Ce numéro d’Egypte/Monde Arabe est consacré à la thématique des frontières dans la lignée du colloque international organisé à Assouan par le CEDEJ en janvier 2017 sur le thème « Frontières et recompositions territoriales au Moyen-Orient et au Sahel ». Il s’agit d’interroger les conséquences spatiales et territoriales des « Printemps arabes » ainsi que la place des espaces frontaliers dans un contexte post-2011. La vague contestataire amorcée en 2010/2011 dans les pays arabes a affecté les frontières allant, dans certains cas, jusqu’à remettre en cause certains cadres territoriaux hérités des périodes mandataire ou coloniale.
Conflits, guerre civile, interventions des armées étrangères, afflux de réfugiés, proclamation du califat et insécurité sur les frontières contribuent moins à redessiner la carte du Maghreb et du Moyen-Orient, qu’à ébranler les délimitations stato-nationales en tant que cadres d’exercice de la souveraineté étatique. Et c’est bien d’une région aux contours élargis dont il s’agit, car les marges sahélo-sahariennes, en particulier au Mali, au Nigeria ou au Cameroun, sont, elles aussi, agitées de soubresauts territoriaux, un nouveau cycle enclenché avec l’effondrement du régime de Kadhafi en 2011 et l’activisme recrudescent de groupes djihadistes au Sahel (AQMI, Mujao, Ansar ed dine, Boko Haram). L’intervention de troupes étrangères et le recours à des mercenaires se sont généralisés et banalisés ; beaucoup de zones périphériques et frontalières, souvent des espaces économiquement marginalisés et délaissés par les politiques d’équipement ou de développement, sont devenues des centres névralgiques investis par des groupes armés, y compris dans un objectif de captation des ressources liées aux trafics.
Ce numéro entend explorer le « tournant frontalier et territorial » au Moyen-Orient et au Sahel : cinq ans après la naissance de l’Etat du Soudan du Sud et le début des révoltes arabes, quel bilan dresser sur le plan territorial ? Quels processus de remodelage spatial sont en cours et comment les appréhender conceptuellement ? A partir des espaces frontaliers, quelle renégociation des relations entre Etat, société et territoire est décelable ? Comment sont gérés aux échelles micro et macro les espaces remodelés ou les zones frontalières ? Quels acteurs et quelles logiques politico-administratives s’affrontent ? Quelles représentations ou imaginaires territoriaux sont mobilisés ?
Ce numéro d’EMA se démarquera par sa focalisation sur une aire géographique régionale élargie au Sahel et par l’attention particulière portée aux processus de dé/re-territorialisation et à l’administration des espaces, plutôt qu’aux dynamiques de transgression frontalière.
L’objectif est de croiser les travaux au Moyen-Orient, au Maghreb et dans la zone sahélo-saharienne pour dépasser le clivage habituel entre l’Afrique subsaharienne d’un côté, et l’Afrique du Nord-Moyen-Orient, de l’autre : l’histoire longue, comme l’actualité, rappellent le caractère factice de cette scission, en particulier vue d’Egypte.
Les contributeurs, spécialistes du monde arabe et de l’Afrique subsaharienne venus d’horizons disciplinaires variés sont invités à proposer une analyse pour ce numéro spécial qui entend mêler approche théorique et travaux empiriques, de moyenne et longue durées, afin de fournir des clés de compréhension des changements territoriaux en cours.
Vos articles en français ou anglais, de 20 000 à 40 000 signes, accompagné d’un abstract de 150 mots et d’une courte biographie, doivent se conformer aux critères éditoriaux de la revue EMA détaillés à l’adresse suivante https://ema.revues.org/1717
Envoi à karine.bennafla@cedej-eg.org et daniel.meier@graduateinstitute.ch
Calendrier :
- Réception des articles : 1er juin 2017
- Evaluation et révision : 15 juillet 2017
- Publication : fin 2017