’une licence. Le spectre de la corruption plane évidemment au-dessus de ce dossier. Les cafés menacés d’être fermés disposent souvent du soutien des habitués tandis que les propriétaires se défendent, arguant qu’ils paient des impôts à l’Etat, des taxes sur l’eau, l’électricité et qu’ils permettent à leurs employés d’assurer la survie de leur famille.
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Remaniement ministériel
Le Parlement a approuvé, le 14 février dernier, le remaniement ministériel. Celui-ci intervient dans un contexte économique et social tendu, résultant du plan de réforme économique lancé en novembre dernier. Ainsi, neuf nouveaux ministres chargés des portefeuilles économiques et sociaux ont été nommés. Ceux-ci, expérimentés, sont jugés aptes à répondre aux attentes économiques et sociales. Le ministère de l’Investissement et celui de la Coopération internationale ont également fusionnés.
Dans un même temps, cinq gouverneurs ont été remplacés. Parmi les nouveaux gouverneurs se trouve une femme, une première dans l’histoire contemporaine de l’Egypte. Ceux-ci se sont réunis avec le président de la République après avoir prêté serment. Le chef de l’Etat leur a rappelé les consignes à suivre : réformer les municipalités, servir les citoyens ainsi que de mettre en place des projets de développement. Malgré l’arrivée d’une femme, ce remaniement suit la coutume de nommer des anciens généraux de la police ou de l’armée à ces postes clés.
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Lois sur les ONG
Les ONG restent des cibles prioritaires pour les autorités égyptiennes, qui viennent de fermer les bureaux de El Nadeem Centre, un groupe de défense des droits de l’Homme de premier plan qui vient en aide aux victimes de violence et de torture. L’ONG a déjà essuyé deux tentatives de fermeture. Cette fois, elle est accusée d’avoir violé les conditions d’attribution de sa licence.
Cette attaque renforce l’idée que le gouvernement veut faire taire les voix dissidentes et montre que la société civile est réprimée plus que jamais. Certains n’hésitent pas à affirmer que la loi sur les ONG cherche à « effacer la société civile ».
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Acquittement de l’ancien Président Hosni Moubarak
L’ancien Président Hosni Moubarak, destitué après les soulèvements de 2011, vient de se voir acquitté par la Cour de cassation jeudi dernier dans le dossier de suspicions d’incitations aux meurtres de centaines de manifestants. Le tribunal a rejeté la demande des avocats de la partie civile d’ouvrir à nouveau les poursuites civiles, empêchant toute possibilité d’appel ou de révision.
P.S.