{{}}
RELIGION
Tensions communautaires
Des incidents intercommunautaires ont eu lieu en mai dans le gouvernorat de Minya en Moyenne-Egypte. Le 19 mai, une église a été attaquée et incendiée à El-Karm, un village au nord de Minya. Cette église, temporaire mais légale, existait de fait par l’absence de permission d’ouvrir la nouvelle église du village, construite pourtant en 2009. Les autorités religieuses ont tenté de réduire la tension. Le diocèse a notamment déclaré : « Coptes et musulmans vivent dans le village dans un esprit d’amitié et de coopération ». Ezzat Ibrahim, le directeur du centre égyptien pour les droits de l’Homme à Minya a demandé au gouvernement d’autoriser l’ouverture de la nouvelle église pour limiter le danger.
Au cours du mois, de fortes violences sectaires ont eu lieu à Minya où 30% de la population est chrétienne. Selon un communiqué de l’archevêque, les rumeurs d’une relation amoureuse entre un chrétien et une musulmane sont à la source des violences. Trois cent hommes armés ont attaqué sept maisons du village. La mère du jeune homme, âgée de 70 ans, a été attaquée, déshabillée, traînée dans les rues. Le gouverneur de Minya, Tarek Nasr, a accusé les Frères Musulmans « d’attiser les tensions sectaires avec des rumeurs », et a nié le lynchage en public de la mère du jeune chrétien, alors même que le Président Abdel Fattah Al-Sisi et son ministre de l’intérieur ont reconnu les faits.
Ce cas de figure n’est pas nouveau. En effet des cas de mariages mixtes ont déjà entraîné de tels incidents. Cela est notamment arrivé en juin 2011 à Imbaba où quinze personnes avaient trouvé la mort d’après Mada Masr. Le journal explique également que l’Etat n’intervient que rarement dans ce type de situation, privilégiant ainsi des sessions coutumières de réconciliation entre les différentes parties et les leaders religieux. Cependant, l’EIPR (Egyptian Initiative for Personal Rights) dénonce, à travers une étude réalisée en 2015, les violations des droits engendrées par ces réconciliations.
L’incident a été suivi de l’envoi d’une délégation de 40 personnes par Al-Azhar et de 20 prédicateurs par le ministre des fondations religieuses afin d’organiser un dialogue. Des sessions de réconciliations sont donc organisées pour résoudre le problème de manière extra-judiciaire. L’évêque Makaryous a critiqué cette initiative qui selon lui sert seulement de publicité et « à faire des photos ». Il a demandé à ce que la loi soit appliquée et les coupables jugés avant d’envisager tout rapprochement.
Quant au Président égyptien, il a promis une enquête poussée et a annoncé l’arrestation de dix suspects. Le gouvernement s’est également engagé à restaurer les maisons des victimes sous un mois. Abdel Fattah Al-Sisi a déclaré concernant la femme qui a été humiliée en public que : « préserver la dignité de la femme (en général) continuera d’être un engagement humain et national avant d’être légal et constitutionnel ». Cependant, la déclaration de l’archevêque de Minya contredit les propos du Président en affirmant que la police aurait rejeté la première plainte de la famille chrétienne qui s’était sentie menacée par des harcèlements.
Rencontre du Grand Imam d’Al Azhar et du Pape François
Le cheikh Ahmed Al-Tayeb et le pape François se sont rencontrés au Vatican le 23 mai dernier. Cet événement relance le dialogue entre les deux institutions après cinq années d’interruption. Les deux leaders religieux ont annoncé la tenue d’une conférence internationale pour la paix. Cette rencontre marquait la première réunion entre les leaders d’Al Azhar et du Vatican depuis 2000, lorsque Jean-Paul II s’était rendu à Al Azhar.
{{}}
SANTÉ
Selon une étude du CAPMAS (Central Agency for Public Mobilization and Statistics), l’espérance de vie des femmes est passée de 70,5 ans en 2009 à 72.9 ans en 2015.
Un article d’Al Ahram Weekly met en lumière la nécessité d’améliorer le système d’assurance pour les soins médicaux en Egypte. En effet, seulement 37 millions de personnes ont accès à une sécurité sociale ou à une assurance maladie. Le ministère de la Santé a donc décidé de proposer un projet de loi au Parlement. L’objectif annoncé est d’aider les citoyens avec les plus bas revenus en créant une nouvelle carte d’assurance pour les familles. Le projet de loi vise également à améliorer la qualité des hôpitaux en y effectuant des contrôles. La création de 135 nouveaux centres de soin a aussi été annoncée. L’objectif à terme est de fournir à l’ensemble de la population une couverture médicale basique.
L’espérance de vie des femmes est passée de 70,5 ans en 2009 à 72.9 ans en 2015
Toutefois, le projet de loi fait face à de nombreux opposants, notamment de la part du syndicat des docteurs qui critique certains aspects du texte depuis le début de son élaboration en 2015. Cependant, la dernière version amendée du projet, permet à présent de garantir une aide sociale plus large, offrant donc une meilleure protection sociale. Le syndicat a affirmé resté insatisfait quant à la définition, trop restreinte, des « gens qui ont besoin d’une assurance ».
Par ailleurs, au cours d’une rencontre avec le comité de la santé du Parlement, le ministre de la santé Ahmed Emad a fait part de certains problèmes qui affectent le système de soins égyptien, comme l’augmentation des prix des médicaments, la pénurie de lits dans les hôpitaux publics et la hausse des droits du personnel. Il a également dénoncé l’insuffisance du budget alloué à son secteur, tout comme le salaire des docteurs. Le ministre a donc demandé au Cabinet d’intervenir afin de respecter la Constitution qui accorde à chaque citoyen le droit à un traitement médical approprié.
Une excision tourne au drame
Une adolescente est décédée à Suez dans une clinique privée, dimanche 29 mai, après qu’un médecin ait pratiqué une opération d’excision (FGM – Femal Genital Mutilation). Ce fait divers rappelle que cette pratique est toujours très présente en Egypte malgré son interdiction depuis 2008. L’EIPR a demandé sans succès la mise en examen du praticien pour « blessure ayant causé la mort » plutôt que pour « homicide involontaire » comme dans les cas précédents. En effet, cela l’exposerait à un jugement plus sévère et qualifierait la situation de l’excision comme un crime.
L’ONU a condamné cet événement, bien que l’organisation reconnaisse une baisse du nombre de femmes excisées ces dernières années. Ainsi, une étude sur la santé et la démographie de 2014 constate une diminution de 13% du nombre d’excisions pratiquées sur les filles âgées de treize à quinze ans depuis 2008. Malgré cette baisse, les proportions générales restent très élevées avec 61% de filles ayant entre treize et quinze ans subi une excision en 2014 selon Mada Masr. La même étude indique également que 92% des femmes entre quinze et quarante-neuf ans sont excisées en Egypte, donnée appuyée par une récente étude statistique de l’UNICEF. L’Égypte occupe ainsi la 6ème place des pays qui pratiquent des FGM.
61% de filles ayant entre treize et quinze ans subi une excision en 2014
La mère de la fille et le médecin responsable sont poursuivis par l’Etat pour « homicide involontaire ». Les réactions dans le pays ont été multiples. Des membres du parlement ont demandé des investigations sur ce cas et sur la situation générale dans le pays. La loi en vigueur depuis 2008 expose un praticien qui effectue une excision à deux ans de prison et à 5000 livres égyptiennes d’amende. Cependant, la loi n’a été appliquée pour la première fois qu’en 2014. Le 7 février (journée contre le FGM) le ministre de la santé avait pourtant annoncé qu’il allait lancer une coalition de docteurs « Doctors against FGM » dont un des buts serait d’informer les familles.
L’UNICEF a lancé une initiative en Égypte avec le soutien d’Al Azhar et de l’Eglise Copte pour défendre les droits des enfants. En effet, 91% d’entre eux seraient soumis à une violence émotionnelle ou psychologique selon l’organisme des Nations-Unies. Nombre d’entre eux doivent travailler, ou sont victimes de harcèlement et de violence. Ce phénomène est d’autant plus important en Haute-Egypte ou dans les campagnes. Cette initiative consiste donc à publier des livres qui rassemblent des versets du Coran et de la Bible qui défendent les droits des enfants. Ces livres sont principalement destinés aux parents et aux responsables religieux afin de changer leurs visions des droits de l’enfant.
{{}}
DROITS DES FEMMES
L’institut Nazra pour les études féministes a créé un guide pour les jeunes qui lancent des initiatives féministes. Ce guide fait suite aux nombreuses initiatives qui défendent les droits des femmes depuis la révolution de 2011. Il se compose de deux parties : une première qui présente les concepts du féminisme et une seconde qui donne des conseils pratiques.
Le NPC (National Population Council) a lancé, en collaboration avec le mouvement des femmes égyptiennes avocates, une campagne qui s’intitule « My Right ». Elle vise à soutenir les femmes victimes de violences, à travers la mise en place de centre « My Right » dans les cours de première instance des tribunaux.
Des activistes qui militent pour la défense des femmes ont lancé une autre campagne sur les réseaux sociaux « Say No ». Cette campagne vise à combattre les violences dont sont victimes les femmes en attaquant les préjugés qui les touchent. Elle cible également les hommes afin d’avoir leur soutien pour faire changer les choses.
{{}}
CULTURE
La seconde conférence internationale sur Toutankhamon a eu lieu du 6 au 8 mai au musée national du Caire. Des débats très divisés ont eu lieu concernant la théorie de Nicholas Reeve qui défend qu’il y a une pièce cachée derrière un des murs du tombeau de Toutankhamon. Son équipe a utilisé une nouvelle technique de scanners fin mars pour sonder la tombe, mais elle reste divisée sur l’interprétation des résultats. L’ancien ministre des antiquités, Zahi Hawas, a, par ailleurs fortement critiqué la théorie selon laquelle la pièce cachée abriterait le tombeau de Nefertiti. Etant donné que celle-ci était mariée à Akhenaton qui s’était éloigné du polythéisme traditionnel, les prêtres n’auraient pas accepté qu’elle soit enterrée là-bas, d’après Hawas. Face aux incertitudes soulevées par la conférence, des scans plus précis vont être effectués avant toute intervention physique dans la tombe.
Annulation du transfert du pouvoir d’arrestation aux syndicats d’acteurs et de musiciens
En septembre et novembre derniers, le ministre de la justice Ahmed al Zend avait promulgué un décret qui déléguait le droit d’arrêter des membres de la profession à certains membres des syndicats d’acteurs et de musiciens. Ce décret avait été vivement critiqué par l’Association of Freedom of Thought and Expression ainsi que par l’Egyptian Center for Economic and Social Rights. En effet, il empêchait toute personne de pratiquer une activité artistique sans être affiliée à un syndicat. Or il a finalement été annulé par une cour administrative.
{{}}
EDUCATION
1 500 bourses chinoises
Après la première visite d’un président chinois depuis douze ans en janvier, le président Sissi a rencontré la vice-présidente Liu Yandong, le dimanche 24 mars, pour discuter des relations bilatérales, et tout particulièrement du domaine de l’éducation. Des projets ont été mis en place comme par exemple 1500 bourses d’études prévues pour les étudiants égyptiens qui souhaiteraient étudier en Chine dans les cinq prochaines années.
Lancement du premier fond d’investissement dédié à l’éducation
Mohamed Ashmawy a annoncé, au cours du Social Responsability Forum le 4 mai, le lancement par Tahya Misr du premier fond de bienfaisance pour l’éducation. Les objectifs sont de créer de nouvelles écoles dans chaque gouvernorat et de lancer un projet social dans les zones défavorisées et celles d’habitats informels. Le projet est en coopération avec le ministère de la solidarité sociale ainsi qu’avec la Nasser Social Bank.
A. L. et Q. P.