TRANSPORTS
Les animaux de trait menacés au Caire ?
Le gouverneur du Caire, Atef Abdel Hamid, a annoncé fin novembre son désir de lancer un programme baptisé « Cairo Without Animal Carts ». Le programme a pour but la suppression des véhicules tractés par des animaux (âne, mule, cheval) dans les rues de la capitale. Il est également prévu que soit mis en place un soutien économique pour les propriétaires de ces animaux afin qu’ils puissent acheter un véhicule motorisé. Les nombreuses tentatives de supprimer les bêtes de trait dans la capitale ont pourtant toutes échoué jusqu’à présent (1973, 1987, 1999 et 2006), de même que dans les autres gouvernorats d’Égypte.
Le gouvernorat reproche à ces véhicules leur lenteur qui serait l’une des causes de l’obstruction du trafic et des accidents de la route. Par ailleurs, l’image que renvoie ces moyens de transports est considérée comme négative par le gouvernorat. Pourtant, comme le souligne Yahia Shawkat, urbaniste et co-fondateur de 10 Tooba, ce transport est plus écologique que les véhicules motorisés, et sans doute plus sûr du fait de sa lenteur. L’urbaniste regrette que ce programme vise une certaine catégorie de la population du Caire, « certains types de chariots – comme ceux utilisés pour le ramassage des ordures, le recyclage, les tanneries, les promenades de plaisance – [étant] généralement associés aux industries locales de certains quartiers ».
Un parfum français dans le métro cairote ?
Selon une source anonyme, l’entreprise française Alstom serait sur le point de remporter l’appel d’offre de la National Authority for Tunnel (NAT) pour fournir 64 nouvelles rames au métro du Caire. Les offres d’Alstom et de Korea’s Rotem, le seul autre concurrent, seraient encore en cours d’exam. La décision variera en fonction de la capacité des concurrents à apporter un financement à ce projet de 8,5 milliards de LE (environs 418 millions d’euros).
PLANIFICATION
Projet New Toshka
Le 1er décembre, les activistes nubiens qui manifestaient depuis plusieurs semaines leur opposition au gouvernement (voir Revue de presse Ville – novembre 2016), ont suspendu leurs protestations pour un mois.
Cette décision fait suite à une longue réunion qui s’est tenu le 30 novembre au Caire entre les activistes nubiens, le Premier ministre, Shérif Ismaïl, et le Président du Parlement, Ali Abdel-Aal. À l’issue de cette rencontre, les représentants de l’État ont accepté que soit formé un comité composé de membres du cabinet, de militants nubiens et du député Yassin Abdel Sabour du gouvernorat d’Assouan pour réviser les cartes d’aménagement de Toshka et Forkund et retirer les zones du projet. Le « New Valley Project » ou « Toshka Project » a pour objectif de construire un système de canaux d’irrigation dans la partie est du désert sud égyptien, notamment sur des terres considérées comme nubiennes par les manifestants.
Au cours de la réunion, les activistes nubiens ont également demandé l’amendement du décret présidentiel 444 qui désigne des zones frontalières du sud de l’Égypte comme des zones militaires. Cette question, considérée comme relevant de la « sécurité nationale », ne peut pas être discutée par le Parlement selon son président. Si les élus du peuple égyptien ne peuvent pas trancher sur les questions de sécurité de ceux qu’ils représentent, on peut s’interroger sur leur utilité.
Par ailleurs, huit activistes nubiens sont poursuivis pour avoir bloqué l’autoroute d’Assouan et brandi des banderoles.
Le Souk al-Ghomra s’enflamme
Un incendie a eu lieu le 26 novembre au Souk al-Ghomra, autour de la rue Sayeada Aisha, détruisant plusieurs allées. La cause de l’incendie, qui n’a pas fait de victime, n’a pas été déterminée. C’est la troisième fois qu’un incendie se déclenche dans ce marché. Déjà en juin et en septembre 2016, des événements semblables avaient eu lieu. Situé à proximité de la citadelle du Caire, ce marché est très actif le vendredi. Le nombre de vendeurs participant au marché est inconnu. Le Major General Magdy al-Shalagany, directeur du département de protection civile, met en cause des stocks de marchandises entreposées de manière non sécurisée.
New Héliopolis s’étend
La société égyptienne SODIC, spécialisée dans le développement immobilier, a passé un contrat avec les urbanistes américains Sasaki pour créer un plan d’aménagement pour 655 feddans (275 ha) à New Heliopolis, en partenariat avec la Heliopolis Company for Housing and Development.
BATIMENT
Destruction de la villa Gustav Aegeon
Située dans le quartier Wabour al-Mayah, dans le centre-ville d’Alexandrie, la villa Gustav Aegeon (ou Aghion), a été entièrement détruite début décembre 2016. Le propriétaire, Mohamed Hamed avait acquis la villa en 1998 dans le but de la détruire pour construire un tour à la place. Protégée par la loi 144/2006 qui stipule notamment qu’il « n’est pas permis de démolir des bâtiments ayant un style architectural unique en lien avec l’histoire nationale ou ayant un intérêt touristique », une bataille juridique est engagée par le propriétaire pour obtenir le droit de la démolir. Suite à une demande du gouverneur d’Alexandrie, Tarek al-Mahdy, le Premier ministre de l’époque, Hazem Beblawy, fait alors suspendre la démolition et classer le bâtiment comme bien archéologique public. Le propriétaire de la villa a cependant obtient la permission de la détruire en novembre 2014, sur décision de la Cour administrative. Il est fréquent, notamment à Alexandrie, que soit détruit des bâtiments dans le but de construire des immeubles. « La pression démographique […] est très forte. Un immeuble de dix étages abrite plus de monde qu’une villa », précise Yomna Borg, membre du collectif Save alex.
La villa avait été construite en 1922 par l’architecte français Auguste Perret, connu pour son travail avec le béton armé, visible notamment dans le centre-ville du Havre, en France. Pour Aboul Gheit, co-fondateur du collectif Save Alex, « c’est un exemple terrible de l’échec des pouvoirs publics à préserver nos trésors nationaux et notre patrimoine culturel ».
Le Grand Continental : démolition programmée
L’hôtel Grand Continental, situé place de l’opéra dans le centre-ville du Caire, sera démoli. Cet hôtel a été construit dans les années 1860 dans le cadre des célébrations d’inauguration du Canal de Suez en 1869. Situé en face du jardin botanique de l’Azbakiya, le Grand Continental est connu pour avoir hébergé T.E Lawrence et le roi Farouk.
Partiellement démoli lors de l’incendie de 1952, le bâtiment a par la suite souffert du tremblement de terre de 1992. En dépit des restaurations, l’hôtel perd sa clientèle et sombre doucement, au début des années 1990. L’ordre de démolition donné par les autorités du Caire répond à une demande de la compagnie étatique Egyptian General Company for Tourism and Hotels, propriétaire du bâtiment.
La destruction du bâtiment fait partie d’un projet d’un milliard de livres (50 millions d’euros), qui doit donner naissance à un nouvel hôtel et à un centre commercial. La façade actuelle sera préservée mais l’on ne sait pas quand la démolition débutera. Le bâtiment, répertorié comme monument architectural du Caire, n’est pas considéré comme un patrimoine protégé du fait des nombreuses transformations qu’il a subies suite à son endommagement.
Des ordres d’évacuation pour les bâtiments détériorés
Le gouverneur du Caire, Atef Abdel Hamid, a demandé à l’assemblée hebdomadaire de tous les maires et administrateurs de quartier d’étendre l’usage des ordres d’évacuation pour certains bâtiments délabrés. Cette mesure doit être mise en œuvre en collaboration avec l’Autorité générale pour le logement. Cette dernière est en charge du relogement provisoire des victimes d’effondrement de bâtiments.
La mosquée Ibn Khaldoun perd son minaret
La chute du minaret de la mosquée alexandrine provoquée par le vent a débouché sur un scandale. Face aux accusations de négligences, le Secrétaire général du Conseil suprême des antiquités (CSA), Mostafa Amin, a affirmé que la mosquée Ibn Khaldoun ne faisait pas partie de la liste des monuments archéologiques du CSA et que chute ne résultait donc pas d’un manquement du ministère des Antiquités. Il a, en revanche, rejeté la faute sur le ministère des Affaires religieuses.
Le mauvais temps de la fin décembre a également provoqué l’effondrement partiel de trois bâtiments à Alexandrie.
L’église St Pierre et St Paul restaurée
L’armée a annoncé le 31 décembre la fin des travaux de rénovation de l’église St Pierre et St Paul. L’église avait été visée par une attaque à la bombe le 11 décembre dernier, entraînant la mort de 24 personnes (Revue de presse société – décembre 2016).
ÉVÉNEMENTS
Retour à la vie pour le village de Cheikh Zoweid
Après une année d’exode, les habitants de Cheikh Zoweid, dans le nord du Sinaï, ont regagné leur village. En 2015, l’armée avait ordonné son évacuation pour des questions de sécurité, le village étant considéré comme situé trop près des zones d’activités d’un groupe affilié à l’État Islamique. Les 40 000 habitants avaient alors été relogés par le gouvernement, le temps de restaurer la sécurité.
Le 6 décembre, contrairement aux déclarations de l’armée, une explosion a eu lieu à Cheikh Zoweid contre un institut religieux affilié à Al-Azhar. Aucune victime n’est à déclarer.
Course à pied à Downtown
Le 2 décembre, a eu lieu la course à pied « Downtown Cairo – Geneva Run » co-organisée par le gouvernorat du Caire, l’ambassade suisse et le groupe « Cairo Runners ». La course a réuni plus de 1000 participants qui ont parcouru 4 km entre le Palais Abdeen et le Conseil suisse des arts à Garden City.
M.P.