Principaux indicateurs économiques
Inflation
Le taux général d’inflation augmente de 0,4 point en avril pour atteindre 32,5 %. Sur une année, les prix des aliments et des boissons ont augmenté de 44,3 %, ceux des produits issus du blé de 76,4 %. Enfin les cigarettes coûtent 36 % plus cher.
Chômage
Le chômage continue de baisser. D’après les dernières estimations du CAPMAS (Central Agency for Public Mobilization and Statistics), 12% des Égyptiens n’avaient pas d’emploi au premier trimestre de l’année 2017, soit une baisse de 0,7 point sur un an. Le chômage reste le fléau des jeunes, en effet les 15-29 ans représentent 79% des personnes sans emploi.
Balance commerciale et réserves de devises
Depuis le flottement de la livre, le déficit commercial de l’Égypte s’est réduit tandis qu’augmentent spectaculairement ses réserves de devises étrangères : 19 milliards de dollars ont ainsi été récoltés par les banques du pays depuis le mois de novembre.
Au premier trimestre de l’année 2017, le déficit commercial du pays s’est réduit de 46 % (6,6 milliards de dollars de pertes), principalement en raison d’une importante baisse des importations, devenues très coûteuses depuis la dévaluation de la livre égyptienne.
Secteur bancaire : la BCE augmente le taux d’intérêt directeur
La Banque centrale égyptienne a décidé d’augmenter le taux d’intérêt directeur de deux points : il passe à 16,7 % pour les dépôts et à 17,7 % pour les prêts. Le secteur bancaire a collecté 1 milliard de dollars de dépôts le lendemain de cette décision. Dans le contexte économique actuel, la BCE a fait ce choix pour ralentir la création de monnaie, considérée comme l’une des causes de l’inflation. En effet, la Banque centrale prête de l’argent aux autres banques du pays et a le pouvoir de créer de la monnaie, elle joue en cela le rôle de « banque des banques ». C’est pour cette raison qu’on qualifie son taux d’intérêt de « directeur » : les autres établissements financiers nationaux doivent s’aligner sur celui-ci. En relevant les taux d’intérêts, la Banque centrale veut décourager la création de monnaie : les autres banques sont incitées à ne plus lui emprunter d’argent, car le rembourser coûte plus cher qu’auparavant. Si la Banque centrale ne prête plus, elle ne crée plus de monnaie.
L’institution relâche en parallèle les restrictions sur les transferts bancaires individuels, qui étaient jusqu’à présent plafonnés à 100 000 dollars. Cependant, la libération des affaires et de l’économie ne concerne pas tout les acteurs : les fonds de vingt-huit chefs des Frères musulmans, ainsi que de douze entreprises appartenant à la confrérie, ont été saisis par le gouvernement. Un comité spécial a été créé en 2014 avec pour objectif de geler les fonds de la confrérie, et il a récemment dressé le bilan de ses activités. Depuis trois ans, les avoirs de 1 370 personnes ont été saisis, ainsi que ceux de 1 125 entreprises et organisations non gouvernementales. Ce sont au total 34 millions de dollars qui ont été saisis.
Réformes structurelles
Le gouvernement poursuit ses efforts pour consolider les finances publiques, en accord avec les recommandations des institutions financières internationales. Il entend réduire puis supprimer les subventions dans le secteur de l’énergie (carburant, électricité) pour se concentrer sur les subventions alimentaires et les programmes sociaux Takaful et Karama (Revue de presse – Économie, avril 2017), qui verront leur part augmenter dans le budget 2017-2018. À l’heure actuelle, les subventions ajoutées aux salaires des fonctionnaires représentent 48 % du budget de l’État.
L’introduction de la taxe sur la valeur ajoutée a permis une augmentation importante des revenus fiscaux du pays : l’État a récolté 21,3 milliards de livres de janvier à avril 2017, contre 15,2 milliards l’année précédente.
Prêts internationaux
Prêt du Fonds monétaire international
L’Égypte recevra la deuxième partie de la première tranche du prêt, soit 1,26 milliard de dollars, en juin. Le prêt total s’élève à 12 milliards de dollars et est versé en trois étapes (4 milliards de dollars à chaque fois). Cet échelonnement est un moyen de conditionner l’allocation des sommes versées à la mise en œuvre des réformes prônées par le Fonds. À ce titre, une délégation de l’institution, emmenée par Chis Jarvis, conseille le gouvernement égyptien et prend régulièrement le pouls de l’économie : elle a félicité et encouragé, lors de sa dernière visite, les efforts consentis par l’Égypte.
Banque mondiale
La Banque mondiale a attribué 200 millions de dollars au pays dans le cadre d’un nouveau programme de développement : il financera des formations qualifiantes, la rénovation et la restauration d’écoles et d’infrastructures de distribution des eaux.
Afreximbank
La Banque africaine d’import-export va prêter 300 millions de dollars à la Banque nationale d’Égypte, pour soutenir l’industrialisation et le développement des petites et moyennes entreprises égyptiennes.
Prêt du Japon pour financer la construction du « Grand Egyptian Museum »
Le président égyptien a accepté un prêt de 460 millions de dollars pour financer la construction du « Grand Egyptian Museum », situé à deux kilomètres des pyramides de Gizeh. La première phase du chantier devrait être inaugurée d’ici la fin de l’année.
Investissements
Nouvelle loi sur l’investissement
Le parlement égyptien a adopté une nouvelle loi sur l’investissement. Elle contient un volet de mesures visant à attirer les entreprises étrangères pour s’installer dans le pays, notamment dans les régions les plus pauvres : ainsi, un rabais de 50% sur les taxes sera appliqué aux investisseurs s’installant dans des zones peu développées. Le contexte économique est favorable puisque les investissements étrangers ont bondi de 39 % sur la période de juillet à décembre 2016.
Chine
La Chine continue d’investir dans le pays et les autorités égyptiennes ne se ménagent pas pour l’encourager. La ministre de l’Investissement, Sahar Nasr, s’est rendue à Pékin pour le Belt and road forum, elle espère notamment attirer en Égypte une partie des capitaux qui financeront la nouvelle route de la soie (Silk road found). Enfin l’entreprise Dongfang a signé un partenariat avec le ministère de la production militaire dans le domaine de la production d’électricité, il est question d’un transfert de technologies.
Arabie saoudite
L’Égypte entretient des liens économiques importants avec l’Arabie saoudite dans le cadre du Saudi-Egyptian business council : la ministre égyptienne de l’Investissement en a rencontré les principaux acteurs et a déclaré qu’ils entendaient porter les investissements saoudiens en Égypte à 51 milliards de dollars dans divers secteurs (agriculture, industrie, tourisme, énergie, immobilier, Zone économique du Canal de Suez).
Canal de Suez
Les revenus du canal se redressent progressivement : ils étaient de 853,7 millions de dollars pour la période de mars à avril, soit une hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Le directeur de l’Autorité du Canal de Suez attribue cette légère remontée à une politique de marketing flexible, concrètement des « offres promotionnelles et des bonus » offerts pour attirer et renforcer le trafic, i.e. une braderie des taxes de passage.
L’Égypte va lancer 30 projets à l’intérieur de la Zone économique du Canal de Suez, soit près de 20 milliards de dollars investis sur 23 millions de m² (6% de la superficie totale). On peut citer un complexe pétrochimique ou encore des usines de fabrication de panneaux solaires et d’éoliennes. De nombreux investisseurs étrangers ont déjà annoncé leur implantation sur le site, parmi lesquels Siemens, General electric et l’entreprise chinoise Dayun (Revue de presse – Économie des mois précédents).
Tourisme
Le bilan de l’activité pour le premier trimestre 2017 est paru et les chiffres sont encourageants : 1,7 million de touristes ont visité le pays, soit une augmentation de 51 % par rapport à l’année précédente. Ces visites ont généré 1,6 milliard de dollars de revenus. Les Allemands sont les plus nombreux, suivis par les Ukrainiens, les Saoudiens, les Chinois et enfin les Britanniques (malgré l’interdiction par leur pays des vols vers Charm el-Cheikh). Les autorités espèrent toujours se rapprocher de la fréquentation en 2010. Cette année-là, 14 millions de visiteurs s’étaient rendus en Égypte pour 11 milliards de dollars de revenus.
La compagnie allemande Lufthansa a augmenté ses vols hebdomadaires, de 29 à 33, pour suivre l’augmentation de la demande.
Par ailleurs, le gouvernement continue sa campagne de promotion à l’international. Une conférence s’est tenue en Chine le 20 mai avec comme ambition d’accueillir « un million de touristes chinois », tandis que le ministre du tourisme s’est rendu au Vatican après la visite du Pape François au Caire, pour promouvoir le tourisme religieux, qualifiant l’Égypte de « lieu du voyage de Jésus et de la Sainte famille ».
Pour les visiteurs arabes, des facilités d’obtention de visas ont été mises en place par le ministère. Cette mesure concerne les non-nationaux travaillant dans les pays du Golfe qui accompagnent les entrepreneurs arabes dans leurs voyages.
Banque Misr et Naeem Holding épinglés pour publicité mensongère
L’Autorité égyptienne de supervision financière est une institution financière chargée de réguler le marché financier non bancaire (marché de capitaux, bourse, etc.). Elle a récemment ordonné le retrait d’un panneau publicitaire « trompeur » installé pour le fonds d’investissement immobilier Naeem holding. L’affiche pouvait laisser croire que le fonds rémunérait ses clients avec des taux d’intérêts très attractifs de 26%, mais il s’agissait d’une superposition des chiffres 2 et 6.
Pierre Crésut