Produits pharmaceutiques
L’Égypte subit une grave pénurie des médicaments, notamment ceux destinés aux traitements de la leucémie, des insuffisances rénales, du diabète et de l’hépatite C. Cette crise est autant due à une faible importation de médicaments qu’à l’arrêt de la production au sein du pays. La Chambre de l’industrie pharmaceutique, sous pression des compagnies pharmaceutiques étrangères, a approuvé la hausse du prix des médicaments pour les maladies non chroniques. Cependant, la définition de ce qui est considérée comme une maladie chronique reste vague. Reste donc à voir quels médicaments ne seront pas affectés par cette hausse.
À compter du 1er février, les prix des médicaments produits en Égypte et coûtant initialement entre 1 LE et 50 LE devraient augmenter de près de 50%. Cette hausse se fera graduellement, de 15% tous les six mois. Les médicaments coûtant de 50 LE à 100 LE (2,5 à 5 euros) connaîtront une hausse de 40%, quant aux médicaments coûtant plus de 100 LE, leurs prix devraient augmenter de 30%.
Un cabinet de recherche a été créé pour trouver une solution à la crise. Par ailleurs, 145 médicaments vont être importés par une compagnie sous contrat avec l’État, afin de soulager les personnes atteintes de maladies chroniques ou dans le besoin. Une campagne twitter a également été lancée pour inciter aux dons de médicaments.
Denrées alimentaires
Aliments de base
Le Premier ministre, Sherif Ismaïl, a annoncé une série de mesures visant à réduire l’impact de la flottaison de la livre sur les aliments de base. Les prix auxquels l’État achète les denrées de base aux agriculteurs ont augmenté. Le prix du blé est ainsi passé de 420 LE à 450 LE (22 à 25€) par arbid[1], celui du riz de 2300 à 3000 LE (120 à 150€) par ardib, et celle du sucre de 400 LE à 500 LE (21 à 26€) par ardib. Les importations des sociétés privées vont également être facilitées pour permettre un meilleur accès aux denrées de base. La levée des restrictions sur les importations marque cependant un tournant néfaste pour l’économie égyptienne. En effet, au lieu d’augmenter la production alimentaire au sein du pays, cette levée entraîne une plus forte dépendance envers le marché international. Cette solution n’est pas viable à long terme. L’exemption douanière de volaille russe en est un bon exemple. Soi-disant supposée combler le déficit de volaille dans le pays, cette exemption n’a fait que détruire l’industrie de volaille locale, incapable de garantir des prix compétitifs en raison de la hausse du prix du maïs. Sous la pression des producteurs de volaille locaux, cette exemption a été annulée début décembre.
Réforme du système de cartes de rationnement
Le système de cartes de rationnement qui permet un meilleur accès aux aliments de base pour les plus nécessiteux, sera réformé. Cette réforme destinée à limiter les abus se traduira par un contrôle resserré dans la délivrance des cartes. Plus de 21 millions de cartes sont aujourd’hui en circulation.
Augmentation des prix d’importations pour les biens non nécessaires
Le président Abdel Fattah al-Sissi a émis un décret présidentiel augmentant les tarifs des importations pour certains biens de consommation considérés comme non « nécessaires ». Cela concerne entre autres les bananes, les ananas, les abricots, le chewing-gum et la poudre de cacao avec sucre ajouté (la crise du sucre se poursuit, le prix du kilo ayant atteint 15 LE). Aucune indication n’a été fournie pour expliquer le choix des 364 biens concernés. La liste inclut également des parfums et produits cosmétiques, ainsi que des produits d’électroménager et de papeterie.
L’Égypte achète 235 000 tonnes de blé
L’Égypte, un des plus grands importateurs de blé, a réussi à négocier une réduction de 0,82€ par tonne lors d’un appel d’offre pour la vente de 235 000 tonnes. Ce rabais a été négociable grâce au surplus de blé produit mondialement et à une importante concession de la part de l’Égypte : le gouvernement a en effet décidé, fin septembre, de lever sa politique de tolérance zéro envers l’ergot, un champignon détecté dans certaines cargaisons, soi-disant inoffensif en petites doses. Cette mesure a été prise pour négocier un meilleur prix pour le blé, denrée de base et subventionnée par l’État. Alors que l’Autorité sur les produits d’approvisionnement affirme avoir des stocks pour cinq mois, depuis le flottement de la livre, le prix du blé ne fait qu’augmenter.
Énergie
Gaz
British Petroleum a acheté, fin novembre, 10% de la concession offshore de la compagnie italienne ENI en Égypte, pour 353 millions d’euros. L’achat comprend le champ gazier de Zohr découvert l’an passé par ENI et qui a un potentiel de 850 billions de mètres cubes de gaz. Ironie du marché, l’Egypte deviendrait le principal client de BP en achetant du gaz pourtant présent sur son territoire. Cette exploitation gazière pourrait avoir des conséquences environnementales. Un pipeline pétrolier a explosé dans le gouvernorat de Minya à deux reprises en une semaine.
Electricité
La France s’implique dans la gestion de l’énergie égyptienne. L’ambassadeur de France en Égypte, André Parant, a signé début décembre un accord de prêt (50 millions d’euros) avec la Ministre de la Coopération internationale pour rénover et améliorer le réseau électrique égyptien.
Pétrole
Suite à l’arrêt des livraisons de pétrole par la compagnie saoudienne Aramco, l’Égypte est en cours de négociations avec d’autres potentiels fournisseurs. L’approvisionnement auprès de l’Irak (Revue de presse Économie – décembre 2016) devrait commencer dans les prochains jours. Cependant, l’EGPC (Egyptian General Petroleum Corporation) a signé un contrat avec la State Oil Company (SOC) de la République d’Azerbaïdjan pour 2 millions de barils de pétrole non raffiné. L’EGOPC compte également renforcer ses relations avec la SOC à long terme, via des projets de coopération portant sur les infrastructures et la liquéfaction de gaz, ainsi que sur les matières pétrochimiques. L’Égypte s’est aussi tournée vers l’Allemagne, la Corée du Sud et la Chine pour développer un réseau électrique à base de charbon.
Énergies vertes
L’Égypte compte augmenter sa production d’énergies renouvelables de 12% à 20% avant 2020. Environ 615 millions d’euros seraient nécessaires pour fournir environ 400 mégawatts en énergie solaire. Le gouvernement s’est entendu avec l’entreprise Siemens pour qu’elle produise 21,9 gigawatts en énergie propre avant 2018, dont 870 mégawatts tirés de l’énergie éolienne, 2,5 gigawatts par énergie solaire et 1,3 gigawatts issus d’autres sources d’énergies renouvelables. L’Égypte espère produire 16% de son électricité par énergie solaire, 10% par énergie éolienne, 49% par pétrole et gaz, et 15% par charbon en 2022. Plusieurs compagnies égyptiennes cherchent à s’impliquer dans le secteur des énergies renouvelables.
Eau
L’ancien ministre de l’Agriculture, Ayman Farid Abu Hadid, a affirmé début décembre lors d’une conférence à l’université de Minya qu’une augmentation d’un degré de la température suffirait à endommager gravement le secteur agricole. L’Égypte serait l’un des pays les plus touchés par la crise de l’eau en 2050. Aujourd’hui, la disponibilité en eau par habitant est inférieure à 500 mètres cubes par an.
Début décembre, le président Sissi a reçu les ministres de cinq pays du bassin du Nil : le Soudan, la Tanzanie, l’Ouganda, le Soudan du Sud et le Burundi. Cette rencontre avait pour objectif de trouver des solutions viables aux pénuries imminentes d’eau et de renforcer la collaboration entre ces pays.
Le journal Al Masry al Youm a récemment publié la lettre d’un lecteur qui affirme que le projet du gouvernement égyptien d’importer un million de têtes de bétail, engendrera une dépense en eau gigantesque (plus de 15m3 d’eau par kilo de viande produit). On peut s’interroger sur la pertinence d’un tel projet d’importation, sachant par ailleurs que 4 millions de tonnes de blé pourraient être produits avec une quantité d’eau égale.
[1] Mesure de volume utilisée par les fermiers égyptiens. Un ardib représente environ 135 kg.
F.M.