TRANSPORT
Protestations suite à l’augmentation du prix du ticket de métro
Le prix du ticket de métro a augmenté le 10 mai. Comme annoncé, il est désormais proportionnel au nombre de stations parcourues (cf. Revue de presse Ville- février 2018), soit 3 LE pour les 9 premières stations, 5 LE jusqu’à 16 stations et 7 LE pour tout trajet de plus de 16 stations. Le prix du ticket de métro, qui avait déjà doublé en mars 2017, était jusqu’à présent unique (2 LE pour n’importe quel trajet). Pour compenser cette mesure, un système de tarifs réduits pour les étudiants, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap a été mis en place, de même qu’une offre d’abonnements plus avantageux.
Cette hausse de prix considérable (+250% pour les plus longs trajets) a été justifiée par l’endettement de la compagnie, qui aurait accumulé une perte de 617 millions de LE, et la volonté de garantir un service de qualité. Le coût de la nécessaire rénovation du métro, dont les infrastructures ont plus de 30 ans, est estimé à 30 milliards de LE. Pour la majorité des usagers du métro, cette augmentation est perçue comme un nouveau coup porté à leur pouvoir d’achat.
Le jour même de l’introduction de la nouvelle tarification du ticket, la présence des forces de l’ordre a été renforcée au sein et aux alentours des stations de métro afin de prévenir les manifestations. Malgré ce dispositif, des protestations ont éclaté, notamment à Helwan, le terminus de la ligne 1, où 28 personnes ont été arrêtées pour rassemblement illégal, détérioration de bien public et agression d’agents publics. Les usagers y subissent plus violemment l’impact du système de prix proportionnels, du fait de leur éloignement géographique du centre-ville. De nombreuses altercations avec les agents et les militaires ont eu lieu aux guichets ou sur les quais, et des usagers ont également été arrêtés pour avoir sauté les barrières à la station el-Marg.
Si la plupart des personnes arrêtées ont été relâchées au bout de quelques heures, le procureur de la sécurité de l’État a ordonné la détention de 30 personnes, le 14 mai, le temps d’une enquête sur ces protestations. 20 personnes ont notamment été mises en cause pour leur affiliation présumée avec les Frères Musulmans. Depuis 2013, une loi interdit les manifestations en Égypte et peut entraîner une peine de prison de 5 ans.
Malgré la répression des manifestations, d’autres initiatives de lutte contre cette hausse des prix ont été mises en place. Une page Facebook proposant d’organiser un boycott du métro, ainsi qu’une application, Baddel Tazkarti (Échange mon ticket), facilitant un système de fraude basé sur l’échange de tickets ont été lancées.
Une coopération franco-égyptienne pour l’entretien de la ligne 3 du métro
Le ministère des Transports a entamé les négociations avec la compagnie de transport française RATP afin de fonder une société chargée de l’entretien et de la gestion de la ligne 3 du métro. Cette ligne, actuellement en construction, fera la liaison entre le quartier d’Imbaba et l’aéroport du Caire. La RATP doit ainsi s’associer à l’Autorité Nationale des Tunnels, une organisation créée en 1983 et responsable de la mise en place du métro au Caire, auprès de laquelle elle partagera l’expertise française dans le secteur. La RATP devrait posséder 20% du capital de la société qui sera créée, tandis que l’Autorité en possèdera 80%.
Vers le développement de la culture du vélo au Caire ?
Le gouverneur du Caire annonçait, en juillet dernier, son intention de favoriser le déplacement par vélo, avec la construction de pistes cyclables et la mise en place d’un système de partage de vélos (cf. Revue de presse Ville – Novembre 2017). Presque un an plus tard, ce projet n’en est qu’à ses balbutiements : seuls les quartiers d’Heliopolis et de Sheikh Zayed possèdent aujourd’hui des pistes cyclables.
L’incubateur de start-up Nahdet al-Mahrousa, créé en novembre 2002, est un programme unique au Moyen-Orient, qui donne leur chance à de jeunes entrepreneurs égyptiens. Il a permis de lancer le projet nommé «Sekkatak Khadra» (Ton chemin est vert) qui a depuis obtenu le soutien de l’ambassade danoise, du gouvernorat du Caire et d’ONU-habitat. L’objectif de ce projet est d’installer 100 points de retrait de vélos dans la capitale pour un contingent de plus de 200 vélos, d’ici la fin du mois de mai 2018. Les initiateurs de «Sekkatak Khadra» espèrent favoriser le développement d’une culture du vélo au détriment de l’utilisation de la voiture. Les points de retrait devraient être installés à Héliopolis et à Downtown, dans des endroits « sécurisés » par la présence d’une caméra de vidéosurveillance.
Parallèlement, un groupe de femmes a lancé un projet social nommé Cairo Cycling Geckos, dont l’ambition est d’aider les gens dans le besoin et les réfugiés. Pendant le mois de Ramadan, elles se rendent à vélo dans des quartiers aisés, où elles vendent des repas du souhour (collation prise avant l’aurore). L’argent ainsi récolté sert ensuite à rémunérer des réfugiés pour la confection de repas qui sont distribués gratuitement à des populations dans le besoin à l’heure de l’iftar (repas qui marque la rupture du jeûne).
Si les femmes se déplaçant à vélo au Caire sont de plus en plus nombreuses, celles-ci sont souvent stigmatisées et pointées du doigt pour cette pratique encore peu répandue. La fondatrice de l’initiative, Noran Salah, souhaite promouvoir et normaliser cette pratique en réunissant un groupe de femmes cyclistes autour d’une « cause juste ».
Des bus électriques à Alexandrie
La ville d’Alexandrie proposera en juin de nouveaux bus électriques. Le ministère des Transports a signé un accord avec la compagnie automobile chinoise BYD qui mettra à la disposition de la ville 15 nouveaux bus électriques ainsi que 18 stations de chargement. Alexandrie sera la première ville d’Égypte à proposer des bus électriques comme transport en commun. Leur coût est le même que celui d’un bus fonctionnant à l’essence, soit 4 millions de LE. Au-delà de leur évident atout environnemental, ils devraient également proposer un meilleur service aux usagers.
Le renouvellement du parc des véhicules de transports en commun est un chantier important pour l’Égypte (cf. Revue de presse Ville – Novembre 2017).
Régularisation des entreprises Uber et Careem
Une loi a été votée par la chambre des représentants début mai afin de réguler l’activité des compagnies Uber et Careem. Elle légalise leur activité en leur permettant d’acquérir une licence de 5 ans pour un montant de 30 millions de LE.
En vertu de la loi, les entreprises de VTC (voitures de transport avec chauffeur) devront fournir les données personnelles de leurs utilisateurs aux services de la Sécurité d’État. Le Conseil d’État a cependant fait remarquer que cette disposition allait à l’encontre de la Constitution.
Afin d’exercer leur activité, les chauffeurs de VTC devront être en possession d’un permis d’exploitation et d’une carte spéciale d’une valeur totale de 3 000 LE, ce qui représente une somme importante dans un pays où le revenu moyen est de 4 000 LE par mois.
En avril dernier, les compagnies Uber et Careem avait été sommées par le tribunal administratif de cesser toutes activités à cause de leur concurrence déloyale. Elles ont cependant fait appel et attendent aujourd’hui la décision finale de la Haute cour administrative (cf. Revue de presse Ville – Avril 2018).
Construction d’un nouveau port fluvial en Haute-Égypte
La construction d’un nouveau port fluvial a commencé le 31 mai dans le gouvernorat de Sohag à 500km au sud du Caire. Ce port, d’une capacité de stockage de 255 000 tonnes, sera le second port bâti dans les régions sud du Nil, après celui du gouvernorat de Qena dont les travaux ont commencé en avril dernier. Le ministère des Transports espère développer le transport fluvial et ainsi réduire les coûts de transport, désencombrer les axes routiers et créer de nouvelles opportunités d’emploi.
ESPACE PUBLIC
Un espace réservé aux femmes à Giza
Un espace réservé aux femmes a été inauguré dans le gouvernorat de Giza, précisément dans le quartier d’Imbaba. Financé par l’agence américaine USAID en collaboration avec le Conseil national égyptien pour les femmes, cet espace propose un terrain de jeux, des zones de places assises et un aménagement paysager singulier. Le but de cette entreprise est de proposer aux femmes un endroit où elles se sentent en sécurité et où elles puissent prendre possession de l’espace urbain. Ce projet s’effectue dans le cadre du programme lancé en 2010 par ONU-Femmes « Safe Cities and Safe Public Spaces ».
Le Caire, deuxième ville la plus polluée au monde
Après avoir été désignée seconde ville la plus bruyante du monde (cf. Revue de presse Ville – Avril 2018), l’Organisation mondiale de la santé a classé Le Caire deuxième ville la plus polluée au monde, après New Delhi. L’organisation a étudié la pollution de l’air dans le monde entre 2011 et 2015. Un rapport de 2017 du programme environnemental des Nations Unies avait estimé que 40 000 personnes décédaient chaque année en Égypte du fait de la pollution. La faible superficie des espaces verts dans la capitale égyptienne est l’une des causes de l’augmentation du taux de pollution, par rapport aux autres villes mondiales subissant également les phénomènes de développement périurbain massif et de la croissance démographique. 12 000 hectares de végétation disparaissent en effet chaque année en Égypte en raison de l’explosion urbaine.
Un plan du gouvernement pour rendre les rues du Caire plus propre
Le ministre de l’Environnement Khaled Fahmy a annoncé que des procédures allaient être mises en place à partir de l’été 2018 afin d’éliminer les décharges illégales du Caire et plus généralement de l’Égypte. Les déchetteries du Caire seront déplacés dans le désert d’Obour. Le but de ces opérations est de rendre la ville plus propre. Selon les statistiques d’EcoMena, 40% des déchets au Caire sont jetés dans les rues ou dans des décharges illégales.
Le ramassage des déchets dans la capitale est assuré par les chiffonniers ainsi que par des entreprises privées. L’explosion démographique et l’absence d’une politique publique concertée avec ces différents acteurs, qui reposerait notamment sur l’intégration du système traditionnel de collecte, de tri et de recyclage des déchets, explique en partie cette situation critique.
NOUVELLE CAPITALE
Une « ville de la connaissance » ?
Les ministères de la Communication et de l’information technologique travaillent en collaboration avec l’entreprise française Schneider Electric, fournisseur d’énergie, pour l’élaboration d’un projet de ville de la « connaissance technologique » dans la nouvelle capitale. Le but serait de permettre un accès facile à l’expertise technique et aux connaissances technologiques. D’autres entreprises devraient se joindre à ce projet.
Une église catholique
Le projet de construction d’une église catholique dans la nouvelle capitale a été approuvé jeudi 24 mai. Elle devrait s’étendre sur 6 000 m2, à proximité de la plus grande église copte d’Égypte et de ses quartiers épiscopaux.
Aurélie Chotard, avec Charlotte Grimont