Îles de Tiran et de Sanafir
Alors que le Président Al-Sissi avait annoncé, le mois dernier, la rétrocession à l’Arabie Saoudite des îles de Tiran et Sanafir, un tribunal administratif égyptien a annulé la décision ce 21 juin. Le gouvernement a fait appel de ce jugement.
Le choix de « rendre » ces îles avait provoqué d’importantes manifestations en avril, mobilisant plusieurs milliers d’Égyptiens dans les rues et sur les réseaux sociaux et suscitant plusieurs centaines d’arrestations (voir revue de presse politique – avril). D’après le “Front pour la Défense des Manifestants Égyptiens”, 1 277 personnes ont été arrêtées entre le 15 et le 27 avril dans le cadre de manifestations contre le transfert des îles. Même si 33 personnes ont récemment été acquittées, 577 personnes ont été appelées à comparaître suite à ces événements. Jusqu’à présent, 152 personnes ont reçu des peines allant de 2 à 5 ans de prison (dont 47 finalement levées), et tous ont été condamnés à des amendes de 100 000 LE (10 000€).
Dans le cadre de cet accord, l’Égypte a reçu fin mai 500 millions de dollars de l’Arabie Saoudite, soit le premier versement de l’aide de 2,5 milliards de dollars accordée par Riyad lors de la visite du président saoudien au Caire (lors de laquelle l’accord sur les îles avait été signé). Cette aide doit contribuer à soutenir le développement économique du pays, notamment dans le Sinaï, et à financer ses importations de pétrole.
Crash du vol MS804
Le 19 mai dernier, le vol Egypt Air MS804, parti de Paris en direction du Caire, s’est écrasé au large des côtes égyptiennes, provoquant la mort des 66 personnes à bord. La boîte noire, retrouvée le 16 juin, n’a pas encore permis d’identifier les causes et circonstances de l’événement. Bien que le Président Hollande ait appelé à ne pas tirer de conclusions hâtive, Sherif Fathi, ministre égyptien de l’Aviation, a affirmé que la cause la plus probable du crash serait une attaque terroriste.
Bahreïn
Le 20 juin, le Ministère des Affaires Étrangères égyptien a déclaré son soutien à la politique du gouvernement Bahreïni vis-à-vis des différentes « tentatives de déstabilisation de la paix sociale » ayant lieu actuellement. L’État du Golfe a récemment durcit son attitude envers les groupes d’opposition, interdisant notamment le premier parti d’opposition Al-Wefaq, et arrêtant plusieurs activistes.
Droits de l’Homme, liberté de la presse
Arrêtés lors d’un violent raid dans les locaux du syndicat le 29 mai dernier, le responsable du Syndicat de la presse, Yahia Kallash, ainsi que deux membres du conseil d’administration, Khaled Elbalshy et Gamal Abd el Reheem, sont toujours placés en détention. Leur procès a été repoussé plusieurs fois depuis ces arrestations. Les trois hommes sont accusés d’avoir abrité des suspects recherchés par la justice et d’avoir publié des informations menaçant la paix publique. Pointant du doigt cette affaire, Amnesty International a dénoncé un « revers inquiétant pour la liberté d’expression et l’attaque la plus terrible contre les médias qu’ait connu le pays depuis des décennies ». Une porte-parole de l’Union Européenne a également affirmé être inquiètequant à la dégradation de la situation des droits de l’homme et de la liberté de la presse en Égypte. Le ministre des Affaires Étrangères Sameh Shoukry et le président Sissi ont à plusieurs reprises rejeté ces accusations, affirmant également que ce n’était pas le rôle des autres pays de commenter l’état des droits de l’Homme en Égypte.
Concernant également les droits de l’Homme, le journal Al-Bidaya a rapporté qu’au cours du mois dernier, 1 258 peines de prison et peines de morts avaient été déclarées contre des civils dans des tribunaux militaires.
Corruption
Hesham Geneina, ancien chef de l’Autorité d’Audition Centrale (CAA) qui avait été renvoyé par le président Al-Sissi le 28 mars dernier (voir revue de presse politique – mars), est appelé à comparaitre devant les tribunaux pour diffamation. Chargé d’enquêter sur la corruption au sein de l’État, son rapport accablant lui avait valu de nombreuses critiques et son renvoi. Le Président du Parlement, Ali Abdel-Aal, a accusé des centres de recherche « antipatriotiques » de former les Parlementaires afin qu’ils « perturbent les autorités législatives égyptiennes et démolissent les institutions de l’État ».
Affaire Giulio Regeni
Alors que l’affaire Regeni demeure irrésolue depuis la mort du jeune universitaire en février dernier, ses parents ont été entendus par la Cour Européenne de Justice afin d’appeler les États européens au boycott de l’Égypte. Les relations entre l’Italie et l’Égypte sont particulièrement tendues depuis le meurtre de Regeni, d’autant plus que plusieurs voix se sont élevées et suspectent le régime égyptien de dissimuler des éléments de l’enquête (voir revue de presse politique – avril). Ce dernier nie toute implication de ses services de sécurité. Selon le Ministre des Affaires Étrangères italien, l’ambassadeur d’Italie en Égypte, rappelé en avril dernier, ne retournera pas au Caire. Néanmoins, les projets gaziers conjoints en Méditerranée se poursuivent entre les deux États.
Frères Musulmans
Le 18 juin, le président déchu et ex-leader des Frères Musulmans, Mohamed Morsi, a été condamné à la prison à vie, principalement dans le cadre de l’affaire d’espionnage avec le Qatar. Six personnes ont été condamnées à mort à ses côtés, dont 2 journalistes d’Al-Jazeera, Ibrahim Helal et Alaa Sablan, ainsi qu’Asmaa Al-Khatib, une journaliste au Rassd, journal associé au parti des Frères Musulmans. Morsi avait déjà été condamné à mort et à plusieurs peines de prisons longues lors de procès précédents (motifs : participation à l’évasion de prisonniers, collaboration avec le Hamas, le Hezbollah, la Garde révolutionnaire iranienne, complot pour organiser la tuerie des manifestations d’août 2013). Ces peines sont à l’heure actuelle encore en appel.
Fin mai, le Ministre de la Solidarité a annoncé la fermeture de 75 ONGs dans la province de Beheyra, du fait de « leurs liens avec l’organisation terroriste des Frères Musulmans ». Il a d’autre part annoncé la liquidation de 121 centres pour enfants « non autorisés », pour motif qu’ils leur manqueraient les équipements de base.
Société
Début juin, une étudiante est morte sous l’effet de la chaleur lors d’un examen à l’université d’Assiout. Les syndicats étudiants ont dénoncé la surpopulation et le manque d’équipement des universités, notamment critiques lors des rassemblements importants qu’induisent les examens. Ce scandale fait écho à la campagne de sensibilisation l’été dernier dans les hôpitaux publics, alimentée par des milliers de citoyens et de professionnels de santé. Cette campagne avait dénoncé, photos à l’appui, le manque d’hygiène et le mauvais entretiende ces bâtiments publics, et appelé l’État à agir.
M. D-G.