Politique intérieure
Al-Sissi appelle à la solidarité des Égyptiens
Montée en flèche des prix, corruption ou encore autoritarisme, voilà les thèmes qui préoccupent ces derniers temps les Égyptiens. Les appels à la manifestation du 11 novembre démontrent un mécontentement vis-à-vis des politiques menées par le pouvoir actuel. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a récemment donné une interview commune aux journaux pro-gouvernementaux Al-Ahram, Al-Akhbar et Al-Gomhouriya afin de rassurer les Égyptiens sur la politique qu’il mène. Il désigne des boucs émissaires aux problèmes que connaît le pays et accuse des « forces du mal » de pousser à la manifestation. C’est le cas du mouvement « Dunk », qui nie toute affiliation politique mais qui bénéficie du soutien des Frères musulmans, et est accusé d’être financé par l’étranger. Le Président profite aussi de l’occasion pour s’en prendre aux médias, les accusant de saper le moral des Égyptiens en relayant des informations inexactes. Les questions de lutte contre le terrorisme, de réformes et de rôle de l’armée dans le maintien de la sécurité dans le pays ont également été évoquées. Le président appelle les Égyptiens à rester solidaires du projet gouvernemental et à faire preuve de patience, mais à quel prix ?
Début de la nouvelle session parlementaire
De grands dossiers devraient être traités lors de cette nouvelle session parlementaire : des projets de lois concernant la lutte contre la corruption, l’émigration clandestine, ainsi que la justice transitionnelle vont être présentés au Parlement. L’investissement et diverses législations agricoles sont également à l’ordre du jour. Enfin, un énième remaniement ministériel devrait être annoncé.
Loi sur la construction de lieux de culte pour les chrétiens
La session parlementaire actuelle discute toujours de la future loi sur la construction des églises exigée par la Constitution de 2014. Si la législation ne devrait plus être une entrave à la construction des églises chrétiennes, la bureaucratie pourrait en rester une. En effet, l’administration a pour habitude de dépasser les délais prévus pour examiner les permis de construire. Seule une loi coercitive pourrait faire changer la situation, en obligeant les comités de représentants des autorités locales à rendre une décision à propos de la construction des lieux de culte pour les chrétiens en respectant la durée impartie.
Affrontements dans le Sinaï
Le Sinaï connaît depuis plusieurs années une instabilité chronique liée à la présence de l’État islamique (Daesh). Une nouvelle attaque terroriste a eu lieu mi-octobre à Beir Al-Abd, entraînant la mort de 12 soldats. Ce dernier affrontement a obligé les autorités égyptiennes à reconsidérer leurs dispositifs de sécurité à l’échelle du pays. En effet, la zone de l’incident était considérée comme sûre. Face aux revers de l’organisation État islamique en Irak et en Syrie, ses membres des régions voisines intensifient leurs actions. Les experts craignent également que le démantèlement de Daesh pousse les islamistes à se disperser dans les pays voisins.
Suppression du champ de l’identité religieuse sur tous les documents administratifs à l’université du Caire
Le 11 octobre dernier, sous l’impulsion du directeur de l’université du Caire, Gaber Nasser, il a été décidé que la mention de la confession disparaîtrait des documents administratifs du personnel et des étudiants. Cette décision, qui doit protéger chacun de toute forme de discrimination liée à son appartenance religieuse, entre en vigueur début novembre. Le syndicat des ingénieurs a aussi annoncé avoir pris une décision similaire. La garantie d’un anonymat religieux, permettant une égalité entre chaque individu, est toutefois fortement critiquée par les prédicateurs islamistes qui voient en cela une négation de l’islam.
Rejet de l’appel de Morsi
La cour de cassation égyptienne a rejeté le dernier appel de Morsi concernant les affrontements devant le palais présidentiel Ittihadiya qui ont coûté la vie à 10 personnes en décembre 2012.
L’Egypte fête 150 ans de vie parlementaire
Le 9 octobre dernier était célébré le 150ème anniversaire du Parlement égyptien à Charm El-Cheikh. Le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi a saisi l’occasion pour promouvoir l’Égypte auprès des nombreux parlementaires internationaux qui avaient fait le déplacement. L’objectif de cette célébration était double. D’un point de vue politique, il s’agissait de rassurer les représentants occidentaux sur l’ouverture du pays, notamment avec l’octroi d’un pouvoir croissant au Parlement, accompagné d’une augmentation relative de la présence des femmes en son sein. Elles sont aujourd’hui 89 à siéger dans l’hémicycle égyptien sur 596 représentants, soit 14,9% des membres de la chambre. La cérémonie était organisée par des entreprises touristiques et commerciales, ce qui laisse penser que l’objectif était aussi économique : rassurer de potentiels investisseurs étrangers. Considérant la situation préoccupante de l’économie égyptienne, un tel événement pourrait permettre de redonner confiance à ces derniers.
Politique extérieure
Renforcement des relations entre l’Égypte et le Soudan
Le 5 octobre dernier, Omar Al-Béchir, le président soudanais, s’est rendu au Caire afin de rencontrer le président égyptien, Abdel-Fattah Al-Sissi. Cette rencontre bilatérale a été marquée par la signature d’un partenariat stratégique composé de 17 accords, essentiellement économiques et commerciaux. Cinq jours après, le président égyptien s’est rendu en visite officielle à Khartoum, la capitale soudanaise. Il a profité de la séance de clôture de la « conférence de dialogue national » pour rappeler les intérêts communs entre l’Égypte et le Soudan mais aussi pour récuser les accusations d’ingérence de la part de son gouvernement dans les affaires de l’Éthiopie. Les rapports entre l’Égypte et l’Éthiopie sont tendus, à cause de la construction du barrage hydroélectrique Renaissance (lire notre revue de presse thématique consacrée au partage des eaux du Nil) sur le Nil, en territoire éthiopien. Toutefois, les trois pays concernés, l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte, sont parvenus à s’accorder, le 20 septembre dernier, pour déléguer à deux entreprises françaises le soin de mener des études sur l’impact de la construction du barrage.
Projet de loi contre l’émigration clandestine
Le parlement égyptien a approuvé, en première lecture, le projet de loi contre l’émigration clandestine. Cette dernière est au cœur de l’actualité, avec notamment le naufrage d’un bateau transportant 450 migrants, le 21 septembre dernier, qui a suscité de vives réactions à l’échelle internationale, contraignant les politiques à légiférer. Certains députés n’hésitent pas à montrer leur insatisfaction à l’égard de la politique gouvernementale et réclament des actions plus fermes dans la lutte contre l’émigration clandestine.
Frictions entre l’Arabie Saoudite et l’Égypte
Actuellement, les deux pays s’affrontent par diplomatie interposée sur la question de la guerre en Syrie. En effet, l’Égypte s’est attirée les foudres de l’Arabie Saoudite en votant pour la résolution proposée par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie soutient activement le régime de Bachar Al-Assad tandis que l’Arabie Saoudite est ouvertement opposée à celui-ci. L’Égypte se distingue ainsi de la politique étrangère menée par l’Arabie Saoudite. Pour exprimer son mécontentement, le royaume saoudien a rappelé son ambassadeur à Riyad pendant que la compagnie pétrolière saoudienne Aramco a suspendu ses livraisons pour le mois. Cette suspension de livraison de l’or noir fait aussi suite à l’annulation de la cession des îles de Tiran et Sanafir par la Cour administrative égyptienne. Ces désaccords ne devraient cependant pas aboutir à une rupture entre les deux pays, qui restent des partenaires privilégiés.
Exercice militaire commun entre la Russie et l’Égypte
Du 16 au 26 octobre, la Russie et l’Égypte ont mené ensemble un exercice militaire nommé « Gardien de l’Amitié 2016 », dans la région d’El-Alamein, dans le nord-ouest de l’Égypte. C’est la première fois que des soldats russes s’entraînent sur le sol égyptien. Si l’exercice n’est présenté que comme une formation habituelle, il démontre une présence croissante de l’armée russe dans la région et une volonté de la Russie de concurrencer les États-Unis. Ces derniers restent cependant des partenaires de premier plan de l’Égypte, versant une aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars.
P.S.