
Biographie :
Caroline Barbary est docteure en sociologie. Elle a soutenu en mars 2019 une thèse sur les réseaux de la jeunesse révolutionnaire en Égypte, leurs formes d’action collective et leurs recompositions au cours de la période 2011- 2014. A partir d’un travail empirique approfondi et d’une perspective théorique combinant subaltern studies et sociologie des mobilisations, elle a reconstitué les trajectoires biographiques d’une multitude d’acteur.rice.s, qu’elle a articulé aux dynamiques organisationnelles des partis et collectifs informels, et aux reconfigurations politiques de la période révolutionnaire. Dans le cadre du programme « Early Career Researchers » du Conseil Arabe des Sciences Sociales (CASS), en partenariat avec le Centre d’Études et de Documentation Économiques, Juridiques et Sociales (CEDEJ), elle travaille en ce moment sur un nouveau projet portant sur les inégalités socio- territoriales et les politisations différentielles en Égypte, en s’intéressant aux groupes sociaux qui sont la plupart du temps invisibilisés par la recherche, parce que dominés socialement, géographiquement et politiquement. Elle a notamment publié « Une autre jeunesse « copte » de la révolution. Politisation et trajectoires d’engagement dans l’Union des jeunes de Maspero », Tiers monde, 2016, no 3, p. 123-145. https://doi.org/10.3917/come.088.0155
Résumé :
Manifestations de rue, passages aux urnes, création de partis politiques, rédaction de constitutions et changement de pouvoir politique sont autant des épisodes inédits que déroutants pendant les trois années qui suivent le dégagement de Hosni Moubarak (11 février 2011). Si tous ces enchaînements n’ont pas conduit à un dénouement révolutionnaire, ils ont rythmé la vie politique de l’Égypte et ont affecté les choix et les positionnements politiques des différent.e.s acteur.rice.s impliqué.e.s dans ce moment révolutionnaire.
Pendant les trois années durant lesquelles s’attèlent de séquences de transition, d’institutionnalisation, de réactualisation et d’innovation de répertoire d’action, s’instaure une mise en focale de la jeunesse en tant qu’actrice principale de l’œuvre révolutionnaire. Toutefois, un doute subsiste quant au rôle et le positionnement de ce qui est communément appelé « jeunes de la révolution ». De qui s’agit-il ? Des actrices et d’acteurs qui œuvrent dans l’intérêt de la « nation » ou au contraire l’orientent vers une trajectoire transitoire chaotique ? Comment se fait-il qu’elles/ ils soient considéré.e.s un jour comme des héro.ïne.s et le lendemain comme des imposteurs, des espion.ne.s et des renégat.e.s ? A quel jeu s’adonnent ces « jeunes » et comment peut-on comprendre le changement de leur rôle ? Cette interrogation devient d’autant plus complexe lorsqu’on observe les choix et décisions confusément opposés, pris pourtant par les mêmes personnes, à des moments distincts de cette période d’incertitude, notamment en juin 2013, lorsqu’il est question de faire appel à l’armée pour renverser le régime des Frères-musulmans. Cette inconstance autour du positionnement et repositionnement des « jeunes de la révolution » fait l’objet de cet atelier.