TRANSPORTS
Uber & Careem VS Taxi
La lutte des chauffeurs de taxi à l’encontre des utilisateurs des applications pour Smartphone Uber et Careem se poursuit. Depuis le lancement d’Uber en Égypte en novembre dernier, les chauffeurs de taxis ont intensifié leurs protestations. Grèves, guet-apens, toutes les solutions sont bonnes pour faire chuter la société américaine Uber et son équivalent au Moyen-Orient, la société dubaïote Careem.
Accusés de voler le travail des taxis sans payer les licences exigées pour les chauffeurs, les deux sociétés ont entamé des discussions avec le gouvernement égyptien pour éclaircir leur situation. Les gestionnaires de ces applications ont rappelé qu’elles s’acquittaient de taxes exigées par leur licence (entreprises technologiques). Comme aucune des deux sociétés n’est directement propriétaires des voitures, ces taxes diffèrent de celles payées par les taxis. Elles ont également souligné leur capacité à créer de l’emploi en Égypte et à offrir un service de qualité à leurs clients. Le succès d’Uber et Careem tient particulièrement au fait que leurs usagers se sentent plus en sécurité dans une voiture numérotée et plus confortablement installés. Ils apprécient aussi le fait de ne pas avoir à négocier le prix de la course comme c’est le cas avec les “taxis blancs”.
Face à ces tensions grandissantes, le gouvernement a opté pour la création d’un cadre-légal afin de maintenir ce service en Égypte. Le porte-parole du Premier ministre, a relevé l’importance de préserver cet unique type d’offre sur le marché égyptien. Les deux applications ont en revanche été priées de s’acquitter des impôts propres aux sociétés présentes sur le sol égyptien, quant aux chauffeurs qui utilisent ces applications, ils seront taxés pour l’emploi commercial de leur voiture privée.
Métro
Le gouvernement poursuit la construction de la troisième ligne de métro qui doit connecter Mohendessin à l’aéroport, en passant par Imbaba, Zamalek et Heliopolis. Quant aux lignes 4 et 5, l’Autorité Nationale des Tunnels (NAT) a accepté que la première phase du projet soit supervisée par un consortium comprenant : Nippon Koei Group, Nippon Civic, Occidental Oriental Consult, ACE and EHAF Consulting Engineers. La compagnie égyptienne Egyptian Construction Company a été chargée par la NAT de mettre en oeuvre la première phase de la quatrième ligne. La réalisation de cette phase se fera, dans un premier temps par la construction de cinq stations, puis de sept stations supplémentaires.
Par ailleurs, le ministre des Transports a fait savoir que le métro du Caire était en train de se doter de vingt nouvelles rames équipées d’air conditionné. Elles ont été acquises en Corée du Sud pour 2,2 milliards de livres égyptiennes. Les treize premières rames ont été livrées et huit d’entre elles sont déjà en service.
Afin d’améliorer le rendement de la première ligne de métro, la NAT a signé un accord avec le consortium réunissant Colas Rail et Alstom dans le but de construire une ligne parallèle entre les stations Marg et New Marg. Ces deux stations sont saturées ce qui affecte l’efficacité du métro. Les travaux devraient durer 24 mois, dont 2 mois d’essais. Le manque d’informations sur ce projet ne permet pas d’en comprendre la pertinence. On voit mal comment la construction d’une nouvelle ligne pourrait désengorger les stations.
Enfin, le ministre des Transports a annoncé la mise en place d’une amende de 100 LE pour toutes personnes transportant des bagages lourds. Cette décision, prise dans le but d’éviter le Encombrement des rames a cependant été très décriée, en particulier par les personnes se rendant en métro aux gares de Giza ou Ramsis pour prendre le train. Cette nouvelle réglementation s’ajoute à celle déjà mise en place le mois dernier interdisant les animaux de compagnie. M. El-Geoushy souhaite également faire interdire les valises à roulettes, les vélos, etc. Quant à la hausse du ticket de métro d’une livre annoncée le mois dernier, elle a été revue à la baisse. Elle ne devrait s’élever qu’à 50 piastres, le ticket de métro coûterait donc 1,5 LE.
Nile Taxi
Afin d’accélérer la mise en place de taxis fluviaux sur le Nil, le ministère des Transports a donné au Gouvernorat du Caire et au ministère du Développement local la possibilité de recourir aux embarcadères utilisés par les anciens “bus fluviaux”. Ces stations, vétustes, nécessitent d’être préalablement réaménagées afin d’accueillir les bus et les taxis fluviaux (Cf revue de presse sur la ville de Janvier/Février 2016).
Le directeur de l’Autorité des Transports égyptiens fluviaux, Reda Ismaïl, a affirmé que des essais avaient débutés en mars avec six taxis. Ils désservent quatre stations entre Maadi et la place Tahrir de 6h30 à 22h pour 5LE par station. Le nombre de bateaux devraient augmenter dans les trois prochains mois. À terme, le prix du ticket devrait se situer entre 15LE et 35LE par passager. Inauguré il y a deux semaines, le projet est censé décongestionner la ville en captant 5% de l’affluence des transports en communs et en réduisant de 10% le trafic routier (cf précédente revue de presse). Les prévisions estiment que près d’un million et demi de personnes par an pourraient emprunter ce moyen de transport. Une telle affluence devrait engendrer 15 millions de livres égyptiennes de bénéfices.
Ferries sur le Nil
L’Autorité du Canal de Suez (SCA) a annoncé le lancement de la construction de cinquante ferries pour le transport de passagers et de voitures à travers le Nil. Ce projet vise à remplacer les anciens ferries en circulation qui sont la source de nombreux accidents. En décembre dernier, le naufrage d’un ferry dans le Delta a entraîné la mort de quinze personnes. Un accident similaire a eu lieu en juin 2015 dans le district de Giza et s’est soldé également par le décès de quinze victimes. Ces drames ont été suivis par la suspension des ferries ne disposant pas de license en règle.
Bus Alexandrie
Les chauffeurs de bus alexandrins se sont mis en grève début mars. Ils revendiquent le paiement de leur bonus et la hausse du prix du ticket de bus, réduit “illégalement” il y a 7 mois selon eux. Après avoir épuisé tous les moyens légitimes, ils demandent la démission du directeur de l’Autorité des Transports Publics d’Alexandrie, Khaled Eleiwa.
HABITAT ET PLANIFICATION
Ard el-Lewa : un quartier informel à l’honneur
L’architecture du quartier informel d’Ard el-Lewa sera exposé dans le pavillon égyptien de la biennale de l’architecture qui se tiendra à Venise du 28 mai au 27 novembre. L’exposition a précédemment été présentée en Chine à la biennale d’urbanisme et d’architecture de Shenzhen qui s’est clos la semaine dernière. En Chine, le quartier égyptien était présenté sous le titre « Radical Cairo : From Agrarian Land to New Urban Forms in Cairo » dans la section « urbanisme radical » de la biennale.
Interrogée par le blog Cairobserver, l’architecte et urbaniste Charlotte Malterre-Barthes, espère que ces deux expositions pousseront le gouvernement à intégrer de tels espaces au reste de la ville. La praticienne lutte contre la mauvaise image qui colle à la peau des quartiers informels et pour une plus grande implication des architectes et urbanistes dans les zones de cet acabit. Elle décrit Ard el-Lewa comme un lieu « vivant, inclusif et inventif ». Ce quartier s’est développé rapidement sur des terres agricoles dans le district d’Imbaba, à l’ouest du Caire. C’est aujourd’hui une des zones d’habitation les plus peuplées de la capitale. En dépit de ses efforts, le gouvernement ne parvient pas à offrir des logements en nombre suffisant et à des prix abordables (cf précédente revue de presse), ce qui pousse les personnes les plus démunies à se tourner vers des habitations informelles.
Réhabilitation du quartier du 15 mai
En visite dans la communauté du 15 Mai, au sud du Caire, le vice-ministre du Logement chargé des quartiers pauvres et du développement urbain, Ahmed Adel Darwish,a annoncé la réhabilitation de la zone. Le projet concerne les infrastructures, l’approvisionnement en eau potable, le système d’évacuation d’eau usagées et l’éclairage public. Il sera financé avec l’aide du Fond italien pour le développement des bidonvilles et devrait coûter 30 millions de livres égyptiennes. Juché sur une colline, ce faubourg où vivent près de mille familles dans des conditions déplorables est spécialisé dans la collecte et le tri des déchets.
Accidents : effondrement bâtiments
La politique de laissez-aller du gouvernement à l’égard de la crise du logement continue de faire des vicitme (cf revue de presse janvier/février 2016). Le 13 mars dernier à Ismailia, un homme est décédé et 5 autres ont été blessées dans l’effondrement de trois bâtiments. À Alexandrie, une femme a trouvé la mort dans le quartier de Gherbal lors d’un accident similaire. Dans le quartier de Karmouz, ce sont trois constructions qui se sont écroulés le 11 mars. Ces accidents illustrent un des problèmes majeurs de logement en Égypte : l’obligation pour plus d’un million de personnes de vivre dans des bâtiments dangereux.
ESPACE PUBLIC
Surveillance
Selon le chef de la sécurité à la Chambre de Commerce du Caire, la demande d’installation de caméras de surveillance en Égypte est en perpétuelle augmentation (25% par an). Adel Emara à fait connaitre la volonté de l’Etat d’installer des caméras de vidéo surveillance dans les lieux les plus affluents. Cette mesure a pour objectif d’assurer une meilleure sécurité, notamment dans les centres commerciaux, les quartiers résidentiels, les entreprises et les magasins. Il y a six mois, le gouverneur du Caire, Galal Mostafa al-Saeed, avait déjà annoncé que la présence de caméras de surveillance deviendrait un pré-requis obligatoire pour obtenir une license pour les établissements industriels et touristiques. Selon l’Atlas de la sécurité, la croissance du marché de la sécurité répond à une menace terroriste de plus en plus forte. Le guide affirme que les dépenses sécuritaires au Moyen-Orient ont surpassées celles de l’Europe et de l’Asie pour la première fois en 2014.
NOUVELLE CAPITALE
Il y a un an, lors du sommet économique de Sharm el-Sheikh, le président Abdel Fattah al-Sisi avait annoncé la construction d’une nouvelle capitale administrative. Situé à l’est du Caire, le projet doit s’étendre sur 700 km2 pour un coût d’environ 45 milliards de dollars. Il devrait permettre selon son instigateur, de relancer l’économie. Le mois dernier, l’African Development Bank (AfDB) a annoncé son soutien financier à hauteur de 140 millions de dollars.
Le ministre du Logement, Moustafa Madbouly, s’est rendu en Chine, le 3 mars dernier, à la tête d’une délégation officielle pour rencontrer des entreprises et des banques désirants s’impliquer dans les méga projets égyptiens. Moustafa Madbouly a notamment rencontré les directeurs de la China State Construction Engineering Corporation(CSEC) pour discuter de la nouvelle capitale administrative, ainsi que du développement d’infractructures sanitaires dans les campagnes égyptiennes. Ce dernier projet, estimé à100 milliards de LE, doit concerner 85% des villages qui restent dépourvus de ces installations. Le ministre prévoit que la moitié de ces villages seront équipés d’ici trois ans.
Par ailleurs, la principale entreprise de construction égyptienne, Arab Contractors, a formé un consortium avec Petrojet et la CSEC pour développer le réseau d’infrastructures de la nouvelle capitale pour 2,5 milliards de LE. L’entreprise égyptienne étudie actuellement les offres de consortium des sous-traitants pour la construction de l’extension du réseau d’eau de la nouvelle capitale administrative. La compagnie à précisé que 90% des activités de construction seront confiées à des acteurs locaux. Les entreprises chinoises n’agiront que dans la construction de quatorze bâtiments gouvernementaux et d’un centre de conférence. Les travaux doivent commencer dans une semaine.
M. P.