Atelier de recherche du CEDEJ
10 ans de société incivile en Tunisie
par Amin Allal
Depuis 2011 en Tunisie, la fin du régime autoritaire ante s’est caractérisée par des phénomènes inédits dans l’histoire du pays : un pluralisme partisan et associatif réel, une autonomie du syndicalisme, plusieurs alternances, une constitution adoptée présentée comme garante des avancées démocratiques. Pour autant, la vitalité d’une société civile organisée masque mal la désaffiliation voire la défiance populaire aux processus politiques en cours. Illusion d’une « transition démocratique », cette société civile promue et saluée à l’étranger a son envers : la société incivile. Elle est formée par de nombreuses populations aux pratiques récurrentes caractérisées par un éloignement vis-à-vis des partis, associations ou syndicats. Ces pratiques sont rarement entendues comme susceptibles de redéfinir les rapports au politique. Cette société incivile est réduite à des pratiques infra politiques, à des illégalismes ou encore à des réalités « domestiques ». Cette intervention défend l’idée inverse : depuis l’élan de la dynamique révolutionnaire, nombre de ces pratiques sont des analyseurs pertinents des transformations des rapports au politique et forment pour ainsi dire la révolution des « autres ».
Amin Allal, chercheur en sociologie politique au CNRS/CERAPS CNRS UMR 8026 en accueil au cedej dans le cadre du dispositif de soutien à la mobilité internationale – Inshs. Il travaille sur la sociologie comparée des milieux populaires en Tunisie et en Egypte.
Discutante:
Dina ElKhawaga: Professeure associée de politiques et d’administration publiques. Faculté d’économie et de sciences politiques-Université du Caire