Énergies
Pétrole
La compagnie saoudienne Aramco a suspendu ses livraisons de pétrole à l’Égypte. Cependant, le ministre du pétrole égyptien a annoncé que cette coupure n’avait aucun lien avec le vote au Conseil de sécurité de l’ONU et que sa durée était indéterminée. Le contrat pétrolier de cinq ans serait donc toujours valable. Il assurait à l’Égypte un approvisionnement en pétrole de 700 000 tonnes par mois depuis avril 2016. En réponse à cette suspension, l’Égypte cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement. Un mémorandum de coopération pour l’importation de pétrole a ainsi été signé avec l’Irak qui fournit 200 000 barils de pétrole par mois à l’Égypte. Afin de subvenir aux besoins pétroliers du pays, les livraisons pourraient atteindre un million de barils par mois, suivant un modèle à crédit : l’Irak vend son pétrole à un prix avantageux et permet à l’Égypte de ne pas payer à l’avance. Dans tous les cas, l’EGPC (l’Egyptian General Petroleum Corporation) compte allouer plus de 500 millions de dollars à l’achat de pétrole pour subvenir aux besoins du pays et rectifier les déficiences causées par la suspension de pétrole saoudien. Jusqu’à 2012, l’Égypte était un exportateur de pétrole et de gaz naturel et non pas importateur.
De plus, la dévaluation de la livre égyptienne, le 3 novembre 2016, a entraîné le lendemain une hausse de près de 50% du prix du pétrole. Cette hausse soudaine est notamment due à une décision du gouvernement de réduire les subventions pétrolières. Cette mesure fait partie de la politique d’austérité établie par le gouvernement cet automne.
Charbon
Relancé il y a un an par le ministre de l’Environnement, le retour du charbon pour compenser le manque de gaz naturel pose problème. Pour faire face aux pénuries d’approvisionnement énergétique, l’Égypte compte en effet installer de nouvelles centrales énergétiques alimentées au charbon avant 2022. Cette décision est régressive sur le plan écologique. Déjà des familles vivant près d’une usine de ciment à Alexandrie, se plaignent des couches de poussières noires, attribuées aux émissions de charbon, qui couvrent leurs toits. La pollution affecte de manière importante la santé des habitants de la zone environnante où des taux de CO2 plus élevés que la norme ont été mesurés dans l’air.
Par ailleurs, l’Autorité de Développement Industriel a accordé quatorze licences au cours de l’année 2016 pour l’établissement d’usines de ciment gris dans les gouvernorats de Beni Suef, Minya, Qena, Sohag, Aswan, New Valley, Suez, Marsa Matrouh et dans le Sinai du Sud. La production devrait ainsi atteindre les deux millions de tonnes par an et par projet. La production de ciment ne fait qu’augmenter — passant de 50 à 70 millions de tonnes par an ces six dernières années — pour pouvoir subvenir aux besoins croissants du pays. Pourtant, nombre de projets, notamment dans le secteur de l’habitation, sont retardés à cause de la pénurie d’énergie.
Gaz
L’Égypte se retrouve une fois de plus obligée d’importer 2,2 milliards de gaz liquéfié afin de combler l’écart entre la consommation et la production nationales. Le pays tente tout de même de diminuer son importation de gaz en exploitant les quatorze nouveaux gisements et en augmentant la capacité de production de gaz en eau profonde dans le gisement méditerranéen Zohr via la collaboration entre Eni SPA, une compagnie Néerlandaise, et l’EGPC. Eni SPA semble cependant être la principale bénéficiaire de cette association puisqu’elle détient l’intégralité des parts de prospection du gisement égyptien.
Environnement
Des pluies diluviennes ont frappé la ville de Ras Gharib dans le gouvernorat de la Mer Rouge fin octobre. Les inondations consécutives ont provoqué le décès de 18 personnes et blessé 72 personnes. Des militaires ont été dépêchés sur place pour déblayer les dégâts et assurer la distribution d’environ 100 000 repas. Un deuxième convoi militaire a été envoyé pour sauver le bétail. Le Ministère de Logement a quant à lui octroyé 600 blocs d’habitations aux citoyens ayant perdu leurs logements. Ces unités ont été construites dans le cadre d’un projet de logements sociaux et sont prêtes à être livrées immédiatement, d’après le ministre du Logement.
À la fin de l’année 2015, le gouvernement s’était engagé à améliorer les infrastructures afin d’être mieux préparé aux prochaines pluies hivernales qui, chaque année, font des dizaines de morts et de blessés. Une promesse qui n’a pas été suivie de faits. Ces pluies expliquent la couleur foncée et la texture boueuse des eaux du Nil à la fin du mois d’octobre.
Eau
Le 26 octobre, le ministre de l’Irrigation soudanais, Moataz Moussa, s’est rendu au Caire pour participer aux négociations sur le Barrage de la Renaissance en cours de construction, dans le cadre de l’Arab Water Council Session. Moussa et son homologue égyptien ont discuté du barrage et de la régulation de l’eau du Nil (Focus – Partage des eaux du Nil entre Égypte, Soudan et Ethiopie).
Le ministre des ressources d’eau et d’irrigation Mohamed Abdel Aaty met en cause la surpopulation de l’Égypte pour justifier les pénuries d’eau. Selon lui, le pays consomme environs 80 milliards de mètres cubes d’eau par an, dont cinquante-cinq milliards de mètres cubes issues du Nil. Le reste des besoins est couvert par d’autres sources, à savoir les eaux de pluie (côte méditerranéenne), l’eau des nappes phréatiques et le recyclage des eaux agricoles usées. Le cabinet de Mohamed Abdel Aaty a présenté cet automne un plan agricole alternatif pour remédier à la pénurie d’eau. Une des propositions serait d’interdire l’exportation de riz et de limiter la superficie des rizières à 280 000 hectares (400 000 ha sont cultivés actuellement). Il compte également faire des améliorations dans le domaine de l’irrigation agricole, en élaborant par exemple des stratégies de recyclage des eaux agricoles usées.
Agriculture
Depuis le mois d’octobre, le pays subit une pénurie de sucre qui a poussé le gouvernement égyptien à augmenter ses importations pour compenser les 200 000 tonnes de sucres manquantes. Le gouvernement espère ainsi calmer l’hystérie générale qui alimente la hausse de prix et la diminution accélérée des réserves. Le gouvernement accuse les sucriers et les commerçants de ne pas distribuer leurs réserves. En conséquence, près de 9 000 tonnes de sucre ont été saisies le 20 octobre chez des grands groupes, tel Edita, propriétaire de Twinkies. Le 1er novembre, le ministre de l’Approvisionnement égyptien a décidé d’augmenter le prix du sucre de 40% — tout en maintenant sa subvention — et de distribuer gratuitement du sucre pour empêcher une trop forte hausse. Le prix du kilo a cependant doublé, atteignant 10 LE contre 5 LE avant la pénurie.
On attribue plusieurs causes à cette crise. La première est la hausse globale du prix du sucre sur le marché mondial, causée par de mauvaises conditions météorologiques au Brésil, principal producteur et exportateur de sucre. Un nouveau rapport préparé par le gouvernement américain met également en cause le gouvernement égyptien, qui, en raison de la pénurie d’eau, aurait instauré un programme visant à convertir les plantations de canne à sucre en plantations de betteraves sucrières moins nécessiteuses en eau entraînant une baisse temporaire de la production. Une étude comparative des deux types de sucres a été publiée en mars 2016. Il existe aujourd’hui neuf sucreries, toutes en Haute-Égypte, et six usines de traitement de betteraves sucrières. Une septième usine de traitement de betteraves sucrières devrait être construite cette année, ce qui pourrait diminuer la dépendance en sucre importé de 25%.
De plus, plusieurs traders égyptiens auraient décidé d’arrêter les importations de sucre par manque de devises étrangères (Revue de presse – Économie, novembre 2016). En effet, la limite imposée par le gouvernement concernant les devises déposées en banque n’a pas été levée pour le sucre, car il n’est pas considéré comme une denrée alimentaire. Enfin, les tarifs à l’import ayant augmenté de 2% à 20%, de nombreuses compagnies de sodas et autres jus ont décidé, cette année, de s’approvisionner en sucre égyptien plutôt qu’en sucre importé. Cependant, la solution gouvernementale consistant à s’emparer des réserves et d’en réguler la distribution n’est pas durable. Le gouvernement ne détient pas assez de centres de distribution pour satisfaire la demande en sucre de tous les citoyens. De surcroît, cette politique a entraîné la création d’un marché informel qui a fait grimper le prix du sucre. La crise sucrière est une bonne illustration du manque frappant d’organisation et de prévision du gouvernement égyptien.
F.M.