Religion
Dimanche 11 décembre, vers dix heures du matin, une bombe a explosé dans l’église Saint Pierre et Saint Paul, adjacente à la Cathédrale Saint Marc (quartier Abbassia), l’un des plus vieux édifices coptes d’Egypte. L’attaque, revendiquée par l’État Islamique (Daesh), a fait vingt-quatre morts et quarante-neuf blessés. Le Président Al-Sissi a réagi en promettant la justice pour les victimes et en déclarant trois jours de deuil national. Il a également affirmé que le peuple égyptien dans son intégralité – musulmans et chrétiens – avait été touché par cette attaque terroriste.
La plus haute autorité islamique d’Égypte, le cheikh Ahmed El Tayeb, Grand Imam de la mosquée d’Al-Azhar, a condamné l’attaque et annulé les célébrations de l’anniversaire du Prophète.
Cette « union nationale » a été rompue par le Ministre de l’Intérieur égyptien, dès le lendemain, en établissant un lien entre l’organisation de l’attaque et une branche de la confrérie des Frères Musulmans.
Libertés des Organisations Non-Gouvernementales (ONG)
On en sait plus sur la loi d’encadrement des ONG adoptée le 29 novembre par le Parlement (Revue de presse Politique – décembre 2016). Les délibérations étaient secrètes et la conception du projet s’est faite parallèlement à un projet similaire soumis par le gouvernement au Conseil d’Etat en septembre. La nouvelle loi n’a pas été votée à l’unanimité, mais l’absence de système de vote électronique empêche de savoir combien de voix étaient contre.
Cette législation, qui s’inscrit dans la continuité des restrictions imposées aux ONG depuis plusieurs mois, crée par décret présidentiel l’Autorité Nationale pour la Réglementation des Organisations Non-Gouvernementales Etrangères. Celle-ci a pour objectif de contrôler le financement des ONG internationales. Cependant, son champ d’intervention ne se limite pas au domaine financier. Selon Mohamed Garby, journaliste et fondateur d’un « hôpital de charité », elle menace aussi l’action de nombreuses organisations qui s’efforcent de combler l’absence de services publics.
Le 15 novembre, six partis politiques et vingt-deux organisations de la société civile ont publié un texte rejetant le projet de loi, arguant que celui-ci « éradique de fait la société civile et confère la complète administration de celle-ci au gouvernement et à l’appareil de sécurité ».
Santé
VIH : une question de justice et d’égalité
En décembre, Madamasr a publié l’interview d’un activiste travaillant sur la question du VIH depuis une dizaine d’années en Égypte. Selon lui, le dialogue mis en place entre la société civile égyptienne, le ministère de la santé et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida s’est révélé fructueux. La société égyptienne ne semble pas devoir s’inquiéter d’une augmentation du virus. En revanche, en dépit de la multiplication des campagnes d’information et de prévention, la stigmatisation à l’égard des malades persiste. Bien que le VIH ne soit plus systématiquement associé à l’homosexualité comme par le passé, il reste perçu comme une maladie sale et contagieuse. Certaines personnes porteuses du virus refusent de recevoir les prestations de service qui leur sont dues pour ne pas subir les discriminations qu’impliquerait la révélation de la maladie à leur famille, ou à leurs collègues. Il n’est pas rare qu’une personne atteinte du sida soit licenciée ou malmenée sur son lieu de travail, ou privée de la garde de ses enfants. Un soutien juridique existe pour empêcher ce type de poursuites. La discrimination touche aussi le milieu médical, certains médecins refusant de traiter des patients séropositifs. Le VIH reste une problématique sanitaire, sociale et juridique.
La pénurie de médicaments devient critique
Une mission d’enquête a été organisée par le Parlement le 28 novembre afin de trouver une solution à la crise de médicaments. Les résultats se font encore attendre. Les prix des médicaments ne cessent d’augmenter depuis la dévaluation de novembre 2016, et ceux-ci sont de moins en moins disponibles en pharmacies (Revue de presse Économie – décembre 2016).
Selon Ahmed al-Ezaby, chef de la Fédération des industries égyptiennes Pharmaceuticals Division, le coût d’importation des composants nécessaire à la production locale de certains médicaments a augmenté de 100%, entraînant une hausse des coûts de production de 50% ces derniers mois. Il est de plus en plus difficile pour les pharmacies de trouver les médicaments essentiels.
Pour l’instant, le gouvernement égyptien maintient les prix fixes, mais cette solution n’est pas viable pour les fabricants égyptiens. De nombreuses entreprises ne produisent plus et menacent de fermer. En mai, le Conseil des ministres avait déjà approuvé une augmentation de 20% du prix des médicaments coûtant moins de 30 livres égyptiennes, afin de sauver l’industrie pharmaceutique et stimuler la production de médicaments en pénurie. Le marché noir profite de cette crise et de faux médicaments circulent.
Education
Les jeunes face au chômage : le « food truck » envahit les rues
Face au chômage, de nombreux jeunes diplômés ont décidé d’investir dans le « food truck » (restaurants mobiles destinés à la vente rapide d’aliments et de boissons). Le chômage des jeunes est un problème qui perdure en Egypte.
La vente ambulante de nourriture est un phénomène ancien, mais les jeunes hommes sont de plus en plus nombreux à s’y adonner. Considérant cette activité de rue comme « envahissant la voie publique » et « faussant la concurrence », le gouvernement tente d’y mettre un terme, alors que l’Égypte compte aujourd’hui environ 6 millions de marchands ambulants.
LE +
- L’actrice égyptienne, Zubaida Tharwat, est décédée à l’âge de 76 ans des suites d’une longue maladie. « La reine du romantisme » a tourné dans vingt-neuf films dont Hekayet Thalath Banat (L’histoire de trois filles) ou Bent 17, notamment avec Abdel Hamid Hafez et Omar Al-Sharif.
- Samedi 3 décembre, l’équipe nationale égyptienne féminine a remporté à Paris le championnat du monde de « squash » par équipe, à Paris, face aux Anglaises.
- Le Daily News Egypt s’interroge sur la possible disparition de la célébration « Al-Mawlid Al-Nabawi » à l’occasion de l’anniversaire du Prophète en raison des difficultés socio-économiques qui réduisent le pouvoir d’achat des Egyptiens, en particulier l’achat de nourriture. Initialement prévue le 12 décembre les célébrations ont été annulées par Al-Azhar suite à l’attentat contre l’église copte le 11 décembre.
AG & BF