Les chiffonniers du Caire, ou zabbalines en arabe, ont fasciné les chercheurs et journalistes depuis plusieurs décennies. Ces communautés vivant de la collecte des déchets, de leur recyclage et de l’élevage de porcs nourris par les restes organiques, se situent en effet à la croisée de nombreuses problématiques fondamentales liées à la capitale égyptienne. Leur situation souligne les failles d’un État qui ne s’est avéré capable ni de gérer le ramassage des ordures ménagères, ni d’intégrer pleinement cette population marginalisée.
Les chiffonniers sont également au cœur des questions environnementales : en effet, ils sont souvent perçus par les organisations internationales comme un facteur positif, car on leur prête un très important taux de recyclage des matériaux collectés. Cette perspective mérite probablement d’être examinée de près car les techniques de recyclage des matériaux sont souvent elles-mêmes extrêmement polluantes.
A l’inverse, les médias égyptiens abordent le plus souvent ces populations sous l’angle du danger sanitaire qu’ils sont supposés représenter. Rappelons que la plupart des zabbalines sont des chrétiens qui vivent de l’élevage d’un animal jugé impur par la culture dominante, une situation délicate soulignée par la crise de 2009 : cette année-là, le gouvernement égyptien décida d’abattre tous les cochons du pays au prétexte de juguler la grippe dite porcine.
On ajoutera enfin aux facteurs qui font des chiffonniers un sujet attractif, le site exceptionnel qui abrite la plus connue des sept communautés de chiffonniers, à savoir la colline du Muqattam. Le père Samaan qui a construit d’énormes églises nichées dans la falaise a également beaucoup contribué à la célébrité du lieu.
Ainsi, depuis de nombreuses années, plusieurs thèses et mémoires de master ont porté plus ou moins directement sur les chiffonniers depuis les travaux de Günter Meyer et Ragui Assaad, jusqu’à ceux plus récents de J. Furniss, L. Debout et B. Florin parmi tant d’autres. La plupart de ces recherches portent essentiellement sur la communauté du Muqattam. Des documentaires ont été réalisés (Garbage Dreams, Marina of the Zabbaleen) et d’innombrables articles de presse abordent l’un ou l’autre aspect de la question.
L’objectif de ce numéro d’Egypte Monde Arabe est donc de rassembler pour la première fois les études portant sur les divers aspects touchant à la vie et l’activité des zabbalines, mais aussi d’interroger de façon critique une certaine fascination académique pour cet objet d’étude. Les contributions, en anglais ou en français, peuvent porter directement sur les chiffonniers (travail, religions, organisation sociale…) ou les aborder via des thèmes (développement urbain, gestion des déchets, hygiène publique, pollution…) au sein desquels les zabbalines ne sont qu’un acteur parmi d’autres, ou bien encore il s’agira de proposer une analyse plus critique et réflexive sur les zabbalines comme objet d’étude. Comment la présence répétée de chercheurs est-elle reçue chez les chiffonniers et quels en sont les impacts ?
Les résumés ou propositions d’article (1 page max), en français ou en anglais, doivent être accompagnés d’un titre provisoire et de renseignement biographique (affiliation, coordonnées…). Ils sont à envoyer à l’adresse suivante : gaetan.duroy@gmail.com
Date limite pour l’envoi des résumés : 30 septembre 2016
Notification des abstracts sélectionnés : 31 octobre 2016
Date limite pour l’envoi des articles complets : 15 janvier 2017
Relecture-commentaires-envoi d’une version corrigée : début avril 2017
Publication du numéro : juin 2017
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