Politique intérieure
Nouvelles attaques contre la communauté copte
Le dimanche des rameaux a été marqué par deux attaques contre la communauté copte, entraînant la mort d’au moins quarante-cinq personnes. Elles ont toutes les deux été revendiquées par le groupe Province du Sinaï, affilié à l’Etat islamique en Égypte.
La première a eu lieu à Tanta, ville du Delta, à une centaine de kilomètres du Caire. Une bombe a explosé dans l’église Saint-Georges lors de la messe du 9 avril. Selon le journal Al Tahrir, une autre bombe avait été trouvée dans la même église, une semaine plus tôt. Cependant, les forces de sécurité étaient parvenues à la désamorcer. C’est le deuxième incident dans la ville en moins de 10 jours puisqu’une bombe avait déjà explosé le 31 mars devant un centre d’entraînement policier, blessant seize personnes.
Une deuxième attaque s’est produite le 9 avril à Alexandrie. Un homme s’est fait exploser au niveau des portiques de sécurité de l’église Saint Marc, lors du service. Le patriarche Thawadros II, présent à ce moment là, a été évacué sain et sauf.
Ces actes terroristes ciblant les coptes interviennent après l’attentat-suicide survenu en décembre dernier à l’église Saint-Pierre et Saint-Paul du Caire et revendiqué par Daesh. Vingt-neuf personnes avaient perdu la vie.
Alors que le Pape François doit se rendre en Egypte à la fin du mois, la question de la sécurité des églises continue de se poser. La communauté chrétienne ne cesse d’être l’objet de menaces et d’agressions de la part de l’Etat islamique qui l’accuse de soutenir le régime. Des voix s’élèvent pour dénoncer la persistance de failles sécuritaires dans la protection des lieux de culte chrétien.
Suite aux événements, le parlement égyptien a approuvé la mise en place de l’état d’urgence pour trois mois, en plus d’un amendement permettant la détention illimitée.
Droit de grève ?
Le Parlement égyptien étudie actuellement un nouveau projet de loi qui vise a rééquilibrer les rapports entre patrons et employés. Les 265 articles portent sur l’encadrement des congés, les heures de travail, les salaires et le droit à la grève. Il laisse en suspens de nombreuses interrogations, notamment à propos du droit de grève qui doit respecter certaines conditions. Le patron doit être prévenu dix jours à l’avance de la tenue de la grève. Celle-ci doit être organisée sous la houlette d’un syndicat. Le patron est autorisé à suspendre tous les droits salariaux des grévistes s’il le souhaite. Enfin ce droit n’est pas autorisé au sein des institutions qui proposent des services « vitaux » ou « stratégiques », sans définir véritablement ce qu’ils sont, laissant une marge d’interprétation. Sur le papier, le projet de loi propose un avancement social mais celui-ci reste extrêmement limité du fait des nombreuses contraintes imposées aux travailleurs.
Rejet du nouveau projet de loi sur l’autorité judiciaire
Six cent juges ont rejeté en bloc le nouveau projet de loi sur l’autorité judiciaire lors de l’Assemblée générale du Conseil d’État, lundi 3 avril. Le projet de loi avait été approuvé précédemment par le comité parlementaire constitutionnel et législatif égyptien. À la suite de ce vote favorable, plusieurs groupes, dont le Club des juges égyptiens se sont mobilisés et ont annoncé leur refus de l’application d’une telle loi, qui donne plus de prérogatives au Président de la République. Ainsi, ce dernier pourrait être habilité à nommer des chefs des conseils de la magistrature, parmi trois candidats proposés par chaque conseil, alors que l’ancienneté des magistrats était jusque-là l’unique mode de nomination.
Politique étrangère
Renforcement des relations entre la France et l’Égypte
Lors de la dernière semaine de mars, une délégation de cinq sénateurs français appartenant au groupe amitié France-Egypte s’est rendue au Caire pour rencontrer le Président égyptien ainsi que le président du Parlement et le ministre de l’Éducation. À l’occasion de ces rencontres, de nombreux projets ont été évoqués, parmi lesquels les réformes économiques, les questions démographiques, l’infrastructure du pays ou encore la corruption. Lors d’un point presse, les sénateurs ont insisté sur l’idée que l’Égypte est un interlocuteur majeur au Moyen-Orient et devait être considéré comme un acteur clef dans la stabilité du monde arabe.
Visite du Premier ministre libanais au Caire
Le Premier ministre libanais, Saad Al-Hariri, s’est rendu au Caire le 21 mars, pour une première visite officielle de trois jours. Il s’est entretenu avec le Président Al-Sissi de divers sujets dont le renforcement des relations bilatérales. Des accords sur l’échange d’informations entre les deux pays au nom de la lutte contre le terrorisme, ont également été signés. Par ailleurs, seize protocoles d’accord ont été conclus pour relancer les échanges commerciaux entre les deux pays. Les relations économiques entre les deux pays n’ont jamais été aussi importantes. En effet, la Banque Centrale d’Égypte affirme que les investissements en provenance du Liban ont atteint 69,9 millions de dollars en 2016, soit une hausse de 53,2 % en l’espace d’un an. En marge de sa visite, Al-Hariri a rencontré les deux principaux représentants religieux du pays, le grand imam d’Al-Azhar ainsi que le patriarche de l’Église copte, afin d’adresser un message de tolérance interreligieuse.
Discussions de l’Égypte avec l’OTAN
À la fin du mois de mars dernier, l’Égypte a fait un pas vers l’OTAN, dans l’objectif de développer les relations bilatérales, tant sur le plan politique que militaire. Un décret a été émis par le Président de la République afin de créer une mission diplomatique permanente auprès de l’OTAN. Ihab Fawzi a été nommé ambassadeur de l’Égypte au siège de l’OTAN à Bruxelles. Ce rapprochement s’explique par le désir de l’Égypte de recevoir un soutien de la coalition militaire dans sa lutte anti-terroriste dans le Sinaï, notamment à travers le partage d’informations relatives au terrorisme. Le pays pourra participer à la formulation de décisions concernant la région. Les autorités espèrent aussi avoir l’opportunité de bénéficier de livraisons d’armements plus modernes et d’entraînements militaires conjoints.
Pour l’OTAN, l’Égypte est un pays clef pour la stabilité de la région et la lutte contre le terrorisme. Cependant, certains spécialistes égyptiens restent sceptiques quant à l’efficacité d’un tel partenariat. En effet, l’OTAN s’intéresse davantage à la lutte anti-terroriste dans les zones pétrolifères de la Libye ou de l’Irak plutôt que dans le Sinaï. La création d’une coalition forte avec les autres pays arabes serait plus favorable à l’Égypte pour défendre au mieux les intérêts arabes et régionaux.
Le président égyptien se rend aux Etats-Unis
Le 3 avril dernier, Abdelfattah al-Sissi s’est rendu à Washington, suite à l’invitation reçue de la part de Donald Trump. Le Président égyptien s’est rendu dans la capitale américaine avec l’espoir d’obtenir une hausse de l’aide militaire ainsi qu’un soutien dans la lutte contre le terrorisme dans le Sinaï. Le président américain a laissé de côté les questions des violations des droits de l’Homme lors de cette rencontre. Les persécutions des journalistes, des femmes, des militants des droits de l’Homme, ainsi que les très nombreux prisonniers politiques, ont été une nouvelle fois passés sous silence.
P.S.