
“Y a-t-il des structures invariantes à l’esprit arabe ?”
La conférence aura pour but à travers un voyage dans la culture et la pensée arabe de montrer qu’il est très difficile de figer les structures de l’esprit arabe dans un invariant de nature théologico-politique, comme on a trop tendance à le faire aujourd’hui. Les approches et recherches anthropologiques sur l’esprit ou le caractère d’un peuple sont dangereuses, car les peuples ou tout groupe humain changent au fil des siècles. Les grands évènements politiques, les invasions et changements démographiques et sociaux, sont autant de facteurs qui bouleversent les structures de la pensée et de la culture.
Dans le cas de la culture arabe, il convient de rappeler ses origines dans l’art de la poétique et de la rhétorique, puis dans la grande variété des formes de pensée et d’expression qui l’ont caractérisée à la suite de la venue de la prophétie coranique et de la constitution des deux empires Omeyyade et Abbaside. Après plusieurs siècles de déclin et de stagnation, la pensée arabe renaît suite au contact avec les idées de la modernité européenne. Elle connaît de très riches œuvres dans les domaines littéraires et artistiques, comme dans la réflexion générale sur les causes du déclin des Arabes et des sociétés musulmanes en général.
Toutefois, d’importants développements politiques et géopolitiques, mais aussi économiques, contribuent à contrarier cette renaissance. Une culture de l’islam politique militant est très largement portée et appuyée par les vents de la guerre froide, qui tire avantage des échecs politiques successifs des régimes arabes se réclamant d’un nationalisme arabe militant. La domination de cette culture a créé dans les nouvelles générations un double « trou de mémoire » sur ce qu’a été la richesse et la variété de la culture arabe aussi bien dans la culture arabo-musulmane classique que dans la culture arabe moderne.Il est donc urgent d’œuvrer pour rétablir une mémoire complète et objective de la réalité et de la nature de la culture arabe, en tant que culture profane.
Georges Corm est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (1961) et docteur en droit public de la Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (1969). Il a enseigné dans diverses universités du Liban depuis 1969.Il a été ministre des finances du Liban (1998-2000) et il est professeur depuis 2001 à l’Institut de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.
Son intervention en français sera simultanément traduite en l’arabe. Elle sera suivie d’un cocktail dans le patio de l’Institut. Accès libre dans la limite des places disponibles.
Auditorium de l’Institut français d’Egypte
Dimanche 13 novembre 2016, 18h