POLITIQUE INTÉRIEURE
Attentat contre la cathédrale copte Al-Botrossiya
Le 11 décembre, vers 10h, une violente explosion ébranle la cathédrale copte Al-Botrossiya, située dans le quartier de Abbassiya, au Caire. Le bilan de l’attentat s’élève à 28 morts et des dizaines de blessés. La plupart des victimes sont des femmes et des enfants, le kamikaze s’étant fait exploser dans une partie de l’église réservée aux femmes. C’est le plus grave attentat qu’a connu la communauté copte depuis celui du 1er janvier 2011 contre une église à Alexandrie. Le Président s’est joint au patriarche copte, Tawadros II, lors de la cérémonie des funérailles et trois jours de deuil national ont été décrétés.
Un communiqué a été publié par le ministère de l’Intérieur donnant des renseignements détaillés sur le terroriste et les quatre suspects arrêtés. L’auteur de l’attaque, un jeune homme de 22 ans, a été identifié comme étant Mahmoud Shafiq Mohamad Moustapha. Celui-ci serait un membre du groupe terroriste Wilayat Sinaï (« Province du Sinaï ») et a été formé par le terroriste Adel Habara dans la péninsule arabique. Les suspects arrêtés appartiendraient au même groupe terroriste. L’attaque a été revendiquée par l’État islamique.
Certains groupes, comme l’Union des jeunes de Maspero, un mouvement créé après la révolution de 2011 par des jeunes coptes, ont manifesté devant la cathédrale pour dénoncer l’insuffisance des systèmes de sécurité et appeler à la destitution du ministre de l’Intérieur.
La plupart des experts s’accordent pour dire que cette attaque a pour but d’affaiblir le gouvernement en s’attaquant à ses principaux soutiens. Selon Gamal Assad, penseur copte, sa communauté paie pour son soutien à la révolution du 30 juin contre les Frères musulmans et contre le président issu de l’organisation des Frères musulmans Mohamed Morsi. Depuis la destitution de ce dernier en 2013, les coptes ont été pris pour cible à plusieurs reprises. On ne compte pas moins de 60 églises qui ont été attaquées, dont 37 incendiées ou endommagées, ainsi que des dizaines d’écoles, de maisons et de commerces coptes. Les organisations terroristes savent aussi qu’elles touchent un public à l’international en visant les chrétiens.
Selon les autorités, l’attentat serait également une réponse à la confirmation de la Cour de cassation de la condamnation à mort de Adel Habara, qui aurait dirigé le massacre de Rafah, en 2013.
Participation du président Al-Sissi à la messe de Noël copte
Près d’un mois après l’attentat qui a touché la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, le président Abdel-Fattah Al-Sissi a tenu à montrer sa solidarité avec la communauté copte en assistant à la messe de Noël, pour la troisième année consécutive, à la cathédrale Saint-Marc. La participation du président à la messe a été appréciée par les coptes, tout comme les mesures de sécurité mises en place : les grandes églises ont été équipées de portails électroniques et les fouilles ont été renforcées.
Dans son allocution, le Président s’est voulu rassurant envers les coptes, une communauté perçue comme un soutien du régime. Il a insisté sur l’unité nationale et a annoncé un don de 100 000 livres destiné à la construction d’une église et d’une mosquée dans la capitale. Il a aussi souligné la rapidité des travaux de reconstruction de la cathédrale Al-Botrossiya par l’armée, pour que les coptes puissent y célébrer les messes du 31 décembre et de Noël.
Nouvelles dispositions juridiques face au terrorisme
Suite à l’attentat du 11 décembre dernier, des appels au durcissement des peines contre les auteurs d’attentats terroristes se sont élevés. Le président du parlement, Ali Abdel-Al a ainsi déclaré que « face à cette vague terroriste, le parlement n’hésitera pas à modifier la Constitution, si nécessaire, pour déférer les terroristes devant les tribunaux militaires ». La commission des lois a été chargée d’étudier les modifications proposées par les députés sur le code de procédures pénales ainsi que sur les législations relatives au terrorisme.
Dans le but d’accélérer le jugement des personnes responsables d’actes terroristes, le gouvernement envisage d’amender le code de procédures pénales, ce qui soulève de vifs débats. Un comité a été formé afin de rédiger un projet d’amendement de la loi sur les procédures pénales. Afin de remédier à la lenteur des jugements, quelques députés ont fait la proposition d’inclure au code de procédures une clause permettant de déférer les terroristes devant des tribunaux militaires. Cependant l’adjonction de cette clause pose problème puisqu’elle irait à l’encontre de la Constitution. En effet, l’article 204 de celle-ci stipule qu’il est impossible que des civils soient jugés par des tribunaux militaires, hormis en cas d’une attaque directe contre des installations stratégiques. C’est pourquoi un député et membre de la commission des lois, Alaa Abdel-Moneim, voudrait élargir le sens d’« installations stratégiques » dans la loi no136 de 2014, dans le dessein d’inclure les lieux de culte.
Le gouvernement désire aussi modifier les procédures liées à l’audition des témoins. Ainsi, l’audition des témoins devrait devenir facultative et non obligatoire pour le tribunal. La dernière proposition se rapporte aux étapes du jugement. Jusqu’à présent, les procès liés aux affaires de terrorisme sont du ressort des tribunaux de première instance puis, en cas d’appel du jugement, du ressort de la Cour de cassation. Si celle-ci valide le recours, tout le procès doit être réexaminé par un autre tribunal. Par conséquent, le gouvernement propose de créer trois niveaux de jugement au lieu de deux : première instance, appel et cassation, tout en rendant le verdict de la Cour de cassation définitif.
Toutefois, les propositions soulèvent des débats houleux et des contestations, tant parmi les députés que parmi les milieux des droits de l’Homme. Si certains trouvent ces mesures indispensables au combat contre les terroristes, d’autres affirment que les lois actuelles sont assez dissuasives et que la lutte contre le terrorisme doit respecter la Constitution comme le principe de l’État civil et les libertés fondamentales. Ces mêmes voix trouvent absurde de mettre en place des lois restreignant trop les libertés et qui finiraient à long terme par être contre-productives en contribuant à grossir les rangs des groupes extrémistes.
POLITIQUE ÉTRANGÈRE
Les îles de Tiran et Sanafir resteront égyptiennes
La Haute Cour administrative a rejeté l’appel du gouvernement concernant la décision du tribunal administratif et a confirmé la souveraineté de l’Égypte sur les îles de la mer Rouge, Tiran et Sanafir. Néanmoins, la Haute Cour constitutionnelle a été chargée de se prononcer sur la compétence de la Haute Cour administrative dans cette affaire, afin de pouvoir éventuellement annuler son jugement. L’imbroglio juridique n’est donc pas encore terminé.
Médiations pacifiques d’Al-Azhar dans le conflit inter-religieux au Myanmar
Du 3 au 5 janvier, l’institution d’Al-Azhar a organisé une conférence, au cours de laquelle elle est parvenue à rassembler les protagonistes du conflit inter-religieux au Myanmar. Le but était de chercher des solutions entre les représentants de la majorité religieuse bouddhiste et la minorité musulmane des Rohingyas. L’initiative d’Al-Azhar a été saluée par de nombreux observateurs et laisse espérer le début d’une mobilisation d’une plus grande ampleur.
Visite officielle du Président biélorusse
Le Président de la Biélorussie, Lukashenko s’est rendu en Égypte le 15 janvier pour une visite officielle. Celle-ci a été l’occasion de renforcer les relation bilatérales entre l’Égypte et la Biélorussie. Des accords économiques et militaires ont été signés.
P.S.