Urbanisme
Poursuite des efforts en matière de logements sociaux
Le 5 octobre, Journée Mondiale de l’Habitat, un Plan National pour le Logement a été lancé. Il est sensé garantir à chacun un droit au logement décent, en particulier pour les familles à faibles revenus. Des projets similaires à Bashayer Al-Khair et Asmarat sont prévus dans tous les gouvernorats et le Premier ministre, Mustafa Madbouly, répertorie les terrains disponibles pour les accueillir. Le Président Abdel Fattah al-Sissi s’est engagé à fournir 250 000 logements. En ce sens, le Conseil des ministres a déjà modifié les conditions d’accès aux logements sociaux, rendant ainsi disponibles 100 000 logements pour des ménages à faibles revenus (de 75 à 90 m²) et 25 000 pour des ménages à moyens revenus (de 100 à 120 m²). De nombreux logements sociaux sont aussi en construction dans la ville de Badr. Pour la première fois, des installations sportives en plein air ont été installées dans un ensemble de logements sociaux à Shorouk.
Renouvellement urbain et quartiers populaires au Caire
En périphérie du Caire, à Shubra el-Khaima, les autorités municipales ont mené une campagne d’élimination des empiètements sous le périphérique. Une action semblable a été réalisée dans la ville de 6 Octobre afin de remédier aux extensions informelles sur les toits des immeubles de logements sociaux. Ces mesures s’inscrivent dans la lutte contre les constructions non-réglementaires. Concernant la loi de réconciliation, certains experts recommandent d’allonger le délai (qui doit se terminer à la fin du mois). Ils mettent en avant les effets positifs de la loi de réconciliation qui permet de faire un point sur l’état du bâti et d’inventorier les constructions présentant des défauts structurels et donc dangereuses. Le Premier ministre a finalement annoncé un second report jusqu’au 30 novembre.
Au Caire également, un nouveau quartier devrait voir le jour le long de l’aqueduc médiéval suite à la destruction d’une bonne partie de la zone de Magrat el-Uyun. Le Premier ministre a assuré que les travaux de déblaiement des débris seraient bientôt achevés. La phase d’aménagement suivante de cette zone de 38 hectares comprendra la valorisation patrimoniale de l’aqueduc, la sécurisation et l’accès au site archéologique, la création d’un quartier d’artisanat traditionnel, l’aménagement de places de stationnement. Un grand projet urbain est également prévu sur la zone d’Ain el-Sira (à proximité de Fustat) où de nombreux bâtiments avaient été détruits et des familles relogées en septembre 2019. Sur une superficie de 26 hectares et pour un coût de 280 millions de livres, sont prévus des parcs, des espaces de loisirs, des sentiers pédestres, des cafés et restaurants, un parking. Des réservoirs d’eau seront aussi installés dans cette zone pour prévenir les risques d’incendies et permettre l’irrigation des espaces verts. Le projet comprend également la construction d’une centrale électrique. Dans le quartier de Sayyeda Zeinab, la deuxième phase du projet Rawdet Al Sayeda va commencer et s’étendre sur 18 mois pour un budget de 500 millions de livres. Cette phase comprend la construction de 15 bâtiments totalisant 700 logements et 50 commerces. La destruction du quartier de Tal Al-Aqareb avait commencé en 2016.
Développement des villes nouvelles
L’entreprise Arab Contractors poursuit les travaux à New Assouan : aménagement des berges avec des passerelles, un jardin le long du Nil, un théâtre d’extérieur, 63 villas donnant sur le fleuve. Le ministre du Logement a souligné que cette entreprise était le bras droit de l’État dans tous les grands projets nationaux.
Les travaux se poursuivent également dans les villes de New Damiette et de New Mansoura. À New Mansoura, des villas, une nouvelle université, une mise en valeur touristique de la Corniche et divers services, éducatifs et médicaux notamment, sont prévus. La construction d’une usine de dessalement d’eau de mer est aussi en cours.
Dans la Nouvelle Capitale, le ministre du Logement supervise les travaux d’aménagement du Cairo Capital Central Park qui devrait devenir l’un des plus grands parcs urbains au monde.
Autres
L’Université agricole d’Ain Shams a aménagé le premier jardin de 2 500 m², planté de 200 arbres fruitiers en hommage aux martyrs de « l’Armée blanche », à savoir les personnels soignants décédés durant la première vague de l’épidémie de COVID-19.
Le 11 octobre, la statue de Ferdinand de Lesseps est arrivée depuis Port-Saïd au Musée international du Canal de Suez à Ismaïlia. Ce dernier devrait ouvrir début décembre. Ce transfert de la statue représentant l’ingénieur français responsable de la réalisation du Canal au XIXe siècle, a fait l’objet de nombreux débats. Elle fut installée en 1899 à l’extrémité de la jetée du port de Port-Saïd. Considérée comme un symbole de la domination étrangère, elle a été enlevée lors de la crise de Suez en 1956. Les habitants de la ville ont depuis toujours refusé de la voir réinstallée sur son socle et elle est restée stockée dans les entrepôts des chantiers navals de Port-Fouad. Un article d’Al Shorouk et un autre d’Al Monitor font le point sur l’histoire de cette statue. En 2012, le collectif « ضد عودة ثمتال ديليسبس » (Contre le retour de la statue de Lesseps) avait demandé d’installer sur le socle la statue d’un paysan égyptien en hommage aux nombreux fellahs qui ont perdu la vie en construisant le Canal. La polémique avait repris au mois de juillet, alors que des déboulonnages de statues avaient lieu un peu partout dans le monde.
À Hurghada, face au manque d’espace disponible en ville, des étrangers résidents permanents ont demandé au Premier ministre l’attribution de terres dans le désert afin d’y installer des cimetières qui leur seraient destinés. Cette demande répond à la fois au souhait des expatriés d’être inhumés en Égypte et à des difficultés financières de rapatriement des corps. Près de 20 000 étrangers, pour la plupart des personnes âgées et des actifs travaillant dans le secteur touristique, résideraient de façon permanente sur la Mer Rouge. Le gouverneur de la Mer Rouge a finalement accédé à leur demande.
Tourisme : diversification de l’offre
Afin d’encourager la reprise du tourisme, le gouvernement a prolongé certaines mesures, notamment l’exemption de frais de visa dans les gouvernorats du Sud-Sinaï, de la Mer Rouge, de Louxor et d’Assouan jusqu’au 30 avril 2021. Le pays craint l’une des pires saisons touristiques depuis des années à l’hiver 2020-2021 avec la baisse des réservations, à l’exception des touristes en provenance de l’Europe de l’Est.
On assiste progressivement à une recomposition du paysage touristique cairote. Le ministère du Tourisme prépare le transfert des momies royales du Musée National Égyptien de la place Tahrir vers le Musée des Civilisations de Fustat. Khaled el-Anani, prépare aussi l’ouverture du Musée des carrosses royaux à Bulaq dont la restauration entreprise en 2001 avait été interrompue avant de reprendre en 2017. Il a également annoncé que la Ouakala du Sultan Qaytbay remontant à l’époque mamelouke – à proximité de la zone de la Cité des morts en partie détruite au mois de juillet – serait transformée en hôtel privé. L’objectif est de touristifier ce quartier jusque-là peu fréquenté au Caire. Par ailleurs, un nouvel éclairage a été mis en place pour mettre en valeur les monuments de la rue El-Moezz, participant un peu plus encore à la patrimonialisation du Khan al-Khalili. Enfin, un restaurant vient d’ouvrir sur le plateau des Pyramides de Gizeh. Lors de son inauguration, un bus électrique a également été présenté. À terme, ces bus permettront aux touristes de faire le tour du site et seront les seuls véhicules autorisés à entrer dans le périmètre. Le Premier ministre s’est quant à lui rendu sur le site du Grand Musée Égyptien pour mesurer l’avancée des travaux.
Dans le sud du pays, plusieurs actions visent à renforcer l’économie touristique. Un projet de valorisation des héritages pharaoniques, coptes, ottomans est en cours à Esna (Voir également la conférence Midan Mounira du 11 octobre). L’objectif est de faire de cette ville plus qu’une simple étape des croisières sur le Nil et de permettre à la population locale de profiter de la rente touristique. À Louxor, l’avenue des sphinx, longue de près de 3 kilomètres, est en cours de restauration.
Le ministre du Logement et le gouverneur de Matrouh préparent le lancement d’une nouvelle ville touristique sur la côte, Ras al-Hikma, avec des tours sur le modèle de New Alamein. Ce projet s’inscrit dans la volonté de faire de la Côte nord-ouest une destination touristique internationale.
Transports
Malgré certaines rumeurs, le gouvernement réaffirme la gratuité des transports en commun pour les personnes âgées dont la retraite serait inférieure à 2 000 livres par mois. Les plus de 70 ans seront exonérés des frais de transport et les plus de 60 ans bénéficieront du demi-tarif.
Le ministre de l’Intérieur a annoncé aux conducteurs un report au 21 novembre de la date limite pour se procurer une vignette permettant de tracer les véhicules motorisés en cas d’infraction. Ce sticker coûte jusqu’à 50 livres. Il permettra également aux conducteurs de payer électroniquement le stationnement et les amendes. La ministre de la Planification et du Développement économique a par ailleurs souligné que les nombreux investissements réalisés en matière d’infrastructures de transport (routes et ponts) depuis 2018 ont permis de réduire la mortalité sur la route de 46 % en 2020 (passant de 13 000 morts en 2018 à 7 000 en 2020).
Pour sa part, le Premier ministre suit l’avancement des efforts réalisés pour la production de voitures électriques en Égypte et pour convertir les taxis et microbus au gaz naturel (résolution ministérielle n°400 de 2020). Sur ce second point, sept gouvernorats ont été choisis pour mettre en œuvre la première phase du projet : Le Caire, Gizeh, Alexandrie, Port-Saïd, Suez, Fayoum et la Mer Rouge.
Un projet de ligne à grande vitesse reliant Ain Sokhna sur la Mer Rouge à Al-Alamein à l’ouest du Delta, en passant par la Nouvelle Capitale Administrative est à l’étude. La France s’est dite intéressée pour sa mise en œuvre. La ligne devrait desservir une quinzaine de gares.
Environnement
Le traitement des déchets
Le 19 octobre, a paru au Journal Officiel la ratification de la loi sur la gestion des déchets (n°202 de 2020) par le président Abdel Fattah al-Sissi. Cette dernière prévoit la création d’un fonds dédié à l’assainissement dans chaque gouvernorat. Il sera alimenté par les redevances collectées auprès des particuliers, des entreprises, des établissements publics, ainsi que par une partie des bénéfices des entreprises qui produiront de l’électricité à partir du traitement de ces déchets. La loi précise que ce fonds ne pourra servir qu’aux opérations de collecte et de traitement des déchets.
Dans le cadre de cette nouvelle loi, le ministère de l’Environnement lutte contre les déchets plastiques. En coopération avec des acteurs du secteur privé et des ONG, il a mené plusieurs actions auprès des citoyens pour limiter l’utilisation de sacs plastiques à usage unique. Un post Facebook du ministère détaille cette mesure (campagne d’information sur Internet, actions dans les écoles, coopération avec le ministère de l’Enseignement supérieur pour encourager les universités et les jeunes à diminuer leur consommation de plastique, nettoyage des plages). Les gouvernorats de la Mer Rouge et du Sud Sinaï, ainsi que le quartier de Zamalek au Caire en ont déjà interdit l’utilisation. Il s’agit de promouvoir l’utilisation de sacs réutilisables ou bien de matières biodégradables.
Pour sa part, le ministre du Développement local a annoncé que la première phase d’équipement des municipalités pour la gestion des déchets solides avançait. Elle comprend entre autres la construction d’usines de traitement des déchets et de décharges officielles (27 prévues dans 18 gouvernorats).
Sur le terrain, les efforts se poursuivent pour une meilleure gestion des déchets. C’est le cas dans le gouvernorat de Sharqiyya, avec des objectifs de santé publique, d’embellissement des villes et de lutte contre une nouvelle vague de COVID-19. Une action de sensibilisation a été réalisée auprès de la population. Des opérations d’évacuation des déchets ont également eu lieu sur les axes routiers interurbains dans le gouvernorat de Qalyubeya et dans certaines villes comme Benha et Shubra al-Khaima. Dans ces villes, le nettoyage des rues s’accompagne d’une éviction des vendeurs de rue et des cafés qui empiètent sur les trottoirs et la voirie. Des décharges urbaines ont été assainies à Shibin el-Kom dans le gouvernorat de Menoufeyya, plus de 50 tonnes de déchets ont été évacués de la ville d’Al-Hammam dans le gouvernorat de Matrouh et plus de 300 tonnes à Biba (Beni Suef). Néanmoins, à Mansoura, certains habitants se sont plaints de l’aménagement d’une décharge officielle près de chez eux. En outre, la ministre de l’Environnement a annoncé que 96 millions de livres avaient été accordés au gouvernorat d’Assiout dans le cadre du Programme national de gestion des déchets.
La lutte contre la pollution atmosphérique
Le Premier ministre et la ministre de l’Environnement ont travaillé ensemble pour réduire la pollution atmosphérique dans le Delta et dans le Grand Caire. Le ministre du Développement Local a chargé les gouverneurs de 8 gouvernorats de former des comités afin de lutter contre le phénomène récurrent des nuages noirs qui survient à la saison automnale. Il est provoqué non seulement par les activités agricoles (combustion de la paille de riz à l’air libre au moment des récoltes), mais aussi par celles des fonderies et des briqueteries. Malgré un certain nombre d’infractions, depuis le début du mois, près d’1,4 tonne de paille de riz a été recyclée dans le pays afin d’éviter la formation de ces nuages noirs de pollution.
Prévenir les risques d’inondation
Marqués par les dégâts causés par les intempéries du mois de mars (voir Revue de presse du mois de mars), tous les gouvernorats se préparent pour la prochaine saison hivernale. Le gouverneur d’Assouan appelle à élever le niveau de préparation des villes. À Suez, dans le quartier d’Al Arbaeen, le sous-gouverneur, lors d’une visite des travaux d’aménagement d’une corniche de part et d’autre du canal, a également inspecté les mesures prises en prévision de la saison hivernale pour gérer les eaux de pluie. D’autres villes se préparent de la même façon, comme New Cairo, New Damiette, New Assiout ou encore les villes de la Mer Rouge et les villes nouvelles. Le Croissant Rouge (équivalent égyptien de la Croix Rouge) se tient aussi prêt en cas de nouvelles catastrophes.
Ces mesures visent à éviter des dommages humains et matériels tels qu’en a connu l’Égypte en mars dernier. Sept mois après cet épisode météorologique violent, le président Abdel Fattah al-Sissi a décidé d’attribuer des terres à certains villages du gouvernorat de Gizeh pour permettre la reconstruction des habitations détruites.
Malgré ces efforts, les fortes pluies qui se sont abattues sur la côte méditerranéenne le 21 octobre ont perturbé la circulation autour d’Alexandrie. Même si son gouverneur assure que tout a été fait pour faire face aux intempéries (mise en place de générateurs électriques en cas de coupure de courant, approvisionnement en matériel médical, préparation des réseaux d’assainissement et d’évacuation des eaux usées, ligne téléphonique d’urgence ouverte 24h/24), la Qalyubeya a été placée en état d’urgence à cause des tempêtes de sable et de la pluie.
Florian Bonnefoi