25 janvier 2017 : un non-évènement
Le jour de l’anniversaire de la révolution de 2011, dix-sept personnes ont été arrêtées à Alexandrie, à Tanta et au Caire, notamment des membres du parti social démocrate. La police a procédé à de nombreuses perquisitions, en particulier dans les quartiers de Downtown, Mounira et Garden City durant les semaines précédent l’événement.
L’Etat égyptien a également libéré 1280 prisonniers par décret présidentiel. Aucune manifestation n’a eu lieu et aucune organisation politique n’a appelé à descendre dans la rue.
Le mercredi 25 janvier a aussi été l’occasion de dresser le douloureux bilan des six années qui se sont écoulées. Les activistes de l’époque apparaissent résignés. D’aucuns évoquent même une situation actuelle pire qu’avant la révolution, notamment en matière de droits de l’homme.
Enfin, Mada Masr, revient sur l’une des seules réussites de la révolution de 2011 : le progrès dans la manière de considérer le harcèlement envers les femmes. Des changements progressifs se sont mis en place depuis la révolution : du développement de l’empathie envers les victimes jusqu’à la prise en compte du problème de manière transversale par l’ensemble des classes sociales, en passant par l’émergence d’une reconnaissance politique.
Santé
Dialogue entre les syndicats de l’industrie pharmaceutique et l’Etat
Depuis le début de l’année, les syndicats pharmaceutiques égyptiens expriment leurs inquiétudes quant au trop faible profit que les entreprises du secteur parviennent à dégager. La flottaison de la livre égyptienne, a entraîné une réduction des importations de médicaments produits à l’étranger ainsi que des importations de matières premières nécessaires à la production nationale. Le 6 février, la crise de médicaments découlant de cette situation a trouvé un terme pour les industriels. En effet, le ministre de la Santé, Ahmed Emad El-Din Rady, a fini par accepter les revendications des syndicats. Il a réactivé le décret 499 datant de 2012 et prévoyant une marge bénéficiaire de 15% sur les médicaments importés et de 23% sur les médicaments exportés.
Cette décision entraînera de fait une hausse des prix. Une délégation parlementaire devrait donc être créée pour fixer les prix des médicaments. Quant à la grève générale prévue le 12 février par les syndicats, elle n’a pas eu lieu.
Les militaires entrent dans l’industrie pharmaceutique
Le 22 janvier, le gouvernement égyptien a publié un décret autorisant les forces militaires égyptiennes à créer la « Compagnie Nationale Égyptienne Pharmaceutique ». Cette décision renforce encore le poids et l’emprise de l’armée dans l’économie égyptienne. Les conséquences sur la qualité, la circulation ou le prix des médicaments seront connues dans les prochaines semaines.
La malnutrition touche aussi (et surtout) les classes populaires
La malnutrition fait des ravages et a des conséquences désastreuses dans les milieux populaires égyptiens. D’après le nutritionniste Hassan Wassaf, il existe un lien entre malnutrition et faibles revenus. À cela s’ajoutent l’incompétence de certains médecins, l’inaction politique et de mauvaises habitudes alimentaires. Le taux d’obésité au sein de la population frôle 70%. Pour le nutritionniste le peuple égyptien est à la fois « en situation de sous-nutrition et obèse ».
Education
2016 : l’année des jeunes ?
Le 9 janvier 2016, cinq ans après la révolution, le Président Al-Sissi promettait de consacrer l’année 2016 aux “jeunes”. Selon les chiffres de 2015 de l’agence officielle de statistiques, le CAPMAS, 43,4% de la population égyptienne a entre 15 et 40 ans.
Le Président Al-Sissi a donné plusieurs conférences sur la jeunesse en 2016, et lancé le « Programme de leadership présidentiel » : programme d’éducation ouvert aux Égyptiens de moins de 30 ans. Toutefois, ce programme semble davantage chercher à former des cadres fidèles au régime qu’à régler le problème du chômage des jeunes. Selon le CAPMAS, 12,5% de la population active était au chômage fin 2016, dont 80% de jeunes entre 15 et 29 ans.
Le déclin de l’enseignement supérieur, la défaillance du modèle des universités publiques ou encore le manque d’investissement dans la formation professionnelle poussent ces étudiants à se tourner vers l’économie informelle. Quant aux mouvements étudiants, ils sont violemment réprimés, et meurent progressivement. La désillusion est à la fois politique et économique.
AUC augmente ses frais d’inscription
L’Université américaine va augmenter ses frais d’inscription de 30% d’ici l’année prochaine. L’AUC a annoncé avoir perdu beaucoup d’argent depuis novembre 2016 à cause de la dévaluation de la livre égyptienne. De nombreux étudiants ont protesté face à cette décision, bousculant l’image selon laquelle l’AUC ne serait peuplée que d’étudiants étrangers “riches”. En effet, la population de l’université a changé depuis quelques années, et de plus en plus d’étudiants égyptiens y sont inscrits grâce à des bourses.
Le +
- Football : Le 5 février, l’équipe nationale de football égyptienne s’est inclinée 2-1 face au Cameroun lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations. La finale se déroulait à Libreville, la capitale du Gabon, pays organisateur.
- Football : Le 11 février, la finale de la Supercoupe d’Égypte a opposé deux vieux rivaux : le club d’Al-Ahly et celui de Zamalek. Pour la première fois de son histoire dans cette compétition, Zamalek s’est imposé après la séance de tirs au but (3-1).
- La 48e édition du salon international du livre au Caire se tenait du 27 janvier au 10 février 2017. Au delà du bilan encourageant du salon (4 millions de visiteurs soit une augmentation de 40% par rapport à l’année dernière), cet événement littéraire a aussi permis d’évoquer les liens de plus en plus fragiles entre les jeunes et l’État sur le plan culturel.
AG & BF