Covid-19
La fin du mois de novembre est marquée par un retour des inquiétudes sanitaires liées à l’apparition d’un nouveau variant du Covid-19, le « Omicron », dont l’existence a été rapportée par l’Afrique du Sud. La Belgique a par ailleurs annoncé que son patient zéro aurait été contaminé en Égypte. Le Ministre de la santé par intérim, le Ministre de l’éducation supérieure Khaled Abdel Ghaffar – qui remplace la Ministre Hala Zayed actuellement en congé maladie – a cependant nié l’existence du variant sur le sol égyptien. Le Canada a pour aurant annoncé l’interruption de ses vols avec l’Égypte, la Suisse a annoncé une quarantaine de dix jours obligatoire pour les voyageurs en provenance d’Égypte, tandis que l’Égypte, ainsi que de nombreux pays, a interrompu ses vols avec l’Afrique du Sud. L’Égypte a également restreint l’entrée des voyageurs en provenance de 6 autres pays ayant rapporté la présence du variant sur leur sol : Botswana, Swaziland, Lesotho, Mozambique, Namibie and Zimbabwe. Des tests doivent être effectués pour les voyageurs originaires de ces pays qui transitent par l’Égypte. Tous les passagers testés positifs devront retourner dans le pays d’où ils viennent. Les voyageurs en provenance de ces pays désirant entrer en Égypte seront refoulés si leur test est positif, et ceux dont le test est négatif devront s’isoler pendant une semaine avant d’effectuer un nouveau test PCR.
Par ailleurs, une nouvelle loi « pandémie » a été adoptée à la mi-novembre. Cette loi garantira des pouvoirs étendus aux autorités dans des situations de pandémie ou d’épidémie. L’article 5 de la loi prévoit notamment de punir « toute personne qui diffuse, publie ou promeut intentionnellement des nouvelles, des déclarations ou des rumeurs fausses ou tendancieuses liées à la situation épidémique si elles sont de nature à troubler la paix publique, à semer la panique parmi les citoyens ou à nuire à l’intérêt public, d’une peine d’emprisonnement d’un an et/ou d’une amende de 10 000 EGP ». Si les députés ont voté un amendement pour exclure les journalistes de cet article, les chercheurs, les travailleurs médicaux, ainsi que tout autre utilisateur des réseaux sociaux ne seront pas épargnés. Certains des articles de la loi ont été directement repris des amendements qui avaient été faits à la loi sur l’état d’urgence – levée depuis le mois dernier– en mai 2020, au début de la pandémie. Ainsi, en cas de pandémie, 25 mesures exceptionnelles peuvent être imposées, comme la suspension du travail et de l’enseignement ou le report de certains payement (notamment les factures d’électricité, ou le payement de l’impôt en plusieurs versements). En vertu de cette loi, le Premier Ministre peut notamment fixer les tarifs de traitements des hôpitaux privés – dont les prix élevés avaient suscités de nombreux débats lors de la première vague de Covid-19.
92 % du personnels publics est désormais vacciné en Égypte. Ceux qui ne le sont pas ne peuvent désormais plus se rendre sur leur lieu de travail depuis la mi-novembre, à moins de fournir un test PCR hebdomadaire. Cette mesure va s’étendre à toute personne souhaitant se rendre dans un bâtiment de l’administration publique à partir du 1er décembre.
La vaccination s’ouvre désormais aux lycéens, tandis que les personnes à risques peuvent maintenant recevoir une troisième dose. Le ministère de la Santé envisage de commencer à vacciner les enfants âgés entre 11 et 15 ans avec le vaccin Pfizer. Par ailleurs, des centres de vaccination contre la COVID-19 ont été installés dans les stations de métro cairotes. Le premier a été implanté dans la station Sadate. Au total, 20 unités de vaccination sont prévues dans 15 stations. L’opération a commencé à la mi-novembre.
Procès
Des peines de prison ont été prononcées par une cour d’assises de la sécurité de l’état d’urgence mi-novembre contre plusieurs membres de la « Coalition de l’espoir », reconnus coupables de « diffusion de fausses nouvelles dans le pays et à l’étranger ». L’ancien député Zyad Elelaimy a écopé de cinq ans de prison, tandis que le journaliste Hisham Fouad et Hossam Moanis, le directeur de campagne de l’ancien candidat à la présidence Hamdeen Sabbahi, ont été condamnés à quatre ans de prison. Ils peuvent encore être également condamnés pour l’affaire initiale pour laquelle ils ont été arrêtés en juin 2019, alors qu’ils préparaient une alliance politique pour les élections parlementaires de 2020.
Par ailleurs, mi-novembre un arrêt définitif de la Cour de cassation a confirmé une décision de la Cour pénale du Caire rendue il y a un an d’inscrire le chef du Parti de l’Égypte forte Abdel Moneim Aboul Fotouh, son adjoint Mohamed al-Qassas et le militant politique Alaa Abdel Fattah sur la liste terroriste, après le rejet de leurs appels. Les verdicts de la Cour d’urgence de la sûreté de l’État dans les procès Alaa Abd El Fattah, de l’avocat Mohamed al-Baqer et du blogueur Mohamed “Oxygen” Ibrahim devraient être rendus le 20 décembre prochain. Hossam Bahgat, directeur exécutif de l’Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR), a été condamné à une amende de 10 000 EGP par la cour d’appel économique du Caire fin novembre, pour diffamation à l’encontre de l’Autorité Électorales Nationale dans un tweet en 2020.
Papers
Une enquête publiée par le site d’information Disclose révèle que l’Égypte a utilisé des renseignements français pour mener des frappes aériennes contre des civils soupçonnés de contrebande. Ce rapport, qui s’appuie sur des centaines de documents militaires français divulgués par une source anonyme dévoile l’existence d’une opération militaire conjointe, baptisée Sirli. Celle-ci est censée fournir à l’Égypte des renseignements sur des militants susceptibles de représenter une menace terroriste le long de la frontière du pays avec la Libye, grâce à une surveillance aérienne française. Les membres de la Direction du renseignement militaire français déployés sur place ont rapidement remarqué que l’équipe égyptienne utilisait ces informations à d’autres fins, notamment pour cibler des contrebandiers, et ont alors signalé ces abus à leurs supérieurs à plusieurs reprises, sans réaction. D’après le rapport, les forces françaises seraient ainsi impliquées dans au moins 19 frappes aériennes contre des civils entre 2016 et 2018.
En réaction à ces révélations, la ministre de la Défense française a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces allégations, tandis que les députés de la France insoumise ont annoncé leur intention de demander l’ouverture d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale.